Le 26 octobre 2019
Fiction hystérique et réactionnaire sur l’école, le film est vampirisé par la performance de son actrice principale.
- Réalisateur : Jean-Paul Lilienfeld
- Acteurs : Isabelle Adjani, Denis Podalydès, Jackie Berroyer, Yann Collette
- Genre : Drame, Téléfilm
- Nationalité : Français, Belge
- Editeur vidéo : Arte Vidéo
- Durée : 1h28mn
- Date de sortie : 25 mars 2009
Résumé : Sophie Bergerac est professeure de français dans un collège de banlieue. Au bord de la dépression depuis que son mari l’a quittée, elle entretient des rapports difficiles avec sa classe. Un jour, elle découvre une arme dans le sac d’un élève...
Notre avis : Contemporain du film Entre les murs, auquel il a souvent été confronté, pour délimiter une ligne de partage dans la querelle entre « républicains » et « pédagogues », La journée de la jupe est un étendard idéologique dont se sont saisis certains enseignants réactionnaires, qui ont vu, à travers la révolte d’une prof devenue complètement hystérique (et qui de mieux qu’Adjani dans cette fonction ?), la réponse rageusement salvatrice à des élèves devenus incontrôlables, de banlieue, ça va de soi. La prise d’otages, arme à la main, fonctionne selon deux modalités : la première configure une actrice qui tient en respect son public, pour qu’il la regarde dans un nouvel avatar de personnage excessif, lequel permet bien sûr une performance. Comme ces publics scolaires dits captifs, présents à des spectacles qu’ils n’ont pas choisis, nous devons subir le show d’une comédienne aux roulements d’yeux expressionnistes, qui transforme le burn-out de son héroïne en machine implacablement vindicative. La seconde lecture est symboliquement terrible : à ces sauvageons qui ne respectent décidément rien, on fera avaler la culture de force. Ils écouteront à plat ventre une enseignante redevenue magistrale, son classique à la main (Molière, en l’occurrence). Que la police et l’administration de l’établissement s’émeuvent de la situation ne change rien. Que le film oscille entre la farce énorme et le drame configuré en tragédie ne le débarrassera pas de son détestable message, dont le très courtois libellé serait : "infligeons une bonne leçon à ces apprenants qui nous importunent".
A sa sortie, le long métrage a été porté aux nues par les partisans intransigeants de l’instruction exclusive, corollairement pourfendeurs de l’élève au centre du dispositif pédagogique, nostalgiques d’une école mythifiée, Jean-Paul Brighelli en tête qui en fit un éloge mémorable. Cela n’étonne absolument pas : La journée de la jupe leur ressemble, dans le rapport de force qu’il légitime, avec un arrière-fond de vengeance, et dans son mépris global de la jeunesse.
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roger w 20 mars 2009
La journée de la jupe - la critique du film
Isabelle Adjani nous offre un grand moment de cinéma avec ce téléfilm qui met le doigt sur le malaise des banlieues. Montrant enfin ce que nos dirigeants aveugles refusent de voir, le cinéaste pose tous les problèmes avec maestria : la remise en cause de la laïcité, la peur des femmes dans les cités, la violence verbale et physique pratiquée par des jeunes ravalés au rang de bêtes sauvages incontrolables, et enfin la démission d’une hiérarchie scolaire qui préfère s’abriter derrière des statistiques bidon plutôt que de prendre les problèmes à bras le corps. Autant de dérives qui mèneront à coup sûr notre système éducatif à connaître des massacres dans les établissements comme il y en a aux States ou plus récemment en Allemagne. Et encore une fois, l’opinion sera étonnée... La société a les crimes qu’elle mérite.
Camille Lugan 13 avril 2009
La journée de la jupe - la critique du film
Tout bonnement indispensable. A partir d’un point de départ un peu "abracadabrantesque", le film se déploie avec force et crédibilité, en piquant au vif les faiblesses et les responsabilités de chacun dans les constats d’échec de l’éducation. Impossible de ressortir sans se trouver bouleversé et traversé de questions.
Norman06 11 février 2010
La journée de la jupe - la critique du film
Enfilant les clichés sur le système éducatif comme d’autre des perles, ce téléfilm surfant sur le succès de Entre les murs souffre d’un scénario rocambolesque avec coups de théâtre foireux, de seconds rôles hasardeux et de dialogues caricaturaux. Mais le dispositif a toutefois une indéniable efficacité narrative. Adjani offre une composition étonnante, passé le choc de sa métamorphose physique.
vanhzexen 18 mars 2014
La journée de la jupe - la critique du film
Que le début de ce film est anxiogène !
Cette meute d’élève prête à se nourrir de cette prof de français dans l’exercice de ses fonctions est abominable.
On reste scotché par tant de réalisme car il suffit d’avoir fréquenté l’univers de ces élèves pour en reconnaître la véracité de leur actes, de leur langage et de leurs attitudes.
Adjani joue avec une fabuleuse conviction. Tantôt perdue, tantôt exaspérée elle porte le propos du film qui reste toujours d’actualité.
Une tragédie sociale dénonciatrice qui loin d’être parfaite se focalise sur sa mission principale : alerter !
catA 19 novembre 2019
La journée de la jupe - la critique du film
Un film comme une claque. Ceux qui y voient une incitation à la haine ou pire à un enseignement au gun n’ont pas saisi l’intérêt du film : mettre en images un désarroi. Je n’ai pas revu ce téléfilm depuis sa sortie mais si je me souviens de certaines maladresses, je retiens la force. Personne ne pense que tous les élèves sont comme cela. Ni, heureusement, que tous les profs en arrivent là. A regarder plutôt comme un cauchemar, avec tout ce qu’il recèle de vérité.