Cinéma de chambre
Le 27 septembre 2013
Ce récit d’un amour au-delà du deuil est l’un des films les plus sombres et beaux d’Alain Resnais, porté par la musique de Hans Werner Henze et son magnifique quatuor de comédiens.
- Réalisateur : Alain Resnais
- Acteurs : Fanny Ardant, Sabine Azéma, André Dussollier, Pierre Arditi, Jean Dasté
- Genre : Drame
- Nationalité : Français
- Distributeur : AAA Distribution (Acteurs Auteurs Associés)
- Editeur vidéo : MK2 Video
- Durée : 1h32mn
- Date de sortie : 5 septembre 1984
- Festival : Festival de Venise 1984
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Résumé : Archéologue dans le Gard, Simon vit depuis quelques mois un amour passionné avec Elisabeth. Un soir, dans leur maison près d’Uzès, il s’effondre, frappé d’une atroce douleur à la poitrine ; le médecin arrive et ne peut que constater la mort... Et pourtant, à peine quelques instants plus tard, alors que le docteur Rozier vient de quitter la maison, Simon réapparaît devant Elisabeth à la fois sidérée et incroyablement heureuse de le voir vivant. Les examens médicaux s’étant révélés satisfaisants, Simon reprend ses activités de chercheur archéologique dans la région. Mais en vérité, la période qui s’ensuit pour Élisabeth et Simon prend une tonalité bizarre, comme si la menace de la mort planait toujours sur lui, comme s’il n’était pas tout à fait revenu d’entre les morts.
Critique : Après La vie est un roman, réalisé avec un budget confortable et un casting de luxe, Alain Resnais revint à une veine plus intimiste avec ce beau film de chambre, dans la lignée de Muriel ou Le temps d’un retour. Film sombre et austère, d’une tonalité toute bergmanienne, L’amour à mort vaut d’abord par son scénario, admirablement écrit par Jean Gruault, d’une audace et d’une épure rares dans le cinéma français, et que seul Dreyer aurait osé filmer dans l’histoire du cinéma. Ce récit d’une résurrection présumée puis d’un deuil impossible est prétexte à une belle réflexion sur la passion amoureuse, la foi et la fidélité par-delà la mort. Elisabeth (Sabine Azéma) et Simon (Pierre Arditi) se connaissent depuis quelques mois seulement, mais ne sauraient vivre l’un sans l’autre. Aussi, la première alerte cardiaque qui voit Simon déclaré mort par le vieux médecin de famille (Jean Dasté) est-elle vécue comme un traumatisme par la jeune femme. Le récit est subtil dans la mesure où il met en présence deux couples, Elisabeth et Simon étant amis avec Judith (Fanny Ardant) et Jérôme (André Dussollier), qui vivent depuis dix ans une entente profonde et exaltée. Pasteurs tous les deux, ils ont cependant chacun une conception personnelle de la croyance, Judith prenant davantage de liberté dans l’interprétation des textes religieux. Dissuader Elisabeth de renoncer à la vie après les épreuves qu’elle endurera sera au cœur des préoccupations de Judith et Jérôme et le fil conducteur de la seconde moitié du film.
Comme toujours chez Resnais, on y parle du temps qui passe, des difficultés de maîtriser la mémoire et l’oubli, et l’on y explore un univers mental, l’auteur étant cohérent avec la démarche thématique mise en œuvre depuis Hiroshima mon amour. Formaliste invétéré, Resnais compose un travail visuel et sonore fascinant, utilisant la musique de Hans Werner Henze non pas pour illustrer les émotions des personnages mais pour en faire un élément central de l’intrigue. À l’intérieur ou à la fin d’une séquence, les dialogues sont interrompus et un écran noir (symbole de la mort ?) apparaît, des flocons traversant de façon récurrente l’image. Loin de susciter l’ennui, cette originalité stylistique renforce l’impact émotionnel de L’amour à mort. Le film est aussi l’occasion pour le cinéaste de diriger pour la seconde fois quatre des acteurs de La vie est un roman, qui deviendront dès lors ses comédiens fétiches. Sabine Azéma accomplit ici une véritable performance de tragédienne qui s’avère être l’une de ses meilleures compositions.
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