Les morsures de l’aube
Le 1er février 2021
Plus un remake effréné d’Open Waters qu’un ersatz des Dents de la mer, le nouveau Jaume Collet-Serra provoque l’intense frisson d’été, celui d’un suspense implacable, mené tambour battant, par un roi du suspense.
- Réalisateur : Jaume Collet-Serra
- Acteurs : Blake Lively, Angelo Lozano Corzo
- Genre : Thriller, Épouvante-horreur, Survival
- Durée : 1h27mn
- Date télé : 1er février 2021 23:20
- Chaîne : C8
- Titre original : The Shallows
- Âge : Interdit aux moins de 12 ans
- Date de sortie : 17 août 2016
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Résumé : Nancy surfe en solitaire sur une plage isolée lorsqu’elle est attaquée par un grand requin blanc. Elle se réfugie sur un rocher, hors de portée du squale. Elle a moins de 200 mètres à parcourir à la nage pour être sauvée, mais regagner la terre ferme sera le plus mortel des combats
Critique : Ce qu’on apprécie chez Jaume Collet-Serra, c’est sa capacité à s’approprier les codes des genres qu’il exploite. Dans le thriller urbain (Sans identité), le film catastrophe en plein air (Non Stop) ou l’horreur (Esther, La Maison de Cire), sa maîtrise du suspense, sa réalisation fluide et pop, permettent toujours aux scripts anodins de trouver une légitimité récréative. C’est que le maître artisan aux commandes sait captiver les mirettes pour combler le néant.
En s’intéressant au film de requin prédateur, il fait le job mieux que la moyenne, ciblant le public adolescent mécontent des aléas soft de Shark 3D et peu enclin à découvrir Les Dents de la Mer, classique désormais taxé de "film de vieux". Qu’on se le dise, Spielberg est aujourd’hui un pépère pour les mômes. Chez eux, seulement !
Pour apprécier Instinct de survie, il faudra donc accepter d’écouter la voix surexploitée de Sia au cinéma, qui revient une fois de plus pousser la chansonnette sur le générique de fin. Mais comme l’ensemble, aussi fade soit-il dans la caractérisation des (rares) personnages, est un modèle de huis clos en plein air, les plus adultes d’entre nous y trouveront l’exquis plaisir de l’angoisse, dans des scènes haletantes où l’ombre du grand squale, qui n’est pas désigné pour une fois comme une créature obsédée par la chair humaine, ressemble enfin à quelque chose d’autre qu’à une vaste blague synthétique.
On s’empressera donc d’oublier les leçons de religion de Deep blue Sea/Peur Bleue, les bains fêtards des clichés adolescents de Shark 3D, pour savourer pleinement l’efficacité d’un thriller marin en eaux peu profondes (Shallows, en anglais), dans lequel le requin a de la gueule, où les méduses s’invitent pour une improbable scène d’anthologie qui a la poésie de la peur pour elle, et où Blake Lively, Mme Ryan Reynolds à la ville, qui est en général à l’écran ce que Taylor Swift est à la musique, le prototype d’une Amérique pieuse et bien-pensante ronflante, ne s’en sort pas si mal, dans ce qui s’apparente au final davantage à un remake indirect d’Open Water (avec un morceau de rocher et une bouée à l’intérieur) qu’à une énième resucée improbable de Jaws.
Bref, malgré ces nombreux menus défauts, The Shallows est un divertissement suffisamment malin pour troubler la fin de nos soirées télévisuelles. On apprécie vraiment.
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