Le 1er avril 2015
- Dessinateur : Yoshinori KISARAGI
- Genre : Seinen
- Editeur : Doki-Doki
- Famille : Manga
- Date de sortie : 1er octobre 2014
Husk of Eden est un Seinen qui nous entraîne dans un pays en guerre. Une drôle de guerre, guérilla urbaine dans des rues vides, qui soulève la question de chaque conflit, malheureusement trop souvent sans réponse : « Mais quel est le sens de tout ça ? »
Résumé :
Marchons à la suite de Melka Dracea, jeune soldat des forces du gouvernement chargé de défendre la Ziggurat de la cité d’Eldorado et son mystérieux contenu contre les rebelles qui veulent... Qui veulent quoi au juste ? Et quel est ce gouvernement qui envoie des enfants au front ? Et cette Ziggurat, que cache-t-elle ? Beaucoup de questions toujours sans réponses à la fin de ce tome 1, qui soulèvera par contre bien d’autres interrogations...
Notre avis :
Husk of Eden nous plonge d’office dans ce monde curieux. Située on ne sait quand et on ne sait où, la cité d’Eldorado est un personnage à part entière. Avec sa part de mystère, son caractère, cette ville morte offre ses dédales et ses maisons détruites comme décor de fond à tout ce premier tome. Dominé par cette forteresse à défendre coûte que coûte, baptisé la Ziggurat, les hommes, amis ou ennemis, se battent dans une guerre qui donne l’impression de durer depuis la nuit des temps. Le lecteur n’en sait pas plus que les personnages et l’auteur nous positionne tout de suite du côté des forces gouvernementales. On passe très peu de temps avec les rebelles qui veulent s’introduire dans la Ziggurat, tellement peu qu’on ignore s’ils vont trouver ce qu’ils cherchent ou même s’ils savent vraiment ce qu’ils cherchent.
Dans ce premier tome, on suit donc le jeune soldat Melka Dracea, soldat armé de ses doutes et de ses peurs et on va de surprise en surprise. Je n’en dévoile pas plus, mais l’originalité de l’album est de présenter un univers doté de personnages attachants, mais qui sont tous sur un siège éjectable.
Certes, cela rappelle Game of Thrones, mais le mécanisme fonctionne : on s’attache à certains personnages, pour les voir disparaître de manière si rapide que ça nous met un coup. On partage donc cette angoisse des soldats : commencer à apprécier quelqu’un pour le perdre de manière brutale dans les tranchées. Kisaragi parvient à recréer cette ambiance, en jouant sur différentes touches : groupes réduits, situations stressantes, incompréhension permanente...
L’absence d’explications laisse planer une absurdité sourde sur ce conflit. L’auteur pose ainsi la question du sens de la guerre. Pour les soldats au front, les raisons des décisions des puissants se perdent et tout devient vide de sens. Quand ils ne patrouillent pas, les soldats sont chargés de reconstruire la ville déserte ! Soi-disant pour gêner l’avancement des rebelles. Leurs uniformes n’ont pas de bannières. Les capitaines n’ont pas d’étoiles ou de chevrons et les différences entre officiers et troufions sont ténues. Un véritable mystère alourdit le poids curieux de cette histoire dont on ne sait pas où elle va nous mener.
Kisaragi prend aussi la plume et donne vie à ce récit. Personnages et décors réalistes, ambiances désertiques, le graphisme rejoint l’angoisse du scénario. Les personnages n’ont pas ces mimiques exagérées que l’on retrouve dans beaucoup de mangas, jouant la caricature. Dans Husk of Eden, la sobriété est de mise. La violence est également là. Elle explose dans quelques cases mais le sang ne gicle jamais vraiment. A tel point qu’il est parfois difficile de comprendre en un coup d’œil ce qui arrive à un personnage frappé par surprise. Il faut se replonger plusieurs fois sur un dessin pour comprendre où est l’impact, marqué par une tâche de sang.
Comme la majorité des manga, tout est en noir et blanc, à part la couverture couleur.
Le cadrage mélange des pages de une à quatre bandes découpées en une à trois cases. Les cases varient de taille et évitent ainsi toute monotonie dans la narration. Quand l’action explose, les diagonales coupent les cases traçant une ligne d’action de manière nette dynamisant les pages.
La mise en scène s’axe sur les sentiments. Gros plans, personnages dépassant des cases, regards pleins de sous-entendus. Sachant alterner les actions violentes et les moments de réflexions, le découpage de Kirasagi sait nous garder dans l’histoire.
Husk of Eden pose un monde étrange, mystérieux, où la mort peut frapper à chaque page et où l’espoir semble bien absent... Vivement la suite.
192 pages - 7,50€
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Galerie photos
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