Goal of the dead : première & seconde mi-temps - la critique du film

Le film de genre marque un but ! Rendez-vous dans les tribunes pour une partie de contamination en règle sur pelouse synthétique.

L’argument : Pour l’Olympique de Paris, aller disputer ce match amical à Capelongue aurait dû être une simple corvée de fin de saison. Personne n’aurait pu anticiper qu’une infection très semblable à la rage allait se propager, et transformer les habitants du petit village en créatures ultra-violentes et hautement contagieuses. Pour Samuel – l’ancienne gloire près de la retraite, Idriss-le prodige arrogant, Coubert - l’entraîneur dépressif, ou Solène - la journaliste ambitieuse, c’est l’heure de l’affrontement le plus important de leur vie.

Notre avis : Et 1, et 2, et 3-0...! Le cinéma de genre hexagonal s’extirpe tant bien que mal de la tombe exiguë ayant été creusée à son effet par les maisons de production frileuses et autres mécréants populistes. Benjamin Rocher et Thierry Poiraud s’improvisent profanateurs de sépultures et sonnent le glas des trépassés. Avis aux amateurs de ballon rond et aux trublions avides de chair fraîche !

© Luminor Films Distribution

Goal of the dead doit autant sa morbide résurrection à la pugnacité de ses auteurs qu’à l’efficience du crowdfunding. A mille lieues des tentatives auteurisantes mâtinées d’amateurisme de ces dix dernières années, le diptyque escamote toute esthétique traîne-misère. La photographie remarquable de Matias Boucard, rehaussée par un travail de post-production intensif et de superbes effets-spéciaux, assoit contre toute-attente la crédibilité des deux longs-métrages. La composition soigneuse d’une atmosphère apocalyptique, la mise en scène encadrée, ainsi que les plans grues et autres prises de vues aériennes en hélicoptère achèvent d’occulter le faible budget en jeu.
Projeté sous la forme de double feature, Goal of the dead restaure le sens originel du terme série B. Benjamin Rocher, qui s’était d’ores et déjà distingué il y a quelques années de cela avec le hasardeux La Horde, présente une première mi-temps jubilatoire difficilement égalable. Le passage de témoin effectué avec Thierry Poiraud exprime néanmoins une telle maîtrise qu’elle en laisse pantois.
Produit d’un cinéma référencé à l’extrême, le long-métrage brasse une multitude d’allusions aux films d’épouvante cultes et comédies assimilables. De Severance à 28 jours plus tard, en passant par les séries Dead Set et Helix, Goal of the dead se targue en outre d’un montage fluide et distinctif, probable hommage à la Blood and Ice Cream Trilogy. Programme Grindhouse bleu-blanc-rouge, l’oeuvre dans son intégralité traduit aussi bien une conjugaison détonante d’humours incisifs que le profond respect dont font preuve les réalisateurs à l’encontre des codes des films de genre.

© Luminor Films Distribution

Scindé en oeuvres de soixante-dix minutes, à l’instar d’un match de football, le long-métrage s’autorise même de persifleuses critiques politico-sociales. Le match de troisième zone opposant la prestigieuse équipe de l’Olympique de Paris à Caplongue, petite bourgade perdue, n’est qu’un vaste prétexte pour recenser tous les travers de locaux analphabètes. Dans la masse de pochards, supporters et consanguins, se fondent sans peine stars arrivistes, policiers frustrés et journalistes carriéristes.
Comédie populaire, Goal of the dead dresse sur un formidable travail d’équipe les fondements d’un nouvel espoir cinématographique. La stratégie de distribution, soulignant le format atypique du long-métrage, repose quant à elle sur une campagne de promotion originale (projections événementielles hebdomadaires à Paris pendant un mois, suivie d’une tournée en province, festivals et ciné-club). Nous escomptons que sa sortie DVD et Blu-Ray en juin prochain sache créer l’événement...