Labyrinthe mental
Le 8 août 2018
Fruit de la collaboration de Resnais et Robbe-Grillet, cette œuvre est emblématique de la modernité du cinéma européen des années 60.
- Réalisateur : Alain Resnais
- Acteurs : Delphine Seyrig, Sacha Pitoëff, Giorgio Albertazzi
- Genre : Drame, Expérimental, Noir et blanc
- Nationalité : Français, Italien
- Distributeur : Tamasa Distribution , Les Films Marceau-Cocinor
- Editeur vidéo : Studiocanal
- Durée : 1h34mn
- Reprise: 19 septembre 2018
- Box-office : 892 128 entrées France / 444 566 entrées Paris Périphérie
- Date de sortie : 25 juin 1961
- Festival : Festival de Venise 1961, Festival de Venise 2018
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Résumé : Une soirée théâtrale dans un somptueux palace d’une ville d’eau allemande. Un homme très élégant rencontre une femme et s’efforce de la persuader que, l’année précédente, à Marienbad, elle avait promis de tout quitter pour vivre avec lui. La femme ne se souvient absolument pas d’avoir eu une telle conversation avec lui. L’homme la poursuit pourtant et la harcèle, parfois doucereux, quelquefois inquiétant. Décontenancée, elle ne sait si elle le désire, s’il la répugne, si elle lui obéira, tandis que des images tragiques d’un viol ne cessent de la hanter. Les jardins et les décors de l’hôtel sont intimement liés à sa longue quête intérieure..
Critique : Après son premier long métrage Hiroshima mon amour, Alain Resnais réalisa un autre coup de maître en collaborant ici avec Alain Robbe-Grillet. L’alliance de la Nouvelle Vague et du nouveau roman donne naissance à une œuvre fascinante et onirique, construite comme un puzzle narratif. On pourra certes s’efforcer de chercher l’énigme narrative de ce récit déconstruit, au dialogue omniprésent : la longue incantation de cet amoureux obstiné (Giorgio Albertazzi), persuadé que la belle femme brune a vécu avec lui une aventure sentimentale, peut se lire à plusieurs niveaux : histoire d’un mythomane manipulant une jeune femme fragile, qui pourrait être en fait la femme fatale d’une tragique romance à trois personnages, à moins que nous assistions au délire d’un rêveur en quête du retour de l’être aimé et perdu à jamais. Dans la lignée des contes cinématographiques de Cocteau et bien avant les scénarios à tiroirs de Kubrick ou Lynch, Alain Resnais réussit le pari de nimber de mystère tous ses plans, le spectateur pouvant interpréter à sa guise divers pans de l’action, tel ce cri récurrent poussé par Delphine Seyrig ou le rôle exact joué cet homme émacié (Sacha Pitoëff), dont la fin du film indique qu’il pourrait tirer les ficelles de ce jeu de pistes.
- Photo promotionnelles proposées par Tamasa Films - Crédits : © ARGOS FILMS, CINERIZ, STUDIOCANAL
Comme tous les grands films novateurs, L’année dernière à Marienbad a eu ses détracteurs, qui lui ont reproché son hiératisme et sa gratuité, taxant de musée de cire les rouages de cette intrigue abstraite. Ce sont les mêmes qui à l’époque avaient raillé L’avventura d’Antonioni, autre fleuron du renouveau du langage cinématographique, et à qui Marienbad fait écho par son thème de l’incommunicabilité. Ces reproches s’avèrent bien infondés devant la beauté de cette œuvre culte. On retrouve dans Marienbad les obsessions de Resnais, cinéaste de la mémoire et de l’imaginaire, qui s’avère également un plasticien hors pair, préférant les longs travellings, les décors stylisés (signés Bernard Evein) et la musique baroque au minimalisme esthétique de ses pairs de la Nouvelle Vague. On gardera de L’année dernière à Marienbad le souvenir de personnages intemporels se cherchant dans les couloirs d’un palace ou de jardins grandioses, et filmés dans le cadre d’une structure éclatée et suggestive. Lion d’or à la Mostra de Venise en 1961, le film révéla Delphine Seyrig, son allure aristocratique et sa voix d’une musicalité sans égale. Son jeu à la fois énigmatique et charnel devait faire d’elle l’une des meilleures actrices du cinéma français.
– Festival de Venise 1961 : Lion d’or
– Syndicat Français de la Critique de Cinéma 1962 : Meilleur film
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