L’Amant double : le thriller érotique de François Ozon en lice à Cannes

Notes : La sexualité, les faux-semblants hitchockiens, le bouleversement des normes sociales, la psychanalyse et autres ambiguïtés font partie des marottes de François Ozon depuis ses débuts. Pas un hasard si l’on pressent déjà ici un certain nombre d’entre elles. Le titre L’Amant double résonne comme un film d’espionnage court-circuité par l’érotisme, l’une de ses marques de fabrique. À ce titre, deux comédiens auxquels il avait par le passé fait appel pour susciter le trouble sexuel refont leur apparition : d’un côté Marine Vacth, qui tenait le rôle titre de Jeune et jolie en 2013, de l’autre Jérémie Renier, pour sa troisième avec Ozon après Les Amants criminels (1999) - à ce titre, une pierre angulaire sans doute - et Potiche (2010).

Copyright Mars Films

On notera, sur l’un des seuls visuels disponibles du film, le jeu avec les miroirs, qui renvoie les personnages hors champ et à leur virtualité - repensons à Citizen Kane (Welles, 1941) ou à La Dame de Shanghaï (Welles, 1946). Demeure une question : où se niche le mystère lorsque même les corps sont à nu ? Tandis que le premier teaser joue sur le désir et le clair-obscur. Gageons qu’Ozon réussira cette fois à nous désarçonner en se gardant de n’utiliser la subversion que par complaisance.

François Ozon aux côtés de Marine Vacth lors de la présentation de Jeune et jolie à Cannes en 2013 - Copyright Georges Biard / Wikimedia Commons

Deux fois Marine Vacth. Le cinéaste lui avait ouvert les portes de la Croisette en 2013 avec Jeune et jolie, il la ramène en compétition une seconde fois avec L’Amant double. Jérémie Renier, quant à lui, s’était illustré à plusieurs reprises dans des films de la compétition : en 2005 dans L’Enfant, deuxième Palme d’or des frères Dardenne, en 2010 dans Le Gamin au vélo, autre Dardenne récompensé par le Grand Prix, et en 2014 dans le rôle de Pierre Bergé dans Saint Laurent de Bertrand Bonello. N’oublions pas également la présence au casting de Jacqueline Bisset, bien assortie avec son innocence fallacieuse. L’actrice britannique avait entre autres foulé la Croisette en 1973 lors de la présentation de La Nuit américaine de François Truffaut et en 1984 pour celle du film Au-dessous du volcan de John Huston. En 2014, elle figure dans le film Welcome to New York, projeté en marge du Festival de Cannes - l’occasion d’une controverse savamment dosée par le producteur Vincent Maraval.

Jérémie Renier et Marine Vacth dans L’Amant double - Copyright Mars Films

Il s’agit de la troisième nomination en compétition du Festival de Cannes pour François Ozon, l’un des quatre français cette année en lice pour la Palme (avec Michel Hazanavicius, Jacques Doillon et Robin Campillo. Outre Jeune et jolie, le réalisateur avait aussi arpenté le tapis rouge lors de la présentation de son "remake" de La Piscine de Jacques Deray, Swimming pool.