Raccords - souvenirs au présent
Le 21 septembre 2014
Un passionnant ouvrage collectif qui donne enfin la juste mesure de l’oeuvre de Guy Gilles, cinéaste largement méconnu auquel la Cinémathèque française consacre cet automne une indispensable rétrospective.
- Réalisateur : Guy Gilles
- Genre : Cinéma
- Plus d'informations : http://guygilles.com/v2/presse.php?...
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– Ouvrage publié sous la direction de Gaël Lépingle et Marcos Uzal
– Éditions Yellow Now
– en librairie le 22 septembre.
Un passionnant ouvrage collectif qui donne enfin la juste mesure de l’oeuvre de Guy Gilles, cinéaste largement méconnu auquel la Cinémathèque française consacre cet automne une indispensable rétrospective.
L’argument : Objets poétiques déroutants et inclassables, les films de Guy Gilles (1938-1996) n’ont en leur temps pas trouvé la reconnaisance critique et publique qu’ils méritaient. Ce dédain passé s’explique probablement par ce qui force aujourd’hui l’admiration : ces films étaient trop à fleur de peau pour épouser la radicalité de leur époque, trop mélancoliques pour être récupérables. Mais le temps les a préservés, et a rendu plus précieuse encore leur splendeur formelle, où le présent s’égrène dans une conception unique du montage, où le spleen s’accroche à la présence des choses, à la beauté des visages et des lumières. …
Cet ouvrage est l’aboutissement du travail passionné de quelques admirateurs qui, depuis plus de dix ans, travaillent à sortir Guy gilles de l’oubli où il était tombé au lendemain de sa mort. (extraits du texte de quatrième de couverture)
Notre avis : Si on excepte le Journal d’un film de Luc Bernard, racontant le tournage de Clair de terre et publié chez Belfond en 1971, voici donc, au moment où la Cinémathèque lui consacre une indispensable Rétrospective, le premier livre entièrement consacré à l’oeuvre de Guy Chiche, alias Guy Gilles, cinéaste largement méconnu et sous estimé de son vivant et dont on mesure mieux l’importance depuis que (presque tous) ses longs métrages sont disponibles en DVD.
C’est Gaël Lépingle, auteur des remarquables documentaires Guy Gilles et le temps désaccordé et Guy Gilles photographe, qui coordonne, avec Marcos Uzal, cet ouvrage collectif de 248 pages abondamment illustrées de superbes photos et se charge lui-même d’un magnifique texte d’introduction intitulé Une filmographie où il pose d’emblée le caractère clivant d’un cinéma que son romantisme insoluble et son sentimentalisme violent ont fait taxer parfois de complaisance, d’exhibitionnisme ou de sensiblerie par ceux que rebutait ce miroir de gouffres intimes que la bienséance tait et dont le miracle était de porter à incandescence … cette chose toute simple, la tristesse de vivre, battant d’un pouls régulier, comme une onde profonde, une vibration jamais figée. Un mouvement malgré tout.
Suit, sur une vingtaine de pages, un montage d’entretiens avec Guy Gilles, témoignages toujours éclairants, souvent émouvants, d’un cinéaste qui se reconnaissait formaliste en ajoutant que la forme est l’expression de la sensibilité et pour qui pratique et théorie, travail et histoire intime étaient indissociablement liés.
Les parties II, III et IV sont consacrées chacune à une période (1958-1964 ; 1965-1971 ; 1972-1987) de l’activité du cinéaste et réunissent analyses fines et enthousiastes (Marcos Uzal : Un film à la mer, sur Soleil éteint, ainsi que Les couleurs du temps et Du côté de chez Genet ; Philippe Fauvel : Déjà tout n’était plus, sur L’amour à la mer ; Bernard Bénoliel : Le temps d’un raccord, sur Au pan coupé, Proust et Clair de terre ; Gaël Lépingle : Arrêts sur images, sur Clair de terre ; Bernard Payen : Paris mélancolie, sur les courts métrages parisiens ; Mathieu Macheret : Diaporama, en forme de lettre-hommage adressée à Patrick Jouanné ; Judith Revault d’Allones : Le suicidé de la société, sur Absences répétées ; Jean-Sébastien Chauvin : Vivre sans souvenirs, idem ; Mélanie Forret : Le Mexique retrouvé, sur La lotterie de la vie ; Claire Allouche : La nuit émue, sur Nuit docile), entretiens avec le compositeur Jean-Pierre Stora, cousin et collaborateur fidèle, la monteuse Noun Serra, Patrick Jouané, l’acteur alter-ego disparu peu après le cinéaste ou encore Philippe Chemin, mais aussi un extrait conséquent du Journal de Clair de Terre de Luc Bernard (1947-2002), le jeune frère de Guy, et des textes du cinéaste lui-même : le scénario du magnifique court-métrage Au biseau des baisers (1959) ; un Cocteau, toc toc au coeur initialement paru dans la revue Masques en 1983 où il compare sa relation avec Patrick Jouanné avec celle qui relia Cocteau à Jean Marais ; le script original de La lotterie de lavie (1975).
La cinquième partie, déclinée en Objets et Modèles, s’attache à l’oeuvre photographique de Guy Gilles qui dialogue avec son cinéma, le précède ou le prolonge.
Une filmographie détaillée recense 21 films de cinéma (dont 8 longs métrages) et 46 travaux pour la télévision, tous genres et formats confondus.
Bref : cet ouvrage qui se conclut par une bibliographie-vidéographie sélective, n’épuise pas son sujet, mais permet de prendre enfin la juste mesure d’une l’oeuvre de première importance.
- Guy Gilles, un cinéaste au fil du temps - Editions Yellow Now 2014
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