Le 27 septembre 2015
Un film qui peine à trouver une voie, entre conventions et audaces.
- Réalisateur : David Lambert
- Acteurs : Monia Chokri, Nahuel Pérez Biscayart, Jean-Michel Balthazar
- Genre : Drame, Romance
- Nationalité : Belge
- Durée : 1h40mn
- Date de sortie : 7 octobre 2015
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Un film qui peine à trouver une voie, entre conventions et audaces.
L’argument : Lucas, un jeune argentin démuni, fait tout ce qu’il peut pour survivre à Buenos Aires. Sur internet, il rencontre Henry, un boulanger belge qui souffre de solitude et qui rêve de le sauver de la prostitution. Lucas traverse l’Atlantique et arrive dans un petit village de Belgique pour devenir l’apprenti de Henry, mais il se sent vite prisonnier… Audrey, la vendeuse de la boulangerie, a quant à elle tout pour lui plaire, mais elle se refuse à lui…
Notre avis : Pour son deuxième film après Hors les murs, David Lambert s’attaque à un sujet assez rebattu, la misère sentimentale et sexuelle, en cherchant à éviter les clichés : pas d’homophobie (le boulanger gay est accepté dans son village), pas de morale pesante, du moins a priori. Reste donc à se dépêtrer avec ce trio, Henry et son besoin d’amour, Lucas qui veut une autre vie, et Audrey, la veuve qui n’a pas fait son deuil. Le lieu choisi, la boulangerie, permet de jouer avec les recoins et la possibilité de voir ou d’épier, mais aussi de prendre un rôle symbolique, celui d’un foyer chaud en même temps que celui de l’initiation, tout en restant au niveau concret, avec les gestes professionnels.
© Salzgeber & Co. Medien
Par rapport aux intentions affichées du cinéaste, s’attacher aux artisans et à un monde qui disparaît, appuyer sur les possibilités nouvelles offertes par internet, réfléchir sur les misères contemporaines, on demeure décontenancé : faute d’enjeux narratifs forts et tenus, le film s’embourbe dans une suite de séquences peu découpées, dont certaines font plus que frôler le stéréotypes ; ainsi de celle du restaurant chinois, par exemple, convenue et sans grand intérêt.
Mais surtout, au-delà du réalisme bateau ou des scènes de valse hésitation banales, on est gêné par la vision caricaturale du boulanger : le voir chanter et danser du Offenbach devant son four met déjà mal à l’aise ; mais la description du groupe qui vocifère, avec ce travelling qui s’attache aux visages des villageois, ou la fête traditionnelle relèvent de la complaisance pathétique. Et que dire de la morale finale, qui veut que les jeunes vont avec les jeunes, les vieux avec les vieux, et que, tout compte fait, quand on est gros, gay, âgé, on n’a que ce qu’on mérite, c’est à dire une solitude larmoyante ?
Certes, le personnage du jeune prostitué est un peu mieux traité, même si le système de répétitions des scènes (les vols dans la caisse, les retours à l’amour tarifé) qui visent à montrer son enfermement ou les oppositions basiques (opérette contre rock) tournent parfois à vide. De même le ressort dramatique du SIDA, qui aurait pu déplacer les enjeux et relancer le film, tombe vite à plat, immédiatement désamorcé. Quant au personnage d’Audrey, il est particulièrement inconsistant.
Heureusement, le spectateur bien disposé trouvera quelques séquences réussies, comme la première rencontre entre Audrey et Lucas, qui passe uniquement par des regards. Il sera peut-être épaté par les scènes de sexe, même si là encore, après Lars von Trier ou Larry Clark, l’audace est émoussée. Surtout, le travail sur l’espace et la scénographie, notamment dans la boulangerie, ou le traitement de la couleur, laissent augurer des possibilités du cinéaste. Reste qu’en l’état, Je suis à toi est plutôt pesant et peine à faire entendre une petite musique différente, englué qu’il est dans un scénario trop lâche.
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