Le monde court-il à sa perte ?
Le 7 mars 2018
Allégorie biblique, pamphlet écologique, voyage sensoriel ; ce premier volet de la Trilogie des Qatsi inquiète autant qu’il fascine. Une œuvre clé de l’histoire du cinéma mondial.
- Réalisateur : Godfrey Reggio
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Mary-X Distribution
- Durée : 1h27mn
- Reprise: 7 mars 2018
- Date de sortie : 24 août 1983
- Festival : L’Étrange Festival 2012
L'a vu
Veut le voir
– Sortie en version restaurée : 7 mars 2018
– Sortie blu-ray : le 4 décembre 2012
Le génie de la conception imaginée par Reggio, la musique envoûtante et indélébile de Glass et les images en accéléré de la frénésie humaine atteignent le comble de la mise en forme artistique. Une œuvre clé de l’histoire du cinéma mondial.
L’argument : Dans la langue Hopi, Koyaanisqatsi signifie "vie déséquilibrée". Le réalisateur a filmé pendant sept ans des paysages et des villes.
Notre avis : Sujet des plus brûlants et phénomène de mode, l’écologie n’a jamais autant été au cœur des préoccupations humaines (politiques ou autres). De sorte que même le cinéma s’en est emparé à partir du très médiatisé documentaire (au titre évocateur), Une vérité qui dérange, née de la frustration ressentie par Al Gore quant à la nécessité de s’engager politiquement et efficacement vis-à-vis du réchauffement climatique. D’Un jour sur Terre au Syndrome du Titanic de Nicolas Hulot, en passant par Home de Yann Arthus-Bertrand, d’autres longs sont venus confirmer la tendance. Pourtant, un quart de siècle auparavant, Godfrey Reggio pointait déjà du doigt l’aveuglement préjudiciable de ses semblables en accélérant sans vergogne le progrès technologique et cela sans se soucier du sort de notre planète. En avance sur son temps, Reggio force le respect en s’écartant de tout didactisme aussi bavard que rébarbatif.
À l’origine, sa vie passée dans une communauté religieuse (et donc recluse de toute civilisation moderne) explique cette lucidité dans sa forme extrêmement épurée où le spectateur s’inscrit dans un triangle puisqu’il y pénètre en interaction avec les images et la musique. Grâce à l’IRE (the Institut for Regional Education), il réalise au préalable un spot publicitaire (non narratif) dénonçant la culture de masse et le matraquage que l’on subit en permanence devant le petit écran. Quand lui surgit l’idée de Koyaanisqatsi, Reggio se met à la recherche d’un compositeur de musique et d’un directeur de la photographie solides et capables de répondre à la concrétisation que constituera ce "documentaire" précurseur à plus d’un titre. Ce triumvirat artistique forme une symbiose à son apothéose entre les artisans que sont Godfrey Reggio (pour le concept), Philip Glass (pour la bande son) et Ron Fricke (pour le traitement de l’image).
Quel message veulent-ils faire passer ? Par l’absence de paroles, ils laissent la liberté selon la sensibilité de tout un chacun de donner le sens que bon lui semble face aux différentes images proposées. En tout cas, personne ne peut nier que les paysages naturels finissent par céder la place à des éléments humains ne cessant de proliférer, pendant que d’autres sont exposés à la folie humaine. Perdu dans l’organisation complexe de l’espace urbain, l’homme moderne ne trouve plus sa place et court perpétuellement dans un monde qui progresse à un train d’enfer. Comme les mots n’ont plus la force de décrire ce monde, Reggio a opté pour un titre tiré de la langue "hopi" signifiant "vie folle ; se désagrégeant" ; vision qu’un autre peuple aurait du nôtre.
Sorti en 1983, ce film expérimental n’a amassé que 2 millions de dollars aux USA (contre les 260 accumulés par Le retour du Jedi -le grand gagnant de l’année-) ; alors qu’en France, il n’est resté que deux semaines à l’affiche ! Qu’importe, projeté à de rares occasions au-dessus de l’orchestre (avec Philip Glass himself !), il a su s’imposer comme une œuvre de référence, un incontournable duquel deux suites ont vu le jour (Powaqqatsi en 88 et Naqoyqatsi en 2002). Trente années ont passé depuis et les trois prophéties (annoncées à la fin) paraissent plus que jamais d’actualité puisque seule la dernière qui préfigure une arme nucléaire (d’une portée mondiale) appartient encore au domaine de l’utopie... Poussé par son orgueil autodestructeur, il est grand temps que l’homme retienne les leçons du passé... Il y va de l’intérêt et de la survie de tout un chacun...
Galerie Photos
Le choix du rédacteur
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.