Bergman avant Bergman
Le 23 décembre 2008
L’une des premières grandes réussites de Bergman, qui comporte en filigrane toute sa thématique future. Maj-Britt Nilsson interprète avec sensibilité un très beau rôle de femme qui passe de l’insouciance à la gravité.


- Réalisateur : Ingmar Bergman
- Acteurs : Maj-Britt Nilsson, Birger Malmsten, Alf Kjellin (Christopher Kent), Georg Funkquist, Annalisa Ericson
- Genre : Drame, Comédie dramatique, Mélodrame, Noir et blanc
- Nationalité : Suédois
- Distributeur : Carlotta Films
- Editeur vidéo : Aventi, Arcades Vidéo
- Durée : 1h30mn
- Reprise: 10 octobre 2018
- Titre original : Sommarlek
- Date de sortie : 30 avril 1958

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– Sortie Suède : 1er octobre 1951
L’argument : Marie, danseuse à l’opéra de Stockholm, profite de l’ajournement des répétitions pour s’embarquer vers une petite île. Les souvenirs de son ancienne liaison un été avec Henrik, qui s’est tué en plongeant et dont elle a reçu le journal intime, reviennent...
Notre avis : Ingmar Bergman devait déclarer : « J’ai fait Le Septième Sceau avec mon cerveau, Jeux d’été avec mon cœur ». Il est vrai qu’au premier degré, ce mélodrame fulgurant (mais sans pathos) ressemble plus à du Sirk qu’aux futurs films cérébraux du maître suédois. C’est ainsi l’occasion d’apprécier la diversité d’inspiration d’un réalisateur ayant plusieurs palettes dans un univers que d’aucuns réduisent, à tort, aux états d’âme de la bourgeoisie progressiste de Stockholm. Bergman se montre ici un conteur émouvant, qui passe avec aisance de la chronique de comédie sentimentale au drame psychologique. Ainsi, la construction en flash-back permet d’apprécier, outre le contraste des saisons, l’évolution du personnage féminin qui passe de l’insouciance primesautière à la gravité désenchantée. Les séquences sur l’île, admirablement photographiées, captent à merveille la lumière solaire et nocturne et le sentiment d’un paradis perdu des amours adolescentes. Elles donnent au réalisateur un ton de liberté qui annonce la Nouvelle Vague, même si le cinéaste a recours à un style plus classique dans les scènes hivernales se déroulant essentiellement dans un théâtre. Par contre, l’univers des apparences et de la réalité de ces dernières séquences annonce toute une thématique qui culminera avec Persona ou Fanny et Alexandre. Jeux d’été permet enfin d’apprécier le talent et la beauté de l’actrice Maj-Britt Nilsson qui fut, avec Anita Björk et Eva Dahlbeck, l’une des muses du cinéaste dans les années 50. L’Attente des femmes, en 1952, réunira d’ailleurs les trois comédiennes. Son jeu sobre et retenu, d’une éclatante modernité, fait regretter qu’elle n’ait pas eu la carrière d’une Liv Ullmann ou d’une Ingrid Thulin.