Le 8 octobre 2014
Un huis-clos intéressant centré autour de deux personnages adolescents, dans le Naples populaire et misérable d’aujourd’hui. Un film à l’état de promesse, qui se dilue peu à peu dans des enjeux dramatiques mineurs.
- Réalisateur : Leonardo Di Costanzo
- Acteurs : Francesca Riso, Alessio Gallo, Carmine Paternoster
- Genre : Drame
- Nationalité : Allemand, Italien, Suisse
- Durée : 1h30mn
- Date de sortie : 1er mai 2013
- Plus d'informations : Le site du distributeur
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Un huis-clos intéressant centré autour de deux personnages adolescents, dans le Naples populaire et misérable d’aujourd’hui. Un film à l’état de promesse, qui se dilue peu à peu dans des enjeux dramatiques mineurs.
L’argument : Dans un immense bâtiment désaffecté d’un quartier populaire de Naples, Salvatore, un adolescent timide et mal dans sa peau, est contraint par des boss de la Camorra à surveiller Veronica, une jeune fille effrontée. Il ignore totalement les raisons de cette détention. Au cours de la journée, la relation entre les deux adolescents évolue et une certaine complicité s’instaure. Veronica entraîne Salvatore dans l’exploration de leur vaste prison, comme pour éviter de penser au sort qui les attend.
Notre avis : Une journée comme les autres dans un quartier populaire de Naples, pendant un été fiévreux et orageux. Deux adolescents se retrouvent coincés ensemble, l’un comme geôlier, l’autre comme captive. L’intervallo fonctionne sur un principe dramatique simple et classique, celui de la confrontation entre deux individus que tout oppose (l’un est employé par la mafia quand l’autre est précisément chassée par elle), et dont la relation va évoluer jusqu’à former un duo improbable. De cette structure, comme craignant la facilité et la mièvrerie des bons sentiments, Leonardo di Costanzo ne garde pourtant que les temps « à côté », et la lenteur inextinguible d’une journée passée dans un grand bâtiment abandonné, attaqué par les eaux et les herbes folles. D’une situation de tension extrême, le film ne déploie ainsi qu’un corps étrangement arythmique, dont la force contemplative retombe malheureusement parfois dans une mollesse et un étirement complaisants. Venu du documentaire, le cinéaste démontre un talent certain pour filmer les corps maladroits de Salvatore et Veronica, jeunes ados désoeuvrés et projetés trop vite dans le monde sordide des adultes. Ils crachent un italien dialectal à peine reconnaissable, empreint d’une rage qu’on sent comme arrachée à la réalité des rues de Naples – et en ce sens, l’expérience documentaire de di Costanzo porte réellement ses fruits au sein même de la fiction.
Relativement court – 1h30 à peine –, mais trop étiré pour sa matière fictionnelle, L’intervallo finit par perdre la densité de son très beau début et du huis-clos qu’il propose, pour s’égarer dans un genre cinématographique auquel il n’appartient pas. Car le récit de la mafia, pourtant traité dans la même veine réaliste et journalistique qu’un Gomorra, prend précisément ici des airs de déjà-vu, et occupe surtout une place démesurée (le dernier tiers tout entier) pour expliquer des enjeux dramatiques mineurs dans un film dont le sujet est moins centré sur la criminalité que sur le désespoir adolescent. Instillant les bases d’une relation de pouvoir intéressante et originale entre Salvatore et Veronica, le cinéaste finit par les diluer, trop fasciné par ses acteurs et l’espace dans lequel il les filme. L’intervallo reste donc un film à l’état de promesse – sans la porter véritablement jusqu’au bout.
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