Le 6 avril 2024
Le portrait tout en nuances d’un jeune homme rangé dans une Tunisie en plein bouleversement.
- Réalisateur : Mohamed Ben Attia
- Acteurs : Majd Mastoura, Rym Ben Messaoud, Sabah Bouzouita, Hakim Boumsaoudi
- Genre : Drame, Romance
- Nationalité : Français, Belge, Tunisien
- Distributeur : Bac Films
- Durée : 1h33mn
- Date de sortie : 28 décembre 2016
- Festival : Festival d’Arras, Festival de Berlin 2016, Festival du Film Francophone d’Angoulême
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Résumé : Kairouan en Tunisie, peu après le Printemps arabe. Hedi est un jeune homme sage et réservé. Passionné de dessin, il travaille sans enthousiasme comme commercial. Bien que son pays soit en pleine mutation, il reste soumis aux conventions sociales et laisse sa famille prendre les décisions à sa place. Alors que sa mère prépare activement son mariage, son patron l’envoie à Madia, une ville côtière, à la recherche de nouveaux clients. Hedi y rencontre Rim, animatrice dans un hôtel local, femme indépendante dont la liberté le séduit. Pour la première fois, il est tenté de prendre son destin en main.
Critique : Hedi signifie « calme » ou « serein ». Calme, Hedi l’est assurément. C’est sans broncher qu’il laisse sa mère lui reprocher son manque d’ambition l’opposant à son frère qui mène, selon elle, une vie prospère à l’étranger. C’est sans protester qu’il se laisse écraser par le poids des traditions autorisant sa mère à lui choisir une femme. C’est sans se plaindre qu’il accomplit son travail de commercial, lui qui se crée des bulles d’air grâce à ses dessins. En revanche, serein, Hedi, continuellement tiraillé entre deux mondes, ne l’est pas. À l’image de son pays qui s’émancipe, Hedi apprend peu à peu à se découvrir et laisse éclore au grand jour, non sans douleur, ses rêves et ses désirs.
- Copyright Bac Films
La mise en scène au classicisme assumé se concentre sur son personnage principal. Il faut dire que son visage lisse et encore presque adolescent ne révèle pas grand-chose de ce qu’il peut ressentir. Le rythme est alors d’une passivité pesante que la superbe scène de dispute mère/fils (la plus difficile à aborder selon l’aveu même du comédien) viendra rompre. La liberté et la spontanéité de Rim, la jeune femme qu’il croise dans un hôtel-club déserté par les vacanciers, le sortiront de cette introversion et lui donneront le courage d’ouvrir les portes d’un monde de sensualité, de passion et d’amour.
- Copyright Bac Films
Mohamed Ben Attia, dont c’est le premier long-métrage, parvient à trouver le juste équilibre entre tendresse et mélancolie. Hedi, s’il émeut par son éveil à une nouvelle vie, n’est jamais présenté comme une victime. Il est en âge de s’assumer et il appartient à un milieu social élevé. La beauté de la naissance de cette nouvelle vie réside dans la sobriété d’une réalisation sans détours à la manière des frères Dardenne, qui ont d’ailleurs participé à la production du film. En établissant un lien judicieux entre les changements survenus suite aux événements du Printemps arabe et l’histoire d’amour personnelle d’Hedi, le réalisateur nous offre une vision moderne de son pays, à l’encontre des clichés occidentaux. S’il n’est plus bâillonné, il demeure en proie à de nombreuses crises dans bien des domaines, laissant toute une jeunesse hésitant entre désir d’avancer et peur de changer. Plus qu’un simple personnage, Hedi représente toutes ces situations.
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Le jeune Madj Mastoura, dont c’est le deuxième long-métrage, sait avec une incroyable maîtrise mettre son corps et son visage en mode « économie d’énergie » pour donner à ce personnage indécis toute son authenticité. L’instinct naturel de sa partenaire féminine, la joyeuse Rym Ben Messaoud, nous assure d’un cocktail acidulé juste à point. Sabah Bouzouita dans le rôle de Baya, la mère de Hedi complète ce casting parfait en nous réjouissant de ce personnage intrusif mais non moins attachant dans sa certitude de n’agir que pour le bien de son fils.
Au final, Hedi milite sans être porté sur la révolution et l’on aime son ambiance toute en pondération.
– Festivals : Ours d’argent meilleur acteur et Prix du meilleur premier film Berlinale 2016
– Prix de la ville d’Amiens pour la meilleure réalisation et prix d’interprétation féminine au - Festival International du film d’Amiens 2016
– Valois de diamant au Festival du Film Francophone d’Angoulême 2016
– Sélection officielle Arras Film Festival 2016
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