Le 21 février 2016
Un western efficace mais aussi une réflexion sensible sur le racisme
- Réalisateur : Delmer Daves
- Acteurs : Richard Widmark, Susan Kohner, Tommy Rettig, Felicia Farr
- Genre : Western
- Nationalité : Américain
- Editeur vidéo : Sidonis Calysta
- Durée : 1h38mn
- Titre original : The last wagon
- Date de sortie : 22 avril 1957
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– Sortie Blu-ray le 29 février 2016
Un western efficace mais aussi une réflexion sensible sur le racisme.
L’argument : Todd, coupable de deux assassinats, est prisonnier d’un shérif très violent du nom de Bull Harper. Un convoi de pionniers croisant leur route prend la défense de Todd qui en profite pour tuer son bourreau. Toutefois, ils décident de le livrer à la justice comme prévu au départ. Mais des Apaches attaquent le campement et les survivants vont devoir s’en remettre à Todd pour arriver sains et saufs à destination.
Notre avis : Au sens que donnait Bazin à cette expression, La dernière Caravane est un sur-western, c’est à dire un western chargé d’une dimension supplémentaire : certes l’intrigue, solidement construite, est passionnante et brasse des thèmes classiques (initiation, vengeance, rôle de la nature), mais elle offre aussi une réflexion sur le racisme et l’intolérance qui, si elle avait déjà été traitée, trouve ici une nouvelle vigueur. En créant le personnage de Todd le Comanche remarquablement interprété par Richard Widmark, Delmer Daves concrétise une abstraction ; il le confronte à six jeunes gens, dont deux hostiles, et montre comment, par l’action, on peut faire évoluer des mentalités. Cela ne va pas sans simplisme : la séquence du tribunal est aussi invraisemblable que mièvre et on peut ne pas partager le goût de Tavernier pour ce moment bavard.
Mais le reste est impeccable : de la première séquence, muette et sèche, dans laquelle Todd tue ses poursuivants avant de se faire capturer, à de nombreuses scènes qui magnifient des décors naturels somptueux, l’efficacité de Daves et son sens de l’espace et du cadrage font merveille.
Il sait également diriger des acteurs sobres et justes, jusqu’au petit Billy, à la recherche d’une figure paternelle. Il faut dire que les dialogues qui leur sont offerts, sans être brillants, sont pour la plupart efficaces et visent l’essentiel. Ce qui permet, entre deux scènes d’action fulgurantes, de montrer l’évolution des personnages. Valinda, en particulier, la jeune raciste demi-sœur d’une Indienne, passe d’un statut de tête à claques (elle en reçoit trois pour notre plus grand plaisir) à celui de femme réfléchie à la suite d’une morsure de serpent. Mais c’est surtout le personnage de Todd, sans aucun doute le mieux écrit, qui fait la richesse du film : capable de violence, il est celui qui sait, celui qui est à l’aise dans la nature et en utilise les richesses. Daves excelle à le cadrer dans les paysages rocailleux, lui accordant une stature exceptionnelle. C’est aussi par le retard de la révélation (le meurtre de sa famille) qu’il parvient à lui donner son épaisseur. Évidemment, les autres souffrent un peu de cette prééminence, mais le cinéaste offre de belles scènes à Felicia Farr (la délicatesse de le nuit d’amour ravit).
Si l’on prend grand plaisir à suivre les péripéties du groupe, et certaines sont originales (Billy dans la rivière, par exemple), on est conquis par l’habileté avec laquelle Daves réfléchit sur l’antagonisme entre sauvage et civilisé : démasquant les préjugés comme les ridicules (Valinda en maillot ou le jeune fier de tuer un serpent), il s’attaque aussi à la justice et à la vengeance « légale », celle qui permet de pendre un assassin mais condamne son meurtre. On voit de quel côté penche le cœur du cinéaste, qui suit son personnage de près avec un respect sensible.
Daves est un grand auteur de westerns : il connaît son métier, sait charpenter un scénario. Si La dernière Caravane n’est pas son meilleur, il possède assez d’atouts pour ravir de nouvelles générations et, comme le sous-entend Patrick Brion, faire rêver mélancoliquement les adorateurs de cette époque.
Les suppléments :
L’inévitable bande-annonce s’accompagne de deux entretiens avec les fidèles de la collection : Bertrand Tavernier s’attache aux thèmes et aux acteurs avec sa gourmandise habituelle mêlée de souvenirs personnels (27 minutes) tandis que Patrick Brion évoque les différents westerns de Daves.
L’image :
Le Blu-ray rend justice à la beauté de l’image : du grain de la peau à la couleur des rochers, des feuillages au torrent, c’est un régal visuel à peine terni par de micro-parasites au reste peu nombreux.
Le son :
Les deux pistes proposées (DTS-HD 2.0 anglais et français) offrent, dans les limites de la technique de l’époque, un rendu exceptionnel : la musique, les dialogues, les bruitages sont remarquablement retravaillés. La VF est cependant en-deçà
.
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