JeruZalem - la critique du film (prix du jury Gérardmer 2016)

Ce sous-Cloverfield pas très couillu peut s’estimer heureux de ne pas être reparti les mains vides de l’édition 2016 du festival de Gérardmer. Vite vu, vite oublié.

L’argument : Deux jeunes américaines partent en vacances à Jérusalem lors du Yom Kippour. Mais cette escapade va se transformer en véritable cauchemar quand l’une des portes de l’enfer va s’ouvrir. Le jour du Jugement dernier a sonné…

Copyright Splendid Film

Notre avis : Voici ce qui restera certainement comme l’une des énigmes du palmarès du festival de Gérardmer édition 2016. Un prix du jury pas vraiment folichon (ex-aequo avec le beaucoup plus méritant Evolution de Lucile Hadzihalilovic), imposé par Claude Lelouch, président de l’édition, pour sa soit-disant "inventivité". Un choix qui laisse perplexe, un peu comme si lui et les membres de son jury venaient à peine de découvrir le found-footage horrifique, quitte à omettre complètement l’existence d’œuvres de la trempe de Cloverfield et autres [REC]. Deux films qui correspondent pourtant aux influences majeures de JeruZalem. Le premier pour le côté film catastrophe en total immersion et le second pour un emprunt de la contagion démoniaque. Le found-footage des frères Yaz nous permet de vivre en direct des entrailles de la Ville Sainte une sorte d’apocalypse d’envergure biblique. Point de caméra numérique à l’épaule pour justifier le procédé mais les fameuses "Google Glass", posées sur le nez d’une étudiante américaine (pour la faire simple : une paire de lunettes équipée d’une caméra intégrée, d’un micro et d’un accès à internet), soit la seule véritable originalité à retenir ici. Seulement voilà, ce gadget mort-né, qui ne sera visiblement jamais commercialisé, fait déjà passer le film pour passé de mode, pour ne pas dire périmé...

Copyright Splendid Film

Le démarrage s’avèrera du reste un peu laborieux, puisqu’il faudra tout de même attendre au moins 45 minutes avant de commencer à entrevoir un début d’agitation (avant il faut se coltiner tourisme de base, discutions inutiles et bringues adolescentes dans les lieux branchés de la ville). Quand les portes de l’enfer laisseront enfin échapper leurs hordes de démons (présentes de manière un peu trop cheap et fugace à l’écran, budget serré oblige), on assiste à une sorte de pagaille générale façon disaster movie faite d’images floues remuantes à en attraper la nausée. Ce vent de panique entre les murs de la ville de Jérusalem qui évoque une parabole évidente avec la situation bouillonnante au Moyen-Orient laisse de marbre malgré l’hystérie ambiante. À l’arrivée, JeruZalem aura bien du mal à duper le spectateur qu’on imaginera sortir de l’expérience avec un bon mal de crâne, consterné par le dénouement final (précédé d’une partie de cache-cache interminable dans les réseaux souterrains de la ville...) dont l’ultime plan prête finalement plus à sourire qu’autre chose. En bref, ça ne paye pas de mine et cela demeure insuffisamment fun pour convaincre qui que ce soit.