L’enfer, c’est nous
Le 5 octobre 2013
Un remake habile, en forme d’immense clin d’œil au cinéma de genre des années 70.
- Réalisateur : Zack Snyder
- Acteurs : Sarah Polley, Ving Rhames, Jake Weber
- Genre : Épouvante-horreur, Film de zombies
- Nationalité : Américain
- Editeur vidéo : Seven sept
- Durée : 1h40mn
- Titre original : Dawn of The Dead
- Date de sortie : 30 juin 2004
- Festival : Festival de Cannes 2004
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Un remake habile, en forme d’immense clin d’œil au cinéma de genre des années 70.
L’argument : "Quand il n’y a plus de place en enfer, les morts reviennent sur terre." Romero le disait en 1978, Snyder le redit en 2004. Pendant ce laps de temps, rien n’a changé : les zombies sont toujours aussi furibards, à la poursuite des derniers êtres humains encore en vie. Une lutte pour la survie qui va prendre des proportions gore atroces. Le cœur bien accroché, conscient du film que vous allez voir, vous pouvez désormais découvrir le massacre...
Notre avis : Faute de fourmiller d’idées nouvelles, le genre fantastico-gore creuse actuellement la veine a priori stérile du remake dont les desseins semblent plus mercantiles que foncièrement honnêtes. Pour sa première réalisation, Zack Snyder n’a pas fait dans la légèreté et relève un pari casse-gueule : actualiser un film aussi pamphlétaire, moderne et viscéral que Zombie (George Romero, 1978) chef-d’œuvre du genre qui savait concilier ambitions formelles et sens de la narration. Excellente surprise : au même titre que la resucée de Massacre à la tronçonneuse, L’armée des morts constitue un cauchemar glacial, grouillant et intense, visuellement inspiré et démentiel d’un bout à l’autre.
Véritable morceau de bravoure du film, la longue scène d’exposition (environ quinze minutes) où la protagoniste se retrouve dans un univers apocalyptique délirant où elle doit apprendre à lutter pour sa survie, plonge le spectateur dans une ambiance explosive, sorte de chaos absurde et délétère où le quotidien prend soudainement des dimensions inquiétantes et inattendues. L’angoisse est alors distillée à la manière d’un Poltergeist (de longues plages silencieuses soudainement parasitées par un élément perturbateur) ; et cette brusque montée d’adrénaline marque, impressionne, met en condition pour la suite du récit. Le reste s’inscrit dans la veine des post-nuke, genre dans lequel des gens se regroupent après une apocalypse et doivent apprendre à vivre ensemble, même si les caractères sont dissemblables. Les personnages sont alors confrontés à une situation délicate : ils se familiarisent avec des gens qu’ils seront peut-être obligés de tuer demain.
Zombie, l’original, était tous les films de tous les genres à la fois (un film d’action, une critique sociale, un buddy-movie sous une bonne couche d’hémoglobine bien gluante) et possédait une substance riche. Malgré les apparences, le remake s’est débarrassé des connotations politiques pour faire affleurer l’essentiel : le gore, les tripes, le bourrin, le plaisir coupable... Ce n’est pas une mauvaise option même si sur le papier cela peut ressembler à la relecture superficielle d’un classique profond. Heureusement, très bien épaulé, Snyder tire le meilleur de son potentiel de départ et évite tous les écueils.
Le générique de fin, pirouette ironique, brutale et inattendue, est un bonus exquis. Mais la plus belle surprise du film reste la présence trouble de Sarah Polley. Muse inspiratrice des meilleurs films d’Atom Egoyan, cœur névralgique des Beaux lendemains, cette actrice au teint diaphane apporte un degré d’ambiguïté supplémentaire à ce charivari désespéré et sombre. Son contre-emploi est à la démesure d’un film exceptionnel, horrible et amoral, en forme d’immense clin d’œil au cinéma de genre des années 70, relecture fascinante d’un classique indomptable dont la pérennité ne peut être remise en question.
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