Le 29 janvier 2016
- Festival : Gérardmer 2016
Indiens cannibales, sorcières malfaisantes et père noël tueurs se sont succédés aux abords du lac afin de combler les spectateurs avides de frissons. Retour sur une première journée sanglante et riche en surprises.
Indiens cannibales, sorcières malfaisantes et père noël tueurs se sont succédés aux abords du lac afin de combler les spectateurs avides de frissons. Retour sur une première journée sanglante et riche en surprises.
C’est dissimulé dans la pénombre de l’Espace Lac, centre névralgique de la manifestation, que la 23ème édition s’ouvrait en cette soirée du mercredi 27 janvier via sa traditionnelle cérémonie d’ouverture. Faisant suite à d’inévitables discours d’élus locaux et régionaux, pas forcément tous inutiles, puisque l’un d’entre eux nous aura au moins permis de réviser un peu notre mythologie grecque, il est temps de découvrir le jury présidé par notre Claude Lelouch national. En toute simplicité, Lelouch ouvre le grand bal du fantastique qui s’étalera jusqu’à dimanche soir. Avec quatre salles mises à disposition pour accueillir en continu une quantité pantagruélique de projections, nul doute que le festivalier sera gâté.
Mais à présent, place au film d’ouverture Frankenstein, que le réalisateur américain Bernard Rose nous annonce "très violent", avec notamment pas mal d’hémoglobine déversée et de morceaux de cervelle à l’intérieur (miam !). C’est pourtant la déception qui domine en sortie de salle, le film ne se montrant jamais à la hauteur du mythe qu’il revisite en enchaînant les maladresses. Perclus d’incohérences (jusqu’à la dernière seconde on se demandera d’où sort la voix off intelligente...), parfois à la limite du nanar, Frankenstein choisit de parcourir un Los Angeles contemporain crasseux d’après le point de vue de sa créature aussi innocente que tourmentée dotée d’une force herculéenne. Le monstre joué par Xavier Samuel découvre avec effroi la violence du monde qui l’entoure et côtoiera un temps, à travers son odyssée maudite, un Tony Todd qui s’en sort plutôt pas mal dans son rôle de clodo bluesman aveugle. Manque de bol, ce premier film et aussi la première déception de la compétition.
D’un tout autre niveau, Bone Tomahawk, découvert le lendemain matin, n’a pas laissé indifférent puisqu’il nous aura tout simplement offert la première claque du festival. Le cinéaste S. Craig Zahler trouve un équilibre parfait dans sa combinaison des genres (le western et le cinéma horrifique). Imaginez La Prisonnière du désert - le chef d’oeuvre de John Ford - qui rencontre Vorace d’Antonia Bird pour avoir une petite idée de ce qui vous attend.
C’est bien écrit, servi par un casting d’exception (Kurt Russell, Patrick Wilson, Matthew Fox, Lili Simmons, Richard Jenkins), souvent filmé avec un sens du cadre d’une beauté désarmante et rehaussé encore un peu plus par une série de dialogues tout bonnement excellents. Bref, vous l’aurez compris, Bone Tomahawk est sans conteste la bonne surprise de cette 23ème édition et par la même occasion, notre premier coup de cœur.
La pluie qui a fait son apparition tôt dans la journée ne nous aura cependant pas empêchée de continuer à enquiller les projections. À 17h, c’était le très attendu The Witch signé Robert Eggers que l’on découvrait dans la salle bondée de l’Espace Lac. Film de sorcière bucolique qui se déroule dans la Nouvelle-Angleterre du XVIIème siècle, The Witch peut compter sur une ambiance bien pesante où le suspense surnaturel nous ensorcelle progressivement. Placé au cœur d’une cellule familiale enfermée dans son fondamentalisme religieux, le spectateur assiste à une émancipation terrifiante autour de laquelle plane l’ombre du malin. Alors certes, l’essai de Robert Eggers n’est pas exempt de défauts (on retrouve quelques longueurs et le traitement du thème de la sorcellerie et des croyances de cette époque demeure tout ce qu’il y a de plus classique), mais il se place cependant en concurrent sérieux pour décrocher une récompense dans la compétition géromoise.
On passera ensuite rapidement sur Southbound, film à sketches collectif dans la veine des récents V/H/S, un peu léger pour faire de l’ombre à qui que ce soit en compétition. Les sketches de qualité très inégale mettent en scène des personnages tous bloqués par la force des choses dans des endroits insolites où un extrême danger rôde. Construit comme une boucle qui se répète, Southbound n’offre rien de vraiment excitant et présente une qualité d’écriture trop vacillante pour convaincre. Nous clôturerons notre journée sans prise de tête, avec Silent Night, vrai/faux remake de Douce Nuit, Sanglante Nuit, déjà disponible sur une certaine plateforme VOD. Cette tentative sans véritable intérêt de Steven C. Miller ne propose rien d’autre qu’un slasher primitif ne visant que la distraction de la faune adolescente (scream queen dénudée à l’appui). Bourré de trous d’air scénaristiques et disposant de la performance en roue libre de Malcolm McDowell (on parle bien de celui d’Orange Mécanique, oui oui vous ne rêvez pas), le film se dote de quelques meurtres bien sanglants à défaut de se montrer très ingénieux. Voilà pour le résumé de cette première grosse journée passée au festival de Gérardmer. On se retrouve demain pour vous parlez de The Devil’s Candy , February, Howl et Le Fantôme de Canterville.
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