Le chat noir
Le 24 novembre 2014
Avec L’Incomprise, Asia Argento dresse le portrait d’une enfance délaissée et solitaire mais d’une inventivité à toute épreuve. Une réussite !
- Réalisateur : Asia Argento
- Acteurs : Charlotte Gainsbourg, Giula Salerno, Gabriel Garko, Justin Pearson, Carolina Poccioni
- Genre : Drame
- Nationalité : Français, Italien
- Durée : 1h43mn
- Titre original : Incompresa
- Date de sortie : 26 novembre 2014
- Festival : Festival de Cannes 2014
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Avec L’Incomprise, Asia Argento dresse le portrait d’une enfance délaissée et solitaire mais d’une inventivité à toute épreuve. Une réussite ! Sélection officielle Un Certain regard, Festival de Cannes 2014.
L’argument : Aria, neuf ans, fait face à la séparation très violente de ses parents. Au milieu de leurs disputes, mise à l’écart par ses demi-sœurs, elle ne se sent pas aimée... Ballottée de l’un à l’autre, elle erre à travers la ville avec son sac à dos et son chat noir. Frôlant le désespoir, elle essaie de préserver son innocence. © Stefano Iachetti
Notre avis : Asia Argento avait piqué notre curiosité il y a quelques années avec Le Livre de Jérémie, dont on retenait le caractère provocant, singulier, ainsi que la photographie d’une énergie brute stimulante. S’intéressant de nouveau à l’enfance délaissée et à ses afflictions, la réalisatrice adopte cette fois-ci une perspective différente : avec une image pop aux couleurs saturées et au grain travaillé, Asia Argento nous entraine dans les années 1980 et dans l’univers d’un personnage d’enfant, Aria (interprétée par Giulia Salerno), peu à peu abandonnée par ses parents après la brutale séparation de ces derniers. La patine colorée du film forme alors un violent contraste avec le portrait familial acide dressé par la réalisatrice et la violence sourde dont Aria est l’objet.
© Stefano Iachetti
Voyant son univers familial se désagréger, Aria tente de conserver une certaine insouciance, celle qui est dévolue à l’enfance et à ses rêveries. Adoptant le point de vue d’Aria sur le monde des adultes, le spectateur se retrouve à voir évoluer les êtres lunatiques, instables, fantasques et souvent capricieux qui le composent. Les flamboyants parents d’Aria, interprétés corps et âme par Charlotte Gainsbourg et Gabriel Garko, sont l’exemple le plus criant de l’ambivalence voulue par la mise en scène : égocentriques, imbus de leur image d’artistes entre glamour et bohème, ils restent des figures idéalisées par leur fille, qui ne comprend pas leur attitude à son égard. Les deux demi-sœurs d’Aria, toutes deux plus âgées, ne lui sont par ailleurs d’aucune aide ici, se transformant chacune en double de son parent. Les névroses des adultes de ce film apparaissent d’autant plus au spectateur que ceux-ci sont vus à travers les yeux d’une enfant qui n’a pas renoncé à son innocence.
© Angelo Turetta
En outre, les relations que les enfants entretiennent les uns avec les autres ne sont pas non plus épargnées par la réalisatrice : entre traîtrises, jalousies et humiliations, Aria ne saura trouver de répit auprès de ses camarades. Seule une bande de marginaux, rencontrée dans un parc lors de l’une de ses errances nocturnes, déchargera Aria de sa lassitude, le temps d’une nuit. Le chat noir tant voulu par la fillette, adopté malgré l’interdiction et le rejet de ses parents devient son unique compagnon, son alter ego, le seul à la comprendre.
Malgré la gravité des thèmes abordés par le scénario, la réalisatrice fait preuve de modernité dans son interprétation de ceux-ci en évitant de donner à la mise en scène un ton mélodramatique manifeste. Se démarquant radicalement de la voie choisie par Luigi Comencini dans L’Incompris, qui traite également des souffrances de l’enfance et auquel le titre du film semble être un clin d’œil, Aria n’a rien de la victime expiatoire de l’absurdité et de la sottise des adultes. Le personnage d’Aria est une force en lui-même, une force animée par l’imagination et l’espoir. Asia Argento prouve avec ce film ses talents de réalisatrice mais surtout de directrice d’acteurs, qu’elle a su magnifier par sa mise en scène sensible, originale et résolument détonante.
© Paradis Films
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