Le jeu pervers du déni
Le 16 décembre 2015
Une histoire sur l’espoir et le déni, librement inspirée de la tragédie en trois actes de La vie que je t’ai donnée de Luigi Pirandello, avec Juliette Binoche et Lou de Laâge, magnifiques au cœur d’un premier film italien à la réalisation épatante.
- Réalisateur : Piero Messina
- Acteurs : Juliette Binoche, Giorgio Colangeli, Lou de Laâge, Domenico Diele, Antonio Folletto
- Genre : Drame
- Nationalité : Italien
- Durée : 1h40mn
- Titre original : L'Attesa
- Date de sortie : 16 décembre 2015
- Plus d'informations : Le site du distributeur
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Une histoire sur l’espoir et le déni, librement inspirée de la tragédie en trois actes de La vie que je t’ai donnée de Luigi Pirandello, avec Juliette Binoche et Lou de Laâge, magnifiques au cœur d’un premier film italien à la réalisation épatante.
L’argument : Dans les grands salons d’une ancienne villa marquée par le temps, Anna, touchée par un deuil soudain, passe ses journées dans la solitude. La campagne sicilienne, sauvage et d’une grande beauté, entoure la maison et l’isole tandis que le brouillard se lève lentement sur les flancs de l’Etna. Seuls les pas de Pietro, l’homme à tout faire, rompent le silence. A l’improviste arrive Jeanne, la petite amie de Giuseppe, le fils d’Anna, qu’il a invitée à venir passer quelques jours en Sicile. Anna ignorait l’existence de Jeanne et Giuseppe est absent. Il va revenir bientôt, très bientôt..... C’est ce que dit Anna à Jeanne. Les jours passent, les deux femmes apprennent lentement à se connaître et attendent ensemble le jour de Pâques, où Giuseppe rentrera pour la procession.
(C) Alberto Novelli
Notre avis : L’attente se déroule en Sicile, dans un paysage volcanique et catholique, loin des clichés des publicités colorées, riches en citronniers, orangers et mannequins souriant de Dolce & Gabbana.
Quelques jours avant Pâque, deux femmes sont unies et désunies par une sorte de destin fatal. La première est une mère endeuillée par la mort de son fils. La seconde est l’amie du fils, dont elle ignore la mort que la mère, dans un besoin vital de laisser son fils vivre encore symboliquement, lui dissimule jusqu’au moment de la révélation.
(C) Alberto Novelli
Piero Messina débute dans le cinéma comme assistant réalisateur de Paolo Sorrentino dans des films comme This must be the place ou La grande bellezza. Il devient ainsi son disciple et cela se voit. Pour traiter ce thème fort du deuil, cher au cinéma italien (on se souvient de La chambre du fils, de Nanni Moretti), le cinéaste propose une approche de virtuose : le cadrage, les images, la religiosité et la pureté visuelle des plans, tout relève du tableau du néo-expressionniste italien.
Le metteur en scène prend son temps pour composer une fresque intime, de larmes, dans un paysage sensuel et volcanique, où prospèrent les non-dits.
Dans cette oeuvre au sujet austère, Piero Messina tisse une narration intime, délicate, pleine de mystère et de poésie, comme pour mieux sublimer une thématique douloureuse. Tout en nuances, le long métrage s’appuie sur les détails -gestes, mains sculptées d’une vierge qui voyage dans un camion, des « Louboutin » qui claquent sur le marbre froid d’une église. A l’instar de l’écrivain Luigi Pirandello, le réalisateur montre la cruauté de la vie quand on arrache un enfant du sein de sa mère. Mais, contrairement au romancier, il peut compter sur deux grandes actrices pour donner de la chair aux personnages.
(C) Alberto Novelli
Juliette Binoche, comme d’habitude, magnétique, à la fois vulnérable et charnelle, semble chercher sa propre rédemption. Elle retrouve ici un rôle fétiche dans sa carrière qu’elle a subliment joué dans Trois couleurs, entre autres. Celui de mère. Entre Lou de Laâge et elle, naît une entente muette. Elles s’apprivoisent et se rapprochent, quitte à trouver une vérité qui n’est pas la leur.
Dans L’attente des personnages isolés attendent à leur façon. Une bonne nouvelle, un baiser, le pardon. Attendre est ici un acte d’amour, de foi et d’espoir.
Certes, on s’attend à un bon film, mais en lieu et place de premier essai, on est face à un petit bijou, sélectionné à juste titre au Festival de Toronto 2015 et au Festival de Venise 2015 d’où il est reparti avec un Leoncino d’Oro.
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