Unhappy together
Le 29 février 2024
Narcissique mais jamais prétentieux, Xavier Dolan évoque sans faux-semblants son parcours adolescent. J’ai tué ma mère, l’heureuse surprise de la Quinzaine des Réalisateurs 2009, présente un cinéaste ambitieux, dont le style et le talent promettent une filmographie riche et originale.
- Réalisateur : Xavier Dolan
- Acteurs : Suzanne Clément, Anne Dorval, Xavier Dolan, François Arnaud, Patricia Tulasne, Niels Schneider
- Genre : Drame, Teen movie
- Nationalité : Canadien, Québécois
- Distributeur : Rezo Films
- Durée : 1h40mn
- Date de sortie : 15 juillet 2009
- Festival : Festival de Cannes 2009
Résumé : Hubert Minel n’aime pas sa mère. Du haut de ses dix-sept ans, il la jauge avec mépris, ne voit que ses pulls ringards, sa décoration kitsch et les miettes de pain qui se logent à la commissure de ses lèvres quand elle mange bruyamment. Au-delà de ces irritantes surfaces, il y a aussi la manipulation et la culpabilisation, mécanismes chers à sa génitrice. Confus par cette relation amour-haine qui l’obsède de plus en plus, Hubert vague dans les arcanes d’une adolescence à la fois marginale et typique - découvertes artistiques, expériences illicites, ouverture à l’amitié, sexe et ostracisme - rongé par la hargne qu’il éprouve à l’égard d’une femme qu’il aimait pourtant jadis.
Critique : Xavier Dolan a vingt ans et son style et son talent s’affirment dès son premier long-métrage. Bien que le héros de J’ai tué ma mère se prénomme Hubert, ce dernier incarne bien l’alter égo du cinéaste. À peine sorti de l’adolescence, il ose proposer un retour sur cette période conflictuelle de sa vie. La prise de recul est complètement absente, mais le ton incisif et accusateur que le réalisateur emploie, rend l’œuvre attrayante. L’autobiographie est (nécessairement) narcissique, mais le réalisateur présente les faits, rien que les faits. Il ne cherche pas à se mettre en avant ou à enjoliver son histoire : il parle de lui mais son discours n’est pas égocentrique. Sa capacité à se présenter objectivement révèle une grande maturité et une évidente honnêteté intellectuelle.
- © Rezo Films
Le rejet du fils envers sa mère constitue le fil directeur de J’ai tué ma mère. Le jeune Hubert ne supporte pas cette maman qu’il ne trouve pas assez bien à son goût ; une médiocrité intolérable se dégage de cette femme qu’il a idéalisée. Sous des couverts de rébellion et de revendications d’indépendance, le garçon est encore dans une imagerie enfantine de sa mère qu’il ne peut envisager comme un individu à part entière, avec sa personnalité propre, ses rêves et obligatoirement ses défauts. La prise de conscience est violente parce qu’elle signifie pour l’adolescent qu’il devient adulte et partage la réalité de ses parents.
- © Rezo Films
Cet enchevêtrement d’émotions mêlant intimement le cinéaste à son film prend corps par les séquences en noir et blanc introduites au milieu de la fiction. Face caméra, le réalisateur ne se cache plus derrière son avatar, mais décrit expressément son ressenti. Là se situe toute la complexité et l’intérêt certain du métrage. En effet, la réalité, la « vraie vie » est en noir et blanc et c’est la fiction, ce qui n’est pas directement réel, qui est capté en couleur. Étrange paradoxe mais qui prend sens si l’on comprend que cette crise appartient au passé du cinéaste qui l’exorcise par le cinéma. Le septième art devient le catalyseur, le miroir introspectif de Dolan.
- © Rezo Films
Ces séquences ne sont pas les seuls encarts du film puisque le cinéaste choisit de faire des inserts de pans du décor au rythme de l’évolution de la relation du fils et de sa mère. Tels des tags, ces gros plans créent un leitmotiv et soutiennent une cadence qui donne à cette première œuvre sa singularité. Xavier Dolan, qui ne cache pas sa passion pour Jackson Pollock tout au long du métrage, fait lui-aussi du dripping : tous ces détails qu’il exècre sont autant de jets de peinture qu’il fait se répandre sur le mur. Sur l’écran, les objets qui incarnent cette mère adorée et détestée, se diluent et lui offrent la perspective d’un regard neuf et empreint de discernement. La distance saine et sereine se crée finalement. Pari réussi haut la main pour Xavier Dolan.
- © Rezo Films
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roger w 23 juillet 2009
J’ai tué ma mère - Xavier Dolan - critique
Certes, ce premier film très nombriliste pourra taper sur les nerfs de quelques spectateurs, mais on est emporté par la rage et la fougue de ce jeune auteur plein de promesses. Non seulement le portrait de ce désamour n’est pas totalement unilatéral, mais il respire aussi la révolte de l’adolescence. Quelque part entre les souffrances de Jonathan Caouette et le spleen existentiel de Gael Morel, ce cinéma à la première personne a le mérite de ne jamais laisser indifférent. Un bon point également pour le choix de la musique.
Norman06 30 juillet 2009
J’ai tué ma mère - Xavier Dolan - critique
Attention, révélation majeure ! Pour un coup d’essai, un coup de maître : du haut de ses 20 ans, Xavier Dolan acteur crève l’écran et le cinéaste impose un univers singulier, d’une drôlerie et d’une émotion rarement atteintes pour un premier film. L’écriture acerbe du scénario, les ruptures de ton et une caméra rarement ostentatoire contribuent à la perfection de ce petit bijou du cinéma québécois, par ailleurs récit sensible sur l’adolescence et l’identité sexuelle. Vivement le deuxième long métrage de Xavier !
Frédéric Mignard 18 janvier 2010
J’ai tué ma mère - Xavier Dolan - critique
Du cinéma petit bourgeois pas inintéressant, mais par trop nombriliste pour convaincre vraiment.