Sepultura
Le 4 février 2016
Fable qui encapsule avec brio la paranoïa anti-communiste rampante de l’Amérique des années 50, ce thriller, emballé sur mesure par le dur-à-cuire Don Siegel, a donné naissance à un bien bel héritage.
- Réalisateur : Don Siegel
- Acteurs : Kevin McCarthy, King Donovan, Carolyn Jones, Dana Wynter, Larry Gates
- Genre : Science-fiction, Thriller, Noir et blanc
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Théâtre du Temple
- Durée : 1h20mn
- Reprise: 14 janvier 2015
- Titre original : Invasion of the Body Snatchers
- Date de sortie : 8 novembre 1967
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– Année de production : 1956
Résumé : Des habitants d’une petite ville des États-Unis sont victimes d’une étrange psychose et prétendent que des membres de leur famille ou leurs amis ont été dépossédés de leur identité...
- © Action Cinémas / Théâtre du Temple / Walter Wanger Productions
Critique : Satire bien affûtée de son époque, L’invasion des profanateurs de sépultures est une adaptation d’un roman de Jack Finney sorti deux ans plus tôt, réalisée par le roublard Don Siegel, futur auteur de L’Inspecteur Harry. Un film qui marque le début d’une longue tradition de science-fiction, car ce concept tout droit sorti d’un épisode de La Quatrième dimension a été adapté pas moins de quatre fois depuis sa parution. Si la version de 1978 signée Philip Kaufman est un vrai chef-d’œuvre et sans aucun doute le meilleur film du lot, le long-métrage qui nous intéresse a l’avantage de bénéficier d’un timing parfait. En effet, dans l’Amérique des années 50, alors sous la coupe du maccarthysme et de la peur rouge, l’imaginaire et la métaphore étaient les meilleures armes des cinéastes voulant outrepasser la censure pour se moquer ouvertement de l’état de leur société. Un milieu propice pour un film reposant entièrement sur la paranoïa, la peur de l’autre et une invasion invisible.
- © Action Cinémas / Théâtre du Temple / Walter Wanger Productions
Pourtant, la malice du scénario vient de la façon avec laquelle il reste délibérément libre d’interprétation. Le film de Don Siegel dénonce-t-il le communisme et sa vile corruption des valeurs américaines, ou se moque-t-il de la bien-pensance faisandée de McCarthy et ses alliés ? C’est selon, car si l’on sait que Don Siegel penchait du côté du conservatisme (cf les aventures de Harry Callahan), le scénario de Daniel Mainwaring prend bien la peine de souligner le fait que l’une des premières victimes de l’invasion est un écrivain et scénariste, allusion évidente à Dalton Trumbo et à bien d’autres auteurs de l’époque, victimes de la censure et blacklistés.
- © Action Cinémas / Théâtre du Temple / Walter Wanger Productions
Don Siegel est un réalisateur qui ne fait jamais de fioritures et cela se ressent particulièrement ici. Si visuellement le film n’impressionne guère, le cinéaste délivre un thriller haletant et bref, qui n’a rien perdu de son efficacité aujourd’hui et tient toujours en halène. Le sort forcément sordide qui attend le malheureux docteur Bennell, campé par l’excellent Kevin McCarthy, est raconté via un dispositif de flash-back qui annonce dès le départ que le film est une fuite en avant, une bataille perdue d’avance. Dommage, car la merveilleuse Dana Wynter, au charme vénéneux, aurait bien mérité qu’on la sauve. À noter que si l’acteur principal est bien le cousin d’un sénateur McCarthy, il s’agit d’Eugene McCarthy et non du tristement célèbre Joseph McCarthy, avec lequel il n’entretient aucun lien de parenté. Dommage, la satire n’en aurait été que plus mordante...
- © Action Cinémas / Théâtre du Temple / Walter Wanger Productions
Au panthéon des grands films de science-fiction métaphoriques des années 50, L’invasion des profanateurs de sépultures (qui, au passage, ne profanent aucune sépulture dans le film, merci les traducteurs français !), trône un peu en dessous du Jour où la Terre s’arrêta du grand Robert Wise et de La Quatrième dimension de Rod Sterling, mais n’en reste pas moins un joli classique qui sera transformé en chef d’œuvre en 1978, avant d’être bizarrement repris par Abel Ferrara dans son ovni de 1993 et par Oliver Hirschbiegel en 2007 avec Invasion, seul ratage du lot. Bref, un joli héritage malgré tout pour ce classique de la paranoïa sur pellicule.
- © Action Cinémas / Théâtre du Temple / Walter Wanger Productions
- © Action Cinémas / Théâtre du Temple / Walter Wanger Productions
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