Le 25 septembre 2013
La première saison d’Hannibal vient de s’achever sur NBC. Que diriez-vous d’un petit festin ?
- Acteurs : Laurence Fishburne, Mads Mikkelsen, Hugh Dancy
- Genre : Série télé
- Plus d'informations : Portrait de Hannibal Lecter
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La première saison d’Hannibal vient de s’achever sur NBC. Que diriez-vous d’un petit festin ?
L’argument : La relation étrange entre le célèbre psychiatre Hannibal Lecter et l’un de ses patients, un jeune profiler du FBI nommé Will Graham, torturé par sa fascination dévorante pour les serial killers...
Notre avis : Bryan Fuller, le créateur d’Hannibal, aime beaucoup parler de la mort. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle le lui rend bien. Acclamées par la presse, ses deux dernières créations, Dead Like Me et Pushing Daisies, nous ont quittés trop tôt. La faute à un univers visuel trop personnel, aux aléas d’une programmation carnivore mais surtout à cette faucheuse qui, semble t-il, ne lit pas les critiques. Bryan Fuller à la poisse. Alors, quand Hannibal débarque sur les écrans de NBC, on s’inquiète de notre excitation. Survivra t-elle ? La réponse, tombée il y a quelques semaines, est oui. Par miracle, vraiment. Ses audiences, plus que faiblardes, sont un signe de plus de la fébrilité de la chaîne au paon.
Hannibal incarne la mutation que vit actuellement la télévision américaine. Devant l’exode massif des téléspectateurs vers le câble et les plateformes comme Netflix, les grands networks doivent s’adapter. Ou mourir. Ainsi, la série de Bryan Fuller se déguste d’abord avec les yeux. L’image, léchée, est d’une qualité inhabituelle pour un Network. Le nombre d’épisodes qui la composent également. La saison n’est constituée que de 13 épisodes, comme pour le câble donc. La violence et l’atmosphère, plutôt glauque, la font pencher encore un peu plus de l’autre côté
Les débuts d’Hannibal peuvent dérouter, la série se cherche. On frémit devant l’idée effroyable qu’elle puisse adopter la formule lassante d’« un épisode, une enquête ». Mais assez rapidement, le « ouf » de soulagement vient nous libérer les poumons. La série de Bryan Fuller n’est pas, comme on a pu le lire, un Cop show ou un procédural. Il serait difficile d’expliquer pourquoi sans parsemer l’argumentaire de spoilers. Certes, la série emprunte les codes du policier mais il faudrait des mains de brute pour la faire rentrer dans la case. Les premiers épisodes sont subtiles, tout se fait en douceur. Le Dr Lecter se montre discret et laisse toute la place pour installer confortablement Will Graham dans le fauteuil du héros. Instable, flirtant avec la camisole, sa sensibilité exacerbée lui permet d’entrer dans la tête des psychopathes. Belle pioche pour le FBI donc. Et bonne nouvelle pour l’intrigue, Will ne sert pas de faire-valoir au psychiatre. La relation qui se créée entre les deux personnages est complexe, ambigüe. Il est difficile de savoir comment le Dr Lecter le considère, entre sentiments sincères et curiosité morbide. N’est-il, à ses yeux, qu’un cas psychiatrique, un jouet qu’il casserait en deux pour voir ce qu’il se cache à l’intérieur ? Hannibal joue au Docteur Maboul avec le cerveau de Will mais également avec le nôtre.
Leurs échanges adoptent un rythme déroutant, entre métaphysique et introspection collective. L’image et les dialogues s’accordent dans une forme de contemplation qui n’a guère peur des silences ou d’une certaine lenteur. Will, dont la santé mentale/physique vacille, est de plus en plus submergé par ses visions. Le cerf, imagerie confuse de l’homme qu’il a dû tuer, évoluera au fil des épisodes. Entre folie et extra lucidité, celle-ci finira par représenter sa relation avec le Dr Lecter.
Le personnage d’Hannibal est une grande réussite. Mads Mikkelsen, au teint plus blafard que jamais, a su s’éloigner de la performance d’Anthony Hopkins pour proposer une belle interprétation. Glaçant, manipulateur, le Dr Lecter n’est pas la caricature qu’il aurait pu être entre de mauvaises mains. Plus psychopathe que cannibale, le personnage est intelligent sans être extravagant. On est loin des séries outrancière dans la veine de The Following. Et s’il semble figé, sans émotion, c’est parce qu’il n’a pas de « surmoi » freudien. En jouant du côté du réalisme plutôt que de la surenchère, la série confirme encore son affiliation avec le câble. Plutôt en retrait durant les premiers épisodes, il se dévoilera au fil des repas « gastronomiques ». Toujours en douceur, l’intrigue prend son temps. Chaque assiette amène son lot d’interrogations sur le contenu. Jubilatoire. L’arrivée du violoniste sera finalement le déclic. Dès lors, Hannibal ne se cachera plus des téléspectateurs, faisant monter la tension qui aboutira sur un final haletant.
Non sans défauts, Hannibal, sorte de série hybride, a tendance à reprendre certains tics du genre procedural. La vision extra lucide qui accompagne l’étude d’une scène de crime peur paraître un peu répétitive. Ce petit écueil est vite oublié tant la série de Bryan Fuller a su imposer un univers unique et addictif. Cette première saison n’est pas parfaite mais le potentiel qu’elle dégage nous rend impatient de voir la suite. Espérons maintenant qu’un nouveau miracle se produise du côté des audiences, la laissant s’épanouir plus de deux saisons. Pour ceux qui voudraient s’inviter au festin, Hannibal sera bientôt diffusée sur Canal plus.
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