Démon de midi
Le 31 mai 2011
Méditation, drôle et un brin mélancolique, sur la vieillesse, le deuxième film de Gianni di Gregorio, charme par sa justesse de tons et sa liberté.
- Réalisateur : Gianni Di Gregorio
- Acteurs : Gianni Di Gregorio, Valeria De Franciscis, Alfonso Santagata, Lilia Silvi , Elisabetta Piccolomini
- Genre : Comédie
- Nationalité : Italien
- Date de sortie : 1er juin 2011
- Plus d'informations : http://www.pyramidefilms.com/pyrami...
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– Titre original : Gianni e le donne
– Durée : 1h 30 mn
– Sortie en Italie : 11 février 2011
Méditation, drôle et un brin mélancolique, sur la vieillesse et hommage aux femmes, le deuxième film de Gianni di Gregorio charme par sa liberté de ton et sa justesse.
L’argument : Gianni, la soixantaine éclatante, fait preuve d’un dévouement exceptionnel : il est au service de son épouse, femme active débordée, de sa fille adorée, du fiancé de sa fille qui a élu domicile chez lui, et surtout de sa vieille mère, noble déchue qui s’obstine à vivre au-dessus de ses moyens.
Un jour, son ami Alfonso lui ouvre les yeux : tous les hommes de sa génération, malgré leurs airs respectables, ont une maîtresse. Gianni tente alors de changer les choses...
Il y a Gabriella, l’inaccessible, désirée de longue date, Valeria, son merveilleux premier amour, la sublime Cristina, aide à domicile de sa mère, et l’infinité des femmes qui peuplent le monde...
Gianni, tel un vieux moteur qui se remet en marche, fait du boucan, de la fumée, mais
peine à passer la seconde.
Notre avis : Le succès planétaire de son premier film, l’exquis Pranzo di Ferragosto (Le déjeuner du 15 août), ne pouvait qu’encourager Gianni di Gregorio à persévérer dans la voie de l’autofiction teintée d’autodérision.
C’est donc à une nouvelle déambulation dans les rues d’une Rome estivale aux allures de village qu’il nous invite dans cette suite et variation où il incarne à nouveau le personnage de Gianni, jeune retraité et homme au foyer toujours prêt à rendre service à son entourage. C’est lui qui fait les courses et promène le chien, prenant au passage celui de la voisine dont il est aussi le conseiller-confident, en même temps que celui de sa fille et du petit ami de celle-ci. Et bien sûr, il est toujours tyrannisé par sa vieille mère de quatre-vingt quinze ans, monstre de gentillesse perfide incarné, comme dans le premier film, par l’irrésistible Valeria De Franciscis Bendonia. Il faut la voir refuser, avec une feinte politesse, de goûter au gratin d’aubergines préparé par sa belle-fille, annoncer fièrement à son fils effaré qu’elle a vendu sa villa en viager ou l’appeler à la rescousse pour un problème assez grave (en fait une mauvaise réception de sa télé !).
Les femmes du titre sont bien sûr celles, jeunes et un peu moins jeunes, auxquelles Gianni, sur l’instigation de son ami avocat, se met timidement à faire des avances sans trop y croire, essuyant d’inévitables échecs, mais aussi son épouse, sa fille, les amies de sa mère. Toutes rayonnent de beauté et de vitalité et observent avec une bienveillance amusée les hommes, ces grands enfants un peu pathétiques qui essayent encore (Alfonso, l’avocat) ou n’essayent plus (le petit ami que sa fille n’arrive pas à larguer) d’assumer la position traditionnelle du macho prédateur.
La satire, aux relents d’actualité, du machisme italien place le film dans la tradition de la comédie de moeurs transalpine mais l’humour délicieux, jamais vulgaire, de Gianni di Gregorio évite de forcer le trait et le rythme nonchalant, la narration déliée à base de digressions et répétitions, la touche de mélancolie toujours présente l’éloignent de la causticité d’un Risi ou d’un Moretti.
Car si le film dresse en creux le portrait assez désabusé d’un pays de vieux il n’y a aucune hargne dans le regard de Gianni di Gregorio et c’est au contraire une merveilleuse impression de fraîcheur qui se dégage de dialogues auxquels seule l’improvisation (encadrée) peut donner cette justesse de ton si rare au cinéma et fait qui ici le prix de la moindre réplique.
Drôle, un peu triste (forcément) et très arrosé (il faut finir les bouteilles de champagne avant qu’il ne s’évente), le film est d’abord une nouvelle médiation sur l’acceptation de la vieillesse : Gianni finira par renoncer à ses ambitions de séducteur et à répondre au vieux monsieur en mal de conversation qui promène son caniche blanc dans le parc et auquel il avait si peur de ressembler.
Toujours léger sans être superficiel, ce savoureux Gianni e le donne est un bel exemple de cinéma en liberté qui se soucie peu de démontrer une quelconque maîtrise mais enchante par sa modestie même.
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