Le 4 mai 2016
Premier film tourné entièrement en First Person Shooter, ce long métrage est-il l’actionner décérébré ultra violent vendu par la bande annonce ? Certainement. Mais est ce que tout ce bruit et ce sang en valait vraiment la peine ? Pas si sûr.
- Réalisateur : Ilya Naishuller
- Acteurs : Haley Bennett, Sharlto Copley, Danila Kozlovsky
- Genre : Action
- Nationalité : Russe
- Durée : 1h34mn
- Âge : Interdit aux moins de 16 ans
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Premier film tourné entièrement en First Person Shooter, ce long métrage est-il l’actionner décérébré ultra violent vendu par la bande annonce ? Certainement. Mais est ce que tout ce bruit et ce sang en valait vraiment la peine ? Pas si sûr.
L’argument : Vous ne vous souvenez de rien.
Votre femme vient de vous ramener à la vie. Elle vous apprend votre nom : Henry.
Cinq minutes plus tard, vous êtes la cible d’une armée de mercenaires menée par un puissant chef militaire en quête de domination du monde. Vous parvenez à vous échapper mais votre femme se fait kidnapper. Vous voilà perdu dans un Moscou hostile. Ici tout le monde semble vouloir votre mort. Vous ne pouvez compter sur personne. Sauf peut-être sur le mystérieux Jimmy. Pouvez-vous lui faire confiance ? Arriverez-vous à survivre à ce chaos, sauver votre femme et à faire la lumière sur votre véritable identité ?
Bonne chance Henry, vous allez en avoir besoin
Notre avis : A l’origine l’on trouve un groupe de rock russe, Biting Eblows, dans lequel jouait Ilya Naishuller, et pour lequel il réalisa plusieurs clips, dont le fameux Bad Motehrfucker, qui contenait tout les ingrédients de ce Hardcore Henry : vue à la première personne, scénario, ultra violence et musique rock. Le clip avait sa durée pour lui. En 5 minutes il apparaissait comme bourré d’idées, malgré le budget dérisoire, et traversé d ‘une énergie salvatrice malgré l’amateurisme voyant de certaines chorégraphies. 34 millions de vues plus tard et la greffe du producteur Timur Bekmanbetov sur le projet, voici que débarque dans les salles le long métrage précédé d’un bon buzz suite aux bandes annonces diffusée sur le net. Disons le clairement, malgré le statut de film culte auquel voudrait accéder le film, le sacre n’aura pas lieu.
(C) Metropolitan FilmExport
ommençons par ce qui fonctionne. Contre toute attente le dispositif de filmage (des caméras Go Pro fixées par un harnais sur l’acteur) fonctionne plutôt bien. Là où on aurait pu craindre maux de têtes et vomissements, le film reste finalement assez visible, l’action sans avoir l’épure d’un John Woo ou d’un John McTierman. Il ne sombre pas dans le syndrome shaky-cam qui à sévit dans le cinéma post Bournien. Malgré le budget, les effets spéciaux ne font jamais cheap, sauf pour une explosion où l’où se croirait dans une production Asylum. Le film tient son concept jusqu’au bout, il est généreux avec ce qu’il nous avait promis : c’est effectivement ultra violent et on ne s’embarrasse pas de questions morales. De quoi faire hurler les chantres de Valeurs Actuelles qui verront en cet objet déviant une arme de destruction massive pour nos chères têtes blondes. Ce serait impertinent car le film malgré ses atours de bombe punk est finalement complètement vain, creux et inoffensif.
(C) Metropolitan FilmExport
C’est là que les limites du film se révèlent. Le dispositif de filmage pourrait proposer une vraie immersion pour le spectateur. Rec en son temps, avait su créer un sentiment de peur inédit à son époque avec son principe de found foutage (dont cette vue façon FPS n’est qu’une amélioration finalement). Ici il n’en est rien car tout ce qui se passe à l’image est régulièrement accompagné par un soundtrack (plaisant au demeurant) qui désamorce cette sensation d’immersion. On a plus souvent l’impression d’assister à un clip de rock sur stylisé que d’être vraiment le fameux Henry du titre. En ce sens le film échoue. Entre faire un film en FPS et faire une bobine façon Tarantino ou Nicolas Widing Refn, il faut choisir. On se retrouve avec un objet hybride qu’on a l’impression d’avoir déjà vu ailleurs, en mieux.
De plus aucun discours méta n’est apporté. Tout ce déferlement de violence, cette impression d’assister à une tuerie sur 1h30 n’est jamais questionné. Hyper Tension (surtout le 2) qui jouait dans la même cour, arrivait à proposer, en filigrane de sa folie, un discours sur la société biberonnée par MTV. C’était certes léger mais au moins ça apportait un petit plus. Ici il n’est rien de tout ça. Tout est assené avec une brutalité un peu beauf. D’ailleurs le film se veut plus déjanté qu’il ne l’est vraiment car l’histoire, complexifiée inutilement, est au final très simpliste, voir un peu bête. Le twist final, ridicule, finit de désintégrer complètement la portée sulfureuse du long métrage.
Seules les interventions d’un Sharlto Coopley sous amphétamines nous donne un bref aperçu du potentiel déjanté qu’aurait pu exploiter le film si il en avait eu les moyens. Mais encore une fois, mise à part le numéro WTF de l’acteur, son personnage dont le background est plutôt bien vu, devient vite un pantin cocainé sans réelle profondeur. Il y avait pourtant lieu de creuser quelque chose sur le statut de gamer. Mais on reste dans le cliché. A quoi bon réinvestir les codes des jeux vidéo sur grand écran si à aucun moment on apporte une plus value ? Autant retourner à sa console. On passera en vitesse sur les brèves interventions de Tim Roth dont on n’a toujours pas compris l’utilité, ni ce qu’il était venu faire sur le plateau de tournage.
Clairement la fusion parfaite entre jeux vidéo et cinéma n’a pas eu lieu. Encore une fois le film ne prétend sûrement pas à autant d’honneur. En l’état il reste un produit parfaitement consommable pour ce qu’il est, aussitôt vu aussitôt oublié (excepté la performance de Sharlto Coopley qui restera un pétage de plomb bien jouissif). Les 16-20 ans devraient adorer. Ca tombe bien, ils représentent le public visé par cette production.
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