L’enfer du décor
Le 11 mars 2024
Premier d’une longue série de films de guerre du réalisateur atypique Samuel Fuller, The Steel Helmet nous dépeint une guerre de Corée sans concession, avec une mise en scène en avance sur son temps et une recherche de réalisme exemplaire.
- Réalisateur : Samuel Fuller
- Acteurs : Gene Evans, Robert Hutton, Steve Brodie , Richard Loo, James Edwards
- Genre : Drame, Action, Film de guerre, Noir et blanc
- Nationalité : Américain
- Durée : 1h25mn
- Titre original : The Steel Helmet
- Date de sortie : 30 avril 1952
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Résumé : En pleine guerre de Corée, le sergent Zack (Gene Evans) est le dernier survivant de sa compagnie. Laissé pour mort par les troupes communistes, il sera secouru par un jeune Coréen qui le suivra malgré lui à travers le chaos des combats afin de rejoindre les forces américaines.
Critique : Cinéaste polémique dans son pays, Samuel Fuller fut d’abord un fusilier dans les rangs de l’armée américaine pendant la Seconde Guerre mondiale, allant de l’Afrique du Nord jusqu’en Tchécoslovaquie (récit qu’il retracera dans son œuvre "phare" The Big Red One). Il réalisera son premier film pour témoigner en images de l’horreur d’un camp de concentration. Ainsi, la guerre et la mort resteront intimement liées à la filmographie de ce réalisateur dont la mise en scène fut reconnue comme une influence majeure pour les cinéastes de la Nouvelle Vague, ainsi pour que pour d’autres grands réalisateurs comme Jim Jarmusch ou Quentin Tarantino.
Sorti en 1951, alors que le conflit perdure, J’ai vécu l’enfer de Corée peut être considéré comme le premier film traitant la guerre anti-communiste, alors que les idées politiques ou sociales sont très minorées dans le récit. Fuller met en avant ses connaissances et son expérience du combat pour nous immerger dans l’enfer de la guerre. Le plan-séquence d’introduction commence sur un casque américain amoché qui se révèlera être celui du sergent Zack, les mains liées, rampant sur un sol jonché des cadavres des hommes de sa compagnie. Cette première image est très marquante, montrant des morts américains, l’un des tabous du cinéma hollywoodien, et nous introduit parfaitement dans un film où la composition de chaque plan est autant recherchée que travaillée. Même dans les séquences tournées en studio, la tension que ressentent ces soldats est palpable et le réalisme des combats dans la jungle, face à un ennemi invisible particulièrement meurtrier, est cohérent.
Pour son premier rôle au cinéma, Gene Evans est ce sergent américain blasé par la guerre, dont les idéaux patriotiques ont été balayés par les engagements qu’impose la survie en ces terres hostiles. Samuel Fuller, dans cette mise en abîme d’un cinéma de guerre idéalisée, prend littéralement à contrepied tous les films du genre de cette période par la violence de ses actions et la justesse de ses dialogues. Le long métrage n’hésite pas non plus à critiquer sans gène le racisme ambiant de la société américaine, gangrénée par le maccarthysme et sa « chasse aux sorcières ». Produit, écrit et réalisé par Samuel Fuller, The Steel Helmet est un film moderne et sérieux, révolutionnant son genre par son approche avant-gardiste de la représentation des combats et dépassant les conventions de son époque pour nous plonger dans la « vraie » guerre, sans jamais tomber dans le triomphalisme vulgaire mais coutumier du cinéma hollywoodien.
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