Gérard Depardieu, le Biopic en BD - la chronique BD

Résumé  :
Depuis sa naissance jusqu’à son installation en Russie, nous suivons le parcours de Depardieu, une des grandes stars du cinéma français, avec ses qualités mais aussi ses défauts. Ce qui, mine de rien, englobe une période allant de 1948 à 2014 !

Notre avis :
Sous quel angle aborder la vie de Gérard Depardieu ? Sergio Salma a choisi la simplicité. Commençons par le commencement, et suivons ce personnage plein de surprises tout au long de sa vie.

L’auteur fait le choix d’un patchwork mêlant simple dessin, gags en une page, petites histoires à chute, extrait de texte, brèves de comptoir ou citations. Le tout se mélange habilement et permet une narration linéaire sans qu’elle devienne lassante. On ne sait trop quelle forme empruntera la prochaine histoire et c’est tant mieux. Le tout est classé par chapitre, regroupant une période de la vie de l’acteur sur quelques années.
Ce qui est regrettable, ce sont parfois les redondances de propos qui reviennent d’une histoire à l’autre. Comme s’il fallait rappeler au lecteur certains points qu’il vient de lire quelques pages auparavant. A nos yeux, cela n’était pas nécessaire et nuit à la fluidité du récit.

Mais Sergio Salma nous conte avec tendresse cet homme aux visages multiples, tout en n’oubliant pas de mentionner aussi les couacs d’une carrière bien remplie.
Ainsi, si l’on retrouve le Depardieu que nous dépeignent les médias, on découvre aussi d’autres parties de sa vie, d’autres casquettes, d’autres visages, parfois intimes, ses rapports avec ses parents, ses enfants, sa jeunesse. Et l’auteur nous dépeint un personnage tout aussi attachant que détestable. Où trouver le vrai Depardieu dans tout cela ? Sans doute, comme pour tous les êtres humains, quelque part au milieu de tous ces visages...

Si on apprend des choses sur cette figure incontournable du cinéma français, on n’est pas pour autant tenu en haleine. Là où le biopic échoue, c’est à créer une montée dramatique, comme dans toute histoire. Mais reconnaissons à Sergio Salma que c’est le point difficile de tout biopic. Comment rendre intéressant et pleine de surprises une vie que les journaux nous étalent en long, en large ou en travers ?
Avec l’humour, Sergio trouve une parade à ce problème. Même si le choix des gags et des petites nouvelles enchaînées ne résolvent pas le problème, il permet en tout cas d’aérer la narration. Et si l’humour est toujours présent, il sait laisser place à des moments de tendresse, d’ironie triste, car dans ces cas, le fait de connaître la « fin de l’histoire » apporte une touche amère qui rehausse l’impact du croquis – par exemple, avec l’évocation de Guillaume Depardieu -.

Le croquis fait un choix de dessin étonnant. Salma parvient à s’éloigner du dessin réaliste tout en gardant quelques traces de ce dernier. Son Depardieu, au visage si ressemblant mais suffisamment stylisé pour le rendre personnage de papier à part entière, nous entraîne à sa suite. Il en est de même des autres personnalités qu’il croise, visage réaliste mais stylisé. Et au fur et à mesure de l’histoire, on constate que Salma se donne une marge de manœuvre dans le trait. Accentuant le réalisme de temps en temps, revenant vers la caricature à d’autres moments. Ce qui permet encore d’alléger le récit.

Cette simplicité se retrouve aussi dans les décors, souvent absents, à moins qu’ils n’aient un rôle clé dans l’histoire. Il en va de même des éléments de décors et autres accessoires. Ici, la BD nous raconte la vie d’un personnage, et ce sont les personnages qui sont donc mis en avant.
Ce choix, allié à celui du noir et blanc (rehaussé occasionnellement de touches de couleurs), renvoie ainsi au dessin de presse. Cette même presse qui n’a pas toujours été tendre avec le protagoniste. Salma boucle ainsi les choses.

Pour le cadrage, l’auteur fait sauter les cases et les dessins se côtoient souvent les uns les autres, en toute intimité. Pourtant, l’originalité ne va pas plus loin que les différents choix de format d’histoire que nous évoquions plus haut. Nous avons trouvé cela dommage. On peut retrouver des cadrages classiques, même sans case, alternant des dessins pleine page avec des découpages en bandes d’un à trois dessins. Mais le graphisme trouve vraiment un beau chemin quand les « bandes » se mélangent légèrement, tout en ne nuisant pas au sens de lecture. La mise en scène reste très simple également, sans grande originalité.
La force réside uniquement dans le trait de Salma, oscillant avec plaisir entre deux styles pour nous servir des Gérard Depardieu à différents âges où l’on reconnaît des époques, des tendances, et qui savent faire remonter à notre mémoire toutes sortes de souvenirs « Depardiesques ».

Ce biopic humoristique devrait ravir les fans de l’artiste, tout en offrant au curieux une belle plongée dans la vie de cet acteur multiple. Une BD dont le découpage des histoires en saynètes favorise une lecture éclatée. Ce qui peut être utile pour digérer à son rythme ce gros pavé... dans la mare !

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