Les Palmes d’or
Le 18 juillet 2024
La fresque d’une vie qui n’est douce que par euphémisme : flamboyant et lucide, du très grand cinéma.
- Réalisateur : Federico Fellini
- Acteurs : Anouk Aimée, Marcello Mastroianni, Anita Ekberg, Alain Cuny, Yvonne Furneaux, Magali Noël, Valeria Ciangottini, Riccardo Garrone, Annibale Ninchi, Lex Barker, Polidor , Nadia Gray, Jacques Sernas
- Genre : Comédie dramatique, Noir et blanc
- Nationalité : Italien
- Distributeur : Pathé Consortium Cinéma
- Editeur vidéo : Gaumont/Columbia/Tristar Home Video
- Durée : 2h58mn
- Date télé : 9 juillet 2021 20:40
- Chaîne : OCS Géants
- Reprise: 16 juillet 2014
- Box-office : 2 301 862 entrées France / 701 055 entrées Paris Périphérie / 2 956 094 entrées France au 31/08/2010
- Date de sortie : 11 mai 1960
- Festival : Festival de Cannes 1960
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Résumé : L’errance d’un journaliste de la chronique mondaine dans une Rome vouée au plaisir.
PALME D’OR, Cannes 1960
Critique : "Ce sentiment d’émerveillement, de stupeur ravie, d’incrédulité que l’on éprouve devant les créatures exceptionnelles comme la girafe, l’éléphant, le baobab", Fellini raconte l’avoir ressenti [1] lorsqu’il rencontre pour la première fois Anita Ekberg. Il prétend de plus qu’elle est "phosphorescente". Qualificatif bien fellinien dans son exagération et sa poésie, mais ô combien pertinent au souvenir des images qui se sont imprimées dans notre rétine. Anita flamboyante de blancheur dans sa robe noire, paumée du petit matin dans la fontaine de Trevi, ou déguisée en cardinal sur la terrasse de Saint-Pierre (énorme scandale à L’Osservatore Romano, le journal du Vatican, on parlera de brûler le négatif, de retirer son passeport à Fellini...).
Anita Ekberg est Sylvia, la star, personnage fellinien emblématique, à la fois ange, mère et démon au milieu d’une Rome en pleine déliquescence, dont le cœur faisandé bat sur quelques centaines de mètres, la courbe de la via Veneto. Et dont la nuit est scandée par des fêtes où se pressent faune interlope, vedettes en toc et aristocratie rescapée du fascisme. Faux miracles, faux intellos, vraie débauche, vraie dépravation, perversion, décadence et bacchanales en tous genres sous les flashes des paparazzi. En contrepoint, le mal de vivre de Marcello le journaliste, homme faible, porté par les événements, sans prise sur sa vie, abandonné par ceux qui comptent un peu pour lui (son meilleur ami se suicide, son père est victime d’une crise cardiaque dans les bras d’une prostituée) jusqu’à l’inoubliable dernière scène par un matin blême sur la plage d’Ostie. Image d’espoir et de réconciliation ou image de regret et de jamais plus ? Fellini laisse la porte ouverte à toutes les interprétations en attardant sa caméra sur un visage de jeune fille à la pure beauté botticellienne.
Radioscopie d’une époque en perdition, loin d’emboucher les trompettes moralisatrices (évidemment Fellini ne serait plus Fellini s’il entrait dans ce jeu-là), La dolce vita est un constat désenchanté, fébrile et bourré d’inquiétude. Un film gueule de bois, lucide et dérangeant. La mort est là, en trame omniprésente, le temps qui passe et le questionnement sur le sens de l’existence sous-entendus en permanence. En dehors du décryptage que chacun peut en faire, cette fresque d’une vie qui n’est douce que par euphémisme restera dans l’histoire du septième art comme le film de maturité de Fellini, celui où il inaugure et maîtrise - avec quel brio - le langage si personnel qui sera désormais sa marque de fabrique. Scénario déstructuré, perfection du noir et blanc, scènes d’anthologie, outrances contrôlées, beauté formelle éblouissante, sans oublier la musique lancinante de Nino Rota. Du très grand cinéma.
[1] Dans Fellini par Fellini, Entretiens avec Giovanni Grazzini, Calmann-Lévy, 1984
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