Le bal des passionnés
Le 26 avril 2023
Armé d’un casting de haute volée, l’Australien Baz Luhrmann signe son grand retour avec l’adaptation ambitieuse de Gatsby le magnifique, déjà porté sur les écrans en 1926 et 1974.
- Réalisateur : Baz Luhrmann
- Acteurs : Tobey Maguire, Leonardo DiCaprio, Isla Fisher, Joel Edgerton, Carey Mulligan, Jason Clarke, Elizabeth Debicki, Richard Carter
- Genre : Drame
- Nationalité : Américain, Australien
- Distributeur : Warner Bros. France
- VOD : Calal VOD, Netflix, Orange, PremiereMax, UniversCiné
- Date télé : 7 septembre 2024 20:50
- Chaîne : Ciné+ Premier
- Titre original : The Great Gatsby
- Date de sortie : 15 mai 2013
- Festival : Festival de Cannes 2013
Résumé : Printemps 1922. L’époque est propice au relâchement des mœurs, à l’essor du jazz et à l’enrichissement des contrebandiers d’alcool… Apprenti écrivain, Nick Carraway quitte la région du Middle West pour s’installer à New York. Voulant sa part du rêve américain, il vit désormais entouré d’un mystérieux millionnaire, Jay Gatsby, qui s’étourdit en fêtes mondaines, et de sa cousine Daisy et de son mari volage, Tom Buchanan, issu de sang noble. C’est ainsi que Nick se retrouve au cœur du monde fascinant des milliardaires, de leurs illusions, de leurs amours et mensonges. Témoin privilégié de son temps, il se met à écrire une histoire où se mêlent des amours impossibles, des rêves d’absolu et des tragédies ravageuses et, chemin faisant, nous tend un miroir où se reflètent notre époque moderne et ses combats.
- © 2013 Warner Bros. Tous droits réservés.
Critique : Cinq ans après le très médiocre Australia, Baz Luhrmann est de retour avec Gatsby le magnifique, adaptation du célèbre roman de Francis Scott Fitzgerald publié en 1925. Ambitieux et fidèle aux précédents longs métrages de son réalisateur, le film ne lésine pas sur ses moyens : casting de haute volée (Léonardo Dicaprio, Carey Mulligan, Tobey Maguire...), bande originale composée par une pléthore d’artistes extrêmement populaires (Jay-Z, Beyoncé, The XX, Jack White, Lana Del Rey) : autant dire que Gatsby le magnifique dispose d’une force de frappe commerciale monumentale. Cerise sur le gâteau, le long métrage fait l’ouverture du Festival de Cannes alors qu’il est déjà sorti aux États-Unis (il s’agit d’ailleurs du second film à être projeté en 3D dans l’histoire cannoise, après Là-haut en 2009).
- © 2013 Warner Bros. Tous droits réservés.
Voir Baz Luhrmann, cinéaste du spectacle et de la démesure, adapter ce mythe de la littérature romantique américaine n’avait rien de rassurant. Les trente premières minutes viennent confirmer nos craintes, puisque l’Australien s’y engouffre, souvent avec une vulgarité très assumée, dans la tentation du divertissement primaire et tapageur : image numérisée au possible, mouvements de caméra virevoltants, récit éclair et figures plastifiées sont autant d’éléments qui viendront écraser le spectateur de leur brutalité. Alors oui, d’un point de vue formel, le résultat est beau, voire sublime - malgré une 3D inutile - mais cela ne suffit pas à masquer la faiblesse d’une narration maladroite et désuète : le contexte de l’histoire nous est présenté d’une façon si fulgurante par la voix off de Nick Carraway qu’il sera difficile de ne pas suffoquer devant cette avalanche d’éléments visuels, sonores et narratifs, qui s’accumulent au fil de longues minutes fastidieuses. On est donc très loin de l’élégance de l’adaptation de Jack Clayton réalisée en 1974.
- © 2013 Warner Bros. Tous droits réservés.
Néanmoins, aussi incroyable que cela puisse paraitre, Gatsby le magnifique prend une toute autre tournure une fois son enjeu principal définitivement abordé - l’histoire d’amour impossible entre une femme mariée et un homme au passé trouble. Car si le film regorge de thématiques qui ne seront finalement que peu développées (l’argent, la responsabilité), force est de constater que Luhrmann sait faire parler ses personnages tourmentés par la passion, qu’elle soit amoureuse ou amicale. En ce sens, Gatsby le magnifique parvient à convaincre par la force des sentiments, fantasmatiques mais réels, qu’il expose avec simplicité et retenue - ce que nombre de films du genre n’arrivent jamais à faire. Surtout, grâce à un univers des plus travaillés, l’histoire d’amour qu’il raconte réussit à s’inscrire dans le contexte historique particulier - l’après-Première Guerre mondiale - dans lequel elle évolue, malgré les audacieux anachronismes glissés par Luhrmann. La confrontation du passé de Gatsby à l’histoire banale de Daisy offre à leur relation le potentiel dramatique indispensable à la mise en place d’une tragédie romantique. De même, la gravitation de Nick, personnage sur qui reposent tous les enjeux mais dont la souffrance n’intéresse personne, autour de ces âmes tourmentées ? apporte une intelligente dose de pathétisme qui renforce l’impression d’assister à un spectacle théâtral mais plausible. Les bonnes performances des différents acteurs n’y sont d’ailleurs pas étrangères : Leonardo DiCaprio sait être tournoyant sans tomber dans la caricature tandis que Tobey Maguire interprète avec aisance son personnage sobre et taciturne.
- © 2013 Warner Bros. Tous droits réservés.
Il reste regrettable que les habituelles niaiseries du genre (le fameux je t’aime moi non plus) viennent s’immiscer de manière si grossière dans les vingt dernières minutes, nous rappelant la nature première du film : celle d’un divertissement efficace, visuellement épatant, mais déséquilibré par ses nombreuses superficialités.
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roger w 28 mai 2013
Gatsby le magnifique - Baz Luhrmann - critique
Mêmes qualités et mêmes défauts que les précédents films de Luhrmann : le début est hystérique et assez insipide en se fourvoyant dans le kitsch avant que l’histoire plus tragique se révèle poignante au bout d’une demi-heure. Finalement, le constat sur l’incapacité des êtres à sortir de leur condition sociale est suffisamment cruel pour emporter l’adhésion, d’autant que les acteurs sont excellents, que la réalisation est virtuose et que la 3d est employée de manière intelligente. Une réussite.
Jean-Patrick Géraud 30 juin 2013
Gatsby le magnifique - Baz Luhrmann - critique
Adaptation baroque et kitsch à souhait. Luhrmann a le sens du tragique et sait donner de l’épaisseur à ses personnages. Mais ce qui marchait pour Moulin Rouge (à mon avis le meilleur film de ce cinéaste) ne fonctionne plus ici, car le tragique est dilué dans les longueurs, les scènes lourdement démonstratives (ex. celle de l’hôtel, où les deux rivaux exposent les enjeux du conflit) et les intrigues secondaires.