L’homme-léopard - Jacques Tourneur - critique

Critique : Jacques Tourneur, associé au producteur Val Lewton, avait réalisé en 1942 un film aussi important qu’inattendu pour la RKO : La féline (Cat People), avec Simon. Dans cette série B fantastique où tout était suggéré, l’angoisse provenait uniquement de la qualité de la mise en scène. Ayant carte blanche à l’issue de cette réussite, les deux hommes vont poursuivre la veine qui se concrétisera par deux autres productions : d’abord Vaudou (I Walked with a Zombie) et enfin ce film-ci, tournés à quelques mois d’intervalle en 1943.

Ce dernier opus est aussi le plus faible, et ce pour plusieurs raisons : le déroulement de l’intrigue trop rapide est un peu confus ; Il n’y a pas de "héros" ; les deux personnages principaux, responsables de la fuite du léopard, ne semblent pas vraiment touchés par les victimes du fauve, affichant même une singulière décontraction ; Sans dévoiler ici l’issue de l’intrigue, on peut signaler qu’elle évidente à moins de la moitié du métrage (par ailleurs très court, soixante-six minutes).

Mais l’habile Jacques Tourneur nous gratifie de trois scènes particulièrement exceptionnelles, centrées autour des trois meurtres que comprend l’histoire. Chacune, où l’on ne verra jamais la bête, se concentre sur le comportement de la victime, les bruits, le jeu avec la lumière et un suspense allant crescendo, jouant particulièrement bien avec les nerfs. 

Après le dernier opus de ce triptyque, le réalisateur tournera un film de guerre anti nazi, commande de propagande américaine dans un contexte de guerre. Il s’agira de Jours de gloire (Days of Glory, 1944), qui révèlera Gregory Peck en officier de l’Armée Rouge.