Le 23 décembre 2015
Primé à la Quinzaine des Réalisateurs, ce trip visuel et narratif nous plonge au cœur de la forêt amazonienne et confirme l’ambition d’un auteur créatif.
- Réalisateur : Ciro Guerra
- Acteurs : Jan Bijvoet, Brionne Davis, Nilbio Torres, Antonio Bolivar, Luigi Sciamanna
- Genre : Drame, Noir et blanc
- Nationalité : Argentin, Colombien
- Distributeur : Diaphana Distribution
- Durée : 2h05mn
- Titre original : El abrazo de la serpiente
- Date de sortie : 23 décembre 2015
- Festival : Festival de Cannes 2015
L'a vu
Veut le voir
– Quinzaine des Réalisateurs 2015 : Art Cinema Award
– Lima Latin American Film Festival 2015 : Mention Prix de la critique
– Mar del Plata Film Festival 2015 : Meilleur film
L’argument : Karamakate, chaman amazonien, le dernier survivant de son peuple, vit isolé dans les profondeurs de la jungle. Il est devenu un chullachaqui, la coquille vide d’un homme, privée d’émotions et de souvenirs. Sa vie bascule lorsqu’Evan, un ethnobotaniste américain, débarque dans sa tanière à la recherche de la yakruna, une mystérieuse plante hallucinogène capable d’apprendre à rêver. Karamakate se joint à sa quête et ils entreprennent un voyage au cœur de la jungle
Notre avis : Troisième long métrage de Ciro Guerra, L’Étreinte du serpent est librement inspiré des travaux écrits de Theodor Koch-Grunberg, ethnologue et explorateur allemand, et de Richard Evans Schultes, botaniste américain, les deux hommes ayant entrepris un périple dans la forêt amazonienne à quelques décennies d’intervalle. Ces précisions ne sont indiquées qu’au générique de fin ce qui peut rendre parfois le récit un brin abscons, le spectateur ne sachant pas trop s’il assiste à deux histoires parallèles ou une structure en flashback. Il faut dire que la teneur ésotérique de l’intrigue ne l’aide guère, le réalisateur n’hésitant pas en outre à brouiller les pistes et à mêler approche ethnologique à la Jean Rouch, dénonciation politique et récit allégorique où planent les ombres du Werner Herzog de Aguirre, la colère de Dieu, du Coppola de Apocalypse Now ou du Boorman de La Forêt d’émeraude. Ces précisions ne constituent en rien une réserve mais plutôt un avertissement à ceux qui s’attendent à un produit consensuel de festival, flattant la bonne conscience ou le goût inconscient du public occidental pour l’exotisme et la belle image.
- Copyright Andres Córdoba
Il faut à cet égard souligner l’imposture de l’affiche officielle du film, en couleur, avec l’expression « Un rêve amazonien » comme accroche publicitaire... Le film est certes esthétiquement très soigné, mais usant d’une photo noir et blanc sobre et sans effets, et d’un dépouillement tant visuel que sonore (la musique est rare). Des personnages sortis d’un roman de Gabriel Garcia Marquez ou d’un trip d’Apichatpong Weerasethakul font glisser le film sur la pente de l’onirisme voire de l’horrifique avec les apparitions d’un prêtre totalitaire qui flagelle des enfants innocents ou d’un Messie gourou qui propose littéralement son corps à ses fidèles. L’œuvre ne se contente pas d’être le témoignage des ravages de la colonisation, de la religion occidentale et du capitalisme (le commerce du caoutchouc) dans une région économiquement et culturellement dévastée (disparition des langues ancestrales). Ciro Guerra opte pour une narration éclatée qui joue sur nos terreurs face aux mystères d’un monde inconnu. On l’aura compris : L’Étreinte du serpent est tout sauf un film aimable et agréable mais ceux qui oseront s’y aventurer ne seront pas déçus par sa force tellurique.
Galerie photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.