Jamais de la vie - la critique du film

L’argument : Franck, 52 ans, est gardien de nuit dans un centre commercial de banlieue. Il y a dix ans, il était ouvrier spécialisé et délégué syndical, toujours sur le pont, toujours prêt au combat. Aujourd’hui il est le spectateur résigné de sa vie, et il s’ennuie. Une nuit, il voit un 4x4 qui rôde sur le parking, et sent que quelque chose se prépare… La curiosité le sort de son indifférence et il décide d’intervenir. Une occasion pour lui de reprendre sa vie en main…

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Notre avis : Pierre Jolivet a souvent été inspiré par des récits sociaux, avec des personnages pris au piège de la précarité de l’emploi et œuvrant tant que bien mal pour améliorer leur quotidien. Dans la veine de la comédie, cela a donné les délicieux Ma petite entreprise (1999) ou Zim and Co (2005). Jamais de la vie est dans une teinte plus sombre, que le réalisateur avait déjà expérimentée avec Fred (1997). Olivier Gourmet y compose ce blasé solitaire à qui un emploi ennuyeux apporte un semblant d’intégration sociale, à défaut d’un réel épanouissement. Le contrat à durée indéterminée est dans cet univers le Graal inespéré, mais Franck en a vu d’autres. Aussi, quand la conseillère d’une agence pour l’emploi (Valérie Bonneton) se confie sur ses propres problèmes financiers et que notre homme soupçonne des actes délictueux mettant en cause son ami Ketu (Marc Zinga), la machine s’enraye... Pierre Jolivet manie l’art du minimalisme, évitant les rebondissements factices et l’excès de sentimentalisme qu’un tel scénario aurait pu engendrer.

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Bien aidé par le travail du directeur de la photo Jérôme Alméras, le cinéaste refuse le naturalisme documentaire et opte pour une ambiance distanciée, dans la lignée de ce que l’on nommait naguère le réalisme poétique. En fait, si Franck pourrait être un descendant du Gabin de Pépé le Moko, il est aussi le lointain cousin des Richard Widmark et John Garfied, antihéros de polars sociaux hollywoodiens. À ses côtés, une faune de sobres seconds rôles complète harmonieusement la galerie, dont Thierry Hancisse en ouvrier cabossé ou Bénabar en chef de service bienveillant. Et pourtant, si le film nous saisit particulièrement dans une dernière demi-heure éblouissante, on regrettera des chutes de rythme, des personnages féminins sacrifiés, ainsi que des maladresses de dialogues. Et force est de reconnaître que sur un thème similaire, des films aussi divers que Quand vient la nuit ou Une vie meilleure s’avéraient bien plus forts. En dépit de ces réserves, on recommandera cette œuvre attachante dans sa narration et cohérente dans son esthétique.