Sex Academy
Le 13 octobre 2015
Pas de révolution chez Woody Allen, qui perpétue avec L’homme irrationnel son penchant pour les comédies féroces et sophistiquées. Où l’amour, comme toujours chez le cinéaste, n’est jamais au fond qu’une histoire de fesses.
- Réalisateur : Woody Allen
- Acteurs : Joaquin Phoenix, Parker Posey, Emma Stone, Jamie Blackley, Ethan Phillips, David Aaron Baker
- Genre : Comédie, Drame, Comédie dramatique, Thriller, Romance
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Mars Distribution
- Durée : 1h36mn
- Date télé : 4 mai 2024 22:33
- Chaîne : Canal+ Cinéma
- Titre original : Irrational Man
- Date de sortie : 14 octobre 2015
- Festival : Festival de Cannes 2015
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Résumé : Professeur de philosophie, Abe Lucas est un homme dévasté sur le plan affectif, qui a perdu toute joie de vivre. Peu après son arrivée dans l’université d’une petite ville, Abe entame deux liaisons. D’abord, avec Rita Richards, collègue en manque de compagnie qui compte sur lui pour lui faire oublier son mariage désastreux. Ensuite, avec Jill Pollard, sa meilleure étudiante, qui devient aussi sa meilleure amie. C’est alors que le hasard le plus total bouscule le destin de nos personnages dès lors qu’Abe et Jill surprennent la conversation d’un étranger et s’y intéressent tout particulièrement. Après avoir pris une décision cruciale, Abe est de nouveau à même de jouir pleinement de la vie. Mais ce choix déclenche une série d’événements qui le marqueront, lui, Jill et Rita, à tout jamais.
Critique : Le meurtre est-il une force créatrice ? Abe, alcoolique notoire et prof de philosophie à la dérive d’une petite faculté, en est convaincu. La morale selon Kant ? L’existentialisme cher à Kierkegaard ? Même cet enseignant a priori brillant l’affirme à qui veut l’entendre : tous ces concepts ronflants d’intellectuels ne trouveraient aucune concrétisation tangible dans le monde réel. Resterait donc à l’Homme de déterminer lui-même sa ligne de conduite, le moteur donnant un sens à son existence et ravivant son souffle de vie. Au fond, un seul écrivain ou presque aurait tout compris au regard d’Abe : Dostoïevski - point de vue qui n’est pas sans rappeler celui d’un certain Friedrich Nietzsche. Problème : celui-ci a écrit Crime et Châtiment, et chez Woody Allen, rares sont les personnages voyant en définitive leurs hypothèses initiales se confirmer…
- © Gravier Productions
Si l’on excepte le "non-jeu" spectaculaire de Joaquin Phoenix et la fraîcheur de la nouvelle muse du cinéaste, Emma Stone, L’homme irrationnel n’apporte rien de neuf au cinéma de Woody Allen. Pour autant, le réalisateur prend ici un malin plaisir à jongler avec toutes ses thématiques de prédilection. Bourgeoisie, beaux parleurs, couples utopiques, adultères… tout le monde en prend pour son grade. En découle un florilège de ses leitmotivs. Alors qu’Abe semble au départ là pour bousculer l’ordre du petit monde bourgeois intello dans lequel il débarque, les pistes se brouillent au fur et à mesure. Encore une fois, tout ce beau monde semble inconsciemment dominé par le sexe, et en filigrane l’argent et la réussite. Si les sentiments qu’éprouve l’étudiante interprétée par Emma Stone pour son prof de philosophie sont probablement sincères, celle-ci ne peut s’empêcher de tenter une attaque en-dessous de la ceinture au détour d’une conversation anodine. Tandis que la professeure de biologie ne recherche la compagnie d’Abe que parce qu’il incarne pour elle un fantasme. Pire : même la démarche d’Abe visant à rechercher une nouvelle force créatrice n’est subordonnée avant toute chose que par son désir de résoudre son trouble de l’érection. Et non pas par sa panne d’inspiration pour son prochain livre – une œuvre sur Heidegger et le fascisme à laquelle il ne croit même pas – comme il veut s’en convaincre. À ce titre, difficile de ne pas sourire lorsque Woody Allen ironise sur ce personnage faussement romantique en le plaçant sur un rocher face à la mer. Image qui n’est pas sans rappeler le Voyageur contemplant une mer de nuages du peintre Caspar David Friedrich.
- © Gravier Productions
Si tout ce dispositif rondement mené, bien interprété et assorti d’une belle photographie signée une nouvelle fois Darius Khondji, fonctionne, on reste sur sa faim. La faute à une morale et une chute un peu plates, malgré quelques jolis rebondissements. Plus surprenant que Magic in the Moonlight, doté de dialogues aussi affûtés que Blue Jasmine, L’homme irrationnel n’en demeure pas moins une œuvre mineure, quoi qu’attachante. De ces films charmants et subtils qui ne feront pas oublier la grâce implacable d’un Match Point.
- © Sony Pictures Classics
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