Les lois de l’attraction
Le 26 novembre 2015
Concentré d’humour noir, Kill your friends éclabousse d’artifices sanglants les contours de l’industrie musicale.
- Réalisateur : Owen Harris
- Acteurs : James Corden, Nicholas Hoult, Craig Roberts
- Genre : Comédie, Thriller
- Nationalité : Britannique
- Durée : 01h43mn
- Date de sortie : 2 décembre 2015
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Concentré d’humour noir, Kill your friends éclabousse d’artifices sanglants les contours de l’industrie musicale.
L’argument : Londres, 1997. Les groupes pop comme Blur, Oasis et Radiohead règnent en maîtres sur les ondes. Steven Stelfox, 27 ans, producteur de musique et chasseur de talents, écrase tout sur son chemin. Poussé par sa cupidité, son ambition et une quantité inhumaine de drogues, il recherche le prochain tube. C’est l’époque d’un business où les carrières se font et se défont. A mesure que les tubes se font plus rares, il tente de désespérément de sauver sa carrière.
Notre avis : Rejeton difforme de la culture occidentale de l’anti-héros, Steven Stelfox a tout pour (dé)plaire. Jeune, beau, riche, il travaille comme dénicheur de talents pour une maison de disques. Il régit les lois de l’offre et de la demande en déposant aux pieds de ses supérieurs, grognant et bavant, les succès de demain. Brillant en dehors, pourri en dedans, le milieu dans lequel évolue ce jeune cador a des allures de cauchemar. Galettes et lignes de coke y garantissent un aller direct pour l’enfer.
© Chrysalis Films
Premier long-métrage d’Owen Harris, jusqu’ici plus connu pour certains épisodes des séries Misfits et Black Mirror, Kill your friends dégraisse le mastodonte qu’est l’industrie du disque. Cette adaptation du roman de John Niven, par ailleurs scénariste du film, se traîne dans les coulisses d’un marché ignoble grouillant de labels avides et d’arrivistes aux dents longues. Rien n’arrête la machine à fric. Dans les années 90, les Spice Girls sont en tête des charts et la britpop assure sa domination sur le marché. L’art est un produit, la musique une formalité. Le public a parlé. Et Steven Stelfox veut être calife à la place du calife.
Kill your friends lorgne sans vergogne du côté de Bret Easton Ellis pour le sujet et de Danny Boyle pour la réalisation. Plus d’une séquence rappelle le déséquilibre d’un Patrick Bateman, plus d’une scène les hallucinations de Rent-Boy. Au rythme d’une bande-originale signée Junkie XL, le film aligne les plus grands hits de Prodigy, Radiohead, Blur, Oasis ou les Chemical Brothers. Ironie des ironies, la musique fait de cette production un trophée que la mémoire caresse amoureusement.
© Chrysalis Films
La production aurait pu être plus délurée. Le montage est efficace, les cadrages soignés, le scénario habile. Mais là où règne le chaos, il n’y a de place que pour l’excès. La photographie, souvent trop sage, ploie devant ses sujets. Les acteurs -excellent Nicholas Hoult-, fléchissent devant leur personnage au lieu de l’habiter. Dans cette jungle où la médiocrité et la consommation de masse règnent en seuls maîtres, le film aurait du faire preuve de sauvagerie et défoncer le crâne du fantasme à coups de hache.
Sans s’affranchir de ses inspirations, Kill your friends s’enlise dans un genre déjà rodé. Le long-métrage, pourtant cinglant, drôle, subtil, ne parvient pas à s’emparer de la première place du podium. De la troisième à la première place, il n’y a souvent qu’un pas, qu’une silhouette à éliminer. Steven Stelfox le sait. Owen Harris aussi. Le succès est à portée de mort.
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