Cannes 2012 : Holy Motors, Leos Carax retour réussi ?

L’argument : De l’aube à la nuit, quelques heures dans l’existence de Monsieur Oscar, un être qui voyage de vie en vie. Tour à tour grand patron, meurtrier, mendiante, créature monstrueuse, père de famille...
M. Oscar semble jouer des rôles, plongeant en chacun tout entier —mais où sont les caméras ?
Il est seul, uniquement accompagné de Céline, longue dame blonde aux commandes de l’immense machine qui le transporte dans Paris et autour. Tel un tueur consciencieux allant de gage en gage.
À la poursuite de la beauté du geste. Du moteur de l’action. Des femmes et des fantômes de sa vie.
Mais où est sa maison, sa famille, son repos ?

Notre avis : Après le bide cannois de Pola X, qui avait fait imploser la carrière de Leos Carax, ex-enfant prodige des années 80, on attendait avec intérêt ce nouveau long métrage qui reprend en partie le personnage de Denis Lavant dans le segment de Tokyo !... Notre impression est très mitigée. Si l’humour tempère l’atmosphère un brin plombée des situations et du dispositif, jamais depuis les frères Larrieu un film français en sélection officielle n’avait été aussi inabouti. Cette fantaisie poétique teintée de situations cocasses et surréalistes sombre souvent dans la lourdeur et le grotesque et Carax est dépassé sur un terrain onirique et extraverti par des cinéastes aussi divers que Seidl, Weerasethakul ou Joao Pedro Rodrigues. Pourtant, les dernières séquences laissent entrevoir quel grand film aurait pu être Holy Motors : par la seule présence de la divine Edith Scob, mémoire du cinéma français et icône de Franju, une émotion réelle irradie enfin l’écran.

Copyright Les Films du Losange

Notes : Treize ans après le subversif, mais franchement raté Pola X, le poète génial des années 80 (Boy meets girl, Mauvais sang), qui, avec Besson et Beineix, s’imposait comme l’un des plus grands espoirs en son temps, revient au cinéma avec son acteur fétiche Denis Lavant. Le réalisateur maudit des Amants du pont neuf dirige pour l’occasion un casting iconoclaste : Eva Mendes, Kylie Minogue et Michel Piccoli. On veut le voir !

© Camille de Chenay