Retour en grâce
Le 28 février 2005
Quinze ans après son dernier roman, Marie Chaix revient avec une confession parfois énervante et souvent poignante.
- Auteur : Marie Chaix
- Editeur : Editions du Seuil
- Genre : Roman & fiction
L'a lu
Veut le lire
Pendant quinze ans, elle n’a rien publié. Et il faut croire que c’était une question essentielle. "Comment expliquer à des gens qui m’ont lue et ont souvent tout lu de moi, un livre appelant le suivant, pourquoi « ça » s’est arrêté ?" Parce que, un matin à New York, Marie Chaix reçoit un coup de fil lui annonçant que "Alain ne s’est pas réveillé". Alain, c’est Alain Oulman, directeur des éditions Calmann-Lévy. Il était son mentor, une espèce de père ou de grand frère, il l’a accueillie à l’époque où le Seuil ne voulait plus de ses romans. Une reconnaissance éternelle. Il disait "écrivez", elle écrivait, elle lui devait tout. Mais de ce qu’ils avaient tous les deux à défendre en dehors d’une "carrière" que lui poussait et qu’elle freinait, on ne saura rien. Rien sur la littérature qu’ils revendiquaient, rien si ce n’est une solide amitié, comme si cela suffisait...
Et puis, le choc, dix ans plus tard, sa fille se sépare de son mari. Le sujet est là, affirme-t-elle sans convaincre. Retour vers le passé : un père collabo, la maison de Suresnes, l’appartement dans le seizième arrondissement, les écoles de jeunes filles, des peines de cœur, un mariage, une vie de bohème grâce à un "petit" héritage qui se laisse dilapider pendant deux années... On entend finalement une pauvre gosse des quartiers chics se lamenter. Jusque-là, entre poncifs ("Plaisir d’écrire ? Rarement connu. Plaisir d’avoir écrit, sûrement.") et jérémiades, Marie Chaix désarçonne. Heureusement, par bribes au début, pour se multiplier par la suite, elle nous gratifie de passages teintés d’une très belle prose. "Face à la fenêtre fermée du Haut du Peuil, par un après-midi gris de mai gris, je compte les mouches. Humeur de cancre. Mon regard s’envole en direction de la colline, là-bas, au-delà des champs et de la route. Paysage barré par la croix de la fenêtre qui sépare le peuplier au bout du jardin en quatre fragments de verdure..."
Voilà comment on l’aime, quand ses mots éveillent les sens. Quand elle évoque la maternité, le temps qui s’égrène, les deuils, les blessures qui se raniment, une à une, sans prévenir, l’ambiguïté des relations qu’elle a entretenues avec ses parents, son unique séjour sur les bords du lac de Constance un quart de siècle après un premier roman remarqué (Les lauriers du lac de Constance)... Mélange de plaisir et d’émotion.
Marie Chaix, L’été du sureau, Seuil, 2005, 175 pages, 17 €
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.