Le 11 juin 2015
Une réflexion juste et audacieuse sur la fin de vie qui met à l’épreuve un groupe de retraités israéliens..
- Réalisateurs : Sharon Maymon - Tal Granit
- Acteurs : Ze’ev Revach, Aliza Rosen, Levana Finkelstein
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Israélien
- Durée : 1h35mn
- Titre original : Mita Tova
- Date de sortie : 2 juin 2015
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Une réflexion juste et audacieuse sur la fin de vie qui met à l’épreuve un groupe de retraités israéliens...
L’argument : Cinq pensionnaires d’une maison de retraite de Jérusalem ne supportent plus de voir leur ami malade souffrir. A la demande insistante de son épouse, ils se décident à construire une "machine pour mourir en paix" qui conduira le pauvre homme vers l’au-delà. Mais forcer le destin ne se révèle pas si simple.
Notre avis : Six ans après Sûmo (nominé à la Mostra de Venise de 2014), Sharon Maymon, en collaboration avec le réalisateur Tal Granit, réitère dans la comédie dramatique. Cette fois, il aborde le thème difficile de la fin de vie, confirmant que depuis quelques années, la vieillesse ne constitue plus un sujet tabou au cinéma : Amour de Michael Haneke en reste l’exemple le plus fameux. L’on évoque avec moins de réticence les souffrances liées à l’âge. Toutefois aujourd’hui, le cinéma israélien traite ce sujet d’une façon beaucoup plus originale recourant à l’humour pour dédramatiser le propos et délivrer un message particulièrement difficile à accepter.
(C) Eurozoom distribution
Un groupe d’amis retraités décide d’aider un des leurs en contournant les contingences éthiques, en abrégeant ses souffrances. Si l’on est loin du sujet de son premier film sur des sûmos israéliens, on retrouve néanmoins un thème de prédilection qui réunit les deux films : le groupe. Cet élément salvateur devient ainsi une bouée de sauvetage dans la solitude du vieillard, dans ses tourments moraux et physiques. Ici, ce ne sont plus des sûmos israeliens, mais des amis retraités qui vont tour à tour s’entraider. Les plans sont très révélateurs : lorsqu’un des personnages est en plein désarroi, il n’est plus seul dans le champ de la caméra, le groupe s’immisce à l’écran, comme pour le soutenir. Rares sont les plans où un personnage se retrouve isolé, le groupe répond toujours présent pour entourer celui qui est miné par la souffrance.
Malgré son sujet éminemment dramatique, Fin de partie, comédie douce-amère parfois bouleversante, saupoudre son propos d’un humour grinçant. Le rire est au service de thèmes tragiques, l’euthanasie en premier. Certaines scènes considérées comme hautement tragiques sont atténuées par les répliques cinglantes ou des moments humoristiques. Chacun est pris à témoin face à ces questions tellement actuelles : peut-on choisir sa fin de vie ? Que peut-on faire face à la souffrance ?
(C) Eurozoom distribution
Par ailleurs les réalisateurs réussissent, avec brio, à dénoncer le rapport faussé que les gens peuvent avoir à la vieillesse, comme l’infantilisation de la personne vieillissante. Ils portent un regard très doux, sans jugement, sur ce groupe de retraités qui évolue dans un microcosme médical aseptisé, entre hôpitaux, cures thermales et appartements ordonnés, le tout dans l’enceinte de Jérusalem, ville empreinte d’une grande religiosité où tous ces aspects de la vie sont régis par la société religieuse. Cela soude d’autant plus ce groupe de retraités dans leurs stratégies pour adoucir leurs souffrances. La troupe d’acteurs, elle-même, joue de façon très juste, avec une émotion non feinte.
Tout au plus peut-on regretter le manque d’épaisseur de certains personnages plus secondaires. De même différents aspects de l’intrigue auraient pu être développés davantage. Cela n’enlève rien à notre plaisir face à ce deuxième film plus abouti qui tient le pari de traiter de son sujet épineux avec une audace salvatrice. LehaÏm !
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