Nul homme n’est une île
Le 20 octobre 2014
Nouvelle petite pépite de l’animation japonaise qui n’est pas sans rappeler Le Tombeau des Lucioles, L’Île de Giovanni marie avec élégance onirisme et rigueur historique pour un résultat forcément touchant.
- Réalisateur : Mizuho Nishikubo
- Genre : Drame, Animation, Historique, Manga
- Nationalité : Japonais
- Editeur vidéo : Kazé
- Durée : 1h42mn
- Titre original : Jobanni no shima
- Date de sortie : 28 mai 2014
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– Annecy 2014 : Mention du Jury
– Fantasia 2014 : Prix Satoshi Kon / Prix du public
– Sortie blu-ray & DVD : le 15 Octobre 2014
Nouvelle petite pépite de l’animation japonaise qui n’est pas sans rappeler Le Tombeau des Lucioles, L’Île de Giovanni marie avec élégance onirisme et rigueur historique pour un résultat forcément touchant.
L’argument : 1945 : Après sa défaite, le peuple japonais vit dans la crainte des forces américaines. Au nord du pays, dans la minuscule île de Shikotan, la vie s’organise entre la reconstruction et la peur de l’invasion. Ce petit lot de terre, éloigné de tout, va finalement être annexé par l’armée russe. Commence alors une étrange cohabitation entre les familles des soldats soviétiques et les habitants de l’île que tout oppose, mais l’espoir renaît à travers l’innocence de deux enfants, Tanya et Junpei...
Notre avis : Se penchant sur une page d’histoire méconnue du Japon d’après guerre, L’Île de Giovanni est un dessin animé à l’héritage lourd. Difficile en effet de passer après le séminal Le Tombeau des Lucioles d’Isao Takahata, au récit relativement similaire. Mais si ce nouveau long-métrage du studio Production I.G n’égale pas forcément son maître, il n’a pas à rougir non plus. Le film se veut une transposition de la célèbre nouvelle Train de nuit dans la Voie Lactée de Kenji Miyazawa, qui passionne la famille au cœur du récit et que les enfants reproduisent dans leur monde abîmé. L’occasion de merveilleuses séquences oniriques où Junpei, Kanta et leur amie russe Tanya échappent à un cruel quotidien et où l’équipe du film déploie des trésors d’imagination.
L’Île de Giovianni est à son meilleur lorsqu’il met en scène cette rencontre improbable entre le Japon et l’URSS, superbement illustrée par des séquences de chants d’écoliers croisés où se mêlent les langages. L’oeuvre mise tout sur cette dualité, comme en témoigne son identité visuelle schizophrène. Si le design des personnages, élégant et épurés, est typique des productions japonaises, les décors et arrière-plans sont le fruit du travail de l’artiste argentin Santiago Montiel. Ses crayonnés, puissants et effervescents, sont appliqués à l’image sans lissage. Ce contraste formel entre croquis et estampes est une vraie réussite qui recrache à l’écran les sentiments des personnages dans des séquence tantôt statiques, tantôt violemment animées.
Le récit réserve malheureusement peu de surprises et le film sombre légèrement dans le mélodramatique sur la fin, après des débuts plus élégants dans la dramaturgie. Mais L’Île de Giovanni se rattrape néanmoins avec une dernière séquence simple et délicate, petit bijou de poésie. Entre conte onirique et cauchemar, cette rencontre des cultures et des langages est parfois un peu convenue mais propose un témoignage émouvant et sincère de ce petit morceau d’Histoire, transcendé par un visuel audacieux.
LE TEST BLU-RAY
Kazé nous propose un très beau coffret comprenant d’excellents suppléments, une copie du film en DVD ainsi qu’un livret.
Les suppléments :
Rien à redire à ce niveau. Si le DVD ne propose que le film, le blu-ray contient des interviews avec le réalisateur, le directeur artistique ainsi qu’avec Polina Ilyushenko, la jeune actrice russe qui double le personnage de Tanya. Le making-of de 37 mn est extrêmement informatif et plaira aux amateurs d’animation japonaise grâce à une visite des studios de Production I.G à laquelle s’ajoutent des séquences de capture de mouvements, des repérages en Russie et d’autres interviews sur la genèse du film. Un documentaire bref mais passionnant. Également présents sur la galette, une galerie animée de croquis et un beau clip vidéo d’une chanson qui a été coupée au montage. Enfin, le coffret propose un livret de 90 pages d’un aspect similaire à celui du cahier de Junpei dans le film. À l’intérieur : plusieurs articles sur le contexte historique du film, interviews, biographies et croquis. Une bien belle édition qui rend hommage à l’oeuvre qu’elle accompagne.
L’image :
Très beau transfert qui retranscrit bien l’esthétique si particulière du film. Le DVD est aussi tout-à-fait correct même si le rendu est un peu terne. Difficile d’en demander plus sur ce support.
Le son :
Deux excellentes pistes DTS 5.1 sont proposées pour la VF et la VO. La VF est de bonne qualité mais il faut noter que les passages en russe ne sont pas doublés en français. Un choix qui ne plaira peut-être pas aux allergiques des sous-titres mais c’est entièrement justifié dans le contexte du film. DD 5.1 sur le DVD.
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