La grande évasion - John Sturges - critique

Critique : Trois ans après l’immense succès du mythique western Les sept mercenaires, John Sturges signe un classique du film de guerre, adapté du récit de Paul Brickhill, qui raconte l’évasion du camp de prisonniers Stalag Luft III, en Basse-Silésie, organisée par des dizaines de pilotes d’avions (soixante-seize échappés sur les deux cents prévus). Nanti d’un considérable budget de quatre millions de dollars, bénéficiant d’un tournage peu dispendieux dans un véritable stalag à Munich, ce pur divertissement a pu capitaliser sur un casting quatre étoiles, avec trois acteurs déjà repérés dans l’adaptation américaine du film de Kurosawa - Steve McQueen, Charles Bronson et James Coburn - ainsi qu’une autre pointure, associée au même long métrage, le compositeur Elmer Bernstein qui signe une partition mémorable.
D’autres comédiens complètent la distribution, tous excellents, qui occupent des seconds rôles complètement accordés à la structuration de l’histoire. Celle-ci est émaillée d’intrigues principales et d’événements secondaires tout aussi intéressants. Les différents éléments s’imbriquent de manière très efficace, la longueur de cette production (2h45) ne constituant absolument pas un handicap, car il n’y a globalement aucun temps mort. Le spectateur est complètement immergé dans les préparatifs de l’évasion, suit avec attention le rôle dévolu à chaque personnage dans cette entreprise. L’importance accordée à l’enchaînement des faits ne sacrifie jamais la caractérisation psychologique des protagonistes, leur variété allant de pair avec celle des registres, puisque le film privilégie à la fois une tonalité globalement humoristique, tout en se focalisant sur des moments régulièrement dramatiques, au sens le plus grec du terme.
Si les incessants allers-retours de Virgil Hilts au "frigo" font sourire, si l’insolente décontraction du même, indissociable de McQueen, acteur le plus "cool" du monde, a largement contribué au succès de ce long métrage, on ne saurait oublier que le creusement des tunnels offre quelques scènes qui constituent des modèles de tension, parvenant à nous rendre aussi claustrophobes que le personnage de Daniel Wellinski, le "Tunnel king" de l’histoire.
Rythmé par un très bon suspense, le long métrage offre aussi un final mémorable de fuite à moto, avec un saut de la clôture du camp qui fera fantasmer des générations de bikers et contribuera à forger la légende de l’acteur Steve McQueen, devenu définitivement une star après le triomphe de La grande évasion.