L’Année Prochaine - la critique du film

Sensible et sensuelle, cette évocation de la post-adolescence se construit comme une longue séance de lutte (méta)physique, harassante et pour les personnages et pour les spectateurs.

L’argument : Clotilde et Aude ont 18 ans et sont meilleures amies depuis toujours. Leur relation est forte et fusionnelle comme peuvent l’être les amitiés adolescentes. Elle doivent décider ce qu’elles feront l’année prochaine, après le bac. Clotilde choisit de quitter leur petit village pour aller faire ses études à Paris et entraine Aude avec elle. Mais les deux amies vivront différemment leur nouvelle vie …

© Chrysalis Films

Notre avis : « L’amitié est une âme en deux corps. » disait Aristote. Clotilde et Aude, deux bachelières devenues étudiantes, semblent comme deux sœurs, deux cœurs jumeaux battant à l’unisson… à ceci près que, justement, chacune a son propre corps. C’est bien ce problème de corps, de personnalité et d’évolution que L’Année Prochaine se propose de traiter en un peu plus d’une heure quarante. Et, le moins que l’on puisse dire, c’est que, durant tout ce temps, beaucoup de questions sont posées : quelles sont les limites de l’amitié ? Peut-on toujours tout faire ensemble ? Les liens amicaux, aussi fort soient-ils, peuvent-ils s’user jusqu’à la brisure ? Autant d’interrogations auxquelles le film tente de répondre. C’est de là que le récit, tantôt tendre, tantôt dur, tire toute sa force : la réalisatrice conserve, en permanence, un regard doux et bienveillant sur ses deux héroïnes. Clotilde et Aude sont certes meilleures amies, mais elles ont, malgré tout, des personnalités bien distinctes et bien affirmées. Clotilde est une jeune femme réfléchie et ambitieuse – parfois même légèrement arrogante – et Aude, une fille plus insouciante, plus détendue, qui manque un peu de confiance en elle. Ainsi ces deux protagonistes agissent comme deux pôles contraires s’attirant mutuellement. Dès les premières minutes du film, leur complicité émeut, éveille des souvenirs que chacun d’entre nous a probablement vécus : ceux d’une belle et grande amitié, à laquelle le temps a fini par mettre un terme.

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L’Année Prochaine, ce sont aussi deux parcours initiatiques. Clotilde étudie la philosophie, avec l’intention de révolutionner la pensée contemporaine, pendant qu’Aude cherche gloire et reconnaissance dans le milieu de la peinture. Mais, contrairement à ce que l’on pourrait supposer, ces parcours, bien que différents, ne se comparent pas, ils se valent tous deux : Clotilde et Aude essuient les mêmes échecs, rencontrent et vivent chacune une histoire d’amour forte, avec des hommes qui compteront dans leur vie et participeront à leur évolution. Mais à mesure que le temps passe, que l’année scolaire s’écoule, les deux amies s’éloignent l’une de l’autre, se disputent, se déchirent, se font du mal. Et, finalement, c’est le problème initial posé par le film – le dualisme nécessaire et inéluctable des corps – qui reprend le dessus. Les corps de Clotilde et Aude ont, en effet, une très grande importance dans le récit et les images : ils se mêlent et se confondent dans les scènes de boîtes de nuit, se séparent et se repoussent entre les murs blancs de l’appartement parisien... La cinéaste Vania Leturcq parvient toujours à saisir et à restituer leur matière, leur texture, leurs mouvements.

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Si le sujet abordé est instable et ardu, L’année prochaine garde, malgré les violences psychologiques, verbales et physiques que son propos implique, une pureté et une délicatesse bienveillantes, et illustre puissamment, la transition difficile qu’est le passage de l’adolescence à l’âge adulte.

L’interview de la réalisatrice