Ixcanul - la critique du film

Jayro Bustamante nous emmène auprès de Maria, jeune guatémaltèque qui lutte inexorablement pour changer son destin. En vain. Le résultat est un film amer souvent douloureux, bordé de spiritualité, de résilience et de violence.

L’argument : Maria, jeune Maya de 17 ans, vit avec ses parents dans une plantation de café sur les flancs d’un volcan, au Guatemala. Elle voudrait échapper à son destin, au mariage arrangé qui l’attend. La grande ville dont elle rêve va lui sauver la vie. Mais à quel prix...

Notre avis ; Ixcanul, qui signifie un Volcan en guatémaltèque possède la place centrale dans cette histoire et dans ce décor sur les hauts plateaux du Guatemala. Les différentes offrandes qui lui sont faites rythment la vie de la famille de Maria qui dès les premières minutes semble s’opposer à l’approche spirituelle de la famille en refusant de prier. Tout comme ce volcan qui n’est pas éteint, Maria n’apparaît jamais résignée et ne cesse de se battre pour rester éveillée et essayer de contrer son (mauvais ?) sort. Mais à chaque fois qu’elle essaye de s’émanciper, quelqu’un la ramène au pied de ce volcan.
(C) ARP Films
Dans une mise en scène beaucoup plus accès sur une esthétique de la photographie, le film perd notre attention et de l’intensité dans des scènes parfois trop longues sans aucunes paroles. Un silence étouffant émerge alors, les plans-séquences ne se clôturant pas avant la sortie de champ des personnages. Le talent de Maria Mercedes Coroy permet cependant d’habiter ces instants avec son interprétation d’une qualité et d’une profondeur incontestable.
Les rares dialogues apparaissent comme des clés nous permettant de comprendre les liens familiaux unissant Maria et sa mère Juana comme lorsque celle-ci apparaissant pourtant imperturbable tout au long du film laisse pour la première fois le choix à sa fille en lui disant « N’écoute pas tout ce que l’on dit » avant qu’elle ne marche pieds nus dans un champ infesté de serpents pour les éloigner jusqu’à ce qu’elle se fasse piquer.
A partir du moment où la résilience laisse place à la fatalité et à l’impuissance, on se retrouve peu à peu dans le même état d’esprit que cette protagoniste car les frontières géographiques, la barrière de la langue locale avec l’Espagnol et l’absence de moyen de transports sont autant d’obstacles qui paraissent désormais insurmontables.
Durant cette heure et demie, le dépaysement est total et on se prend d’espoir pour cette Maya, pour qu’elle puisse échapper à la vie qui l’attend si elle reste au pied du Volcan.
Le cinéaste ayant rencontré une Maria et nous racontant ainsi son histoire, ce premier long métrage récompensé au Festival de Berlin séduit par son aspect quasi-documentaire et sa photographie sublime.