Le 27 août 2024
Le dernier film de Visconti, méjugé à sa sortie, est une tragédie romanesque sublime, adaptation majestueuse d’un roman de D’Annunzio.
- Réalisateur : Luchino Visconti
- Acteurs : Marie Dubois, Giancarlo Giannini, Laura Antonelli, Massimo Girotti, Claude Mann, Rina Morelli, Didier Haudepin, Marc Porel, Jennifer O’Neill, Marina Pierro, Roberta Paladini
- Genre : Drame, Romance
- Nationalité : Italien
- Distributeur : Les Acacias
- Durée : 2h08mn
- Reprise: 31 juillet 2024
- Titre original : L'innocente
- Date de sortie : 15 septembre 1976
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– Reprise en version restaurée : 31 juillet 2024
Résumé : Tullio Hermil est un mondain oisif qui évolue dans la grande bourgeoisie italienne de la fin du XIXe siècle. Il entretient son narcissisme et affirme sa virilité au bras de Teresa, sa sublime maîtresse qu’il exhibe dans les salons auprès de ses amis et rivaux. Son épouse, Giuliana, dont il a fait sa confidente, lassée du manque d’amour auquel Tullio l’a condamnée, se laisse séduire par un jeune écrivain dont elle attend un enfant. Profondément meurtri dans son orgueil, Tullio décide de faire à nouveau valoir ses droits maritaux.
Critique : Coécrit avec Suso Cecchi D’Amico et Enrico Medioli, L’innocent est le dernier film de Luchino Visconti. Malade et impotent (il effectua le tournage de cette coproduction franco-italienne sur un fauteuil roulant), le cinéaste devait décéder peu de temps après. Adaptation d’un roman de Gabriele D’Annunzio (les vieilles mains de Visconti tournent les pages de l’ouvrage pendant le générique), le long métrage est fidèle à la thématique dévoilée dans Senso, et généralisée à partir du Guépard, à savoir la décadence de l’aristocratie voire de la grande bourgeoisie, dans un monde en perdition morale. Monstre nietzschéen, Tullio Hermill (Giancarlo Giannini) rejette les principes de la religion et clame son athéisme, souhaitant assumer en toute liberté ses pulsions, affichant sa maîtresse (Jennifer O’Neill) dans les réceptions mondaines, et ce sous les yeux de son épouse Giuliana (Laura Antonelli), à laquelle il a imposé un pacte de « couple libre » qu’il souhaite en fait n’appliquer qu’à lui seul.
- Giancarlo Giannini
- © 1976 STUDIOCANAL - Rizzoli Film S.P.A. Tous droits réservés.
À la séquence du bal dans Le Guépard font écho les rituels des concerts de piano, aux sonorités proustiennes, chez une princesse (Marie Dubois) accueillant le gratin de la upper class, et au cours desquels compromissions et hypocrisies tentent de braver les conventions sociales. L’entrée en scène d’un écrivain séducteur (Marc Porel) va déstabiliser l’équilibre que cherchait à maintenir Tullio, dont l’obsession pour l’objectif qu’il a souhaité fait songer au déni de la comtesse Serpieri dans Senso ou à la fixation esthético-affective de Gustav von Aschenbach dans Mort à Venise. Sans atteindre la perfection plastique des Damnés ou de Ludwig, la mise en scène de Visconti est toujours majestueuse, de la première séquence dans le club d’escrime au plan final cernant une silhouette féminine fuyant l’ombre diabolique d’une somptueuse villa.
- Laura Antonelli, Marie Dubois
- © 1976 STUDIOCANAL - Rizzoli Film S.P.A. Tous droits réservés.
Des accents de tragédie grecque, culminant dans un ultime règlement de comptes entre Tullio et Giuliana, traversent un film hanté par la souffrance et la mort. Il faut ici souligner le rôle des collaborateurs artistiques dont le chef opérateur Pasqualino De Santis et le compositeur Franco Mannino, qui insuffle à l’œuvre une vertigineuse dimension opératique. L’innocent fut pourtant jugé assez tièdement à sa sortie, la critique reprochant au film son académisme, alors qu’il s’agissait d’une œuvre puissante, d’une tonalité testamentaire. On peut par ailleurs se réjouir de l’excellence du casting. Certes, le réalisateur aurait préféré diriger les viscontiens Alain Delon, Romy Schneider et Helmut Berger. Mais la troupe réunie est impeccable, avec une mention pour certains seconds rôles (Rina Morelli, Didier Haudepin). En 2024, le distributeur les Acacias propose une version restaurée de L’innocent dans le cadre de la rétrospective « Le XIXe siècle de Luchino Visconti ».
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