Les Filles au Moyen-Age - la critique du film

Original et surprenant, Les Filles au Moyen-Age fait partie des huit longs-métrages en compétition du Festival International du Film Indépendant de Bordeaux.

L’argument : Bercés par le récit d’un vieil homme érudit, des filles et des garçons d’aujourd’hui se retrouvent immergés dans le Moyen Âge, dans la peau du Christ, de Jeanne d’Arc ou d’amants courtois. L’heure est à la libération des femmes. C’est la lecture inédite que Hubert Viel fait de cette époque, ici recréée dans un superbe noir et blanc. Tourné avec des enfants, Les Filles au Moyen-Age est un conte loufoque et touché par la grâce, comme un Monty Python qui aurait la foi.

Notre avis : Deuxième long-métrage d’Hubert Viel, après Artémis, Cœur d’Artichaut, Les Filles au Moyen-Age se présente comme une lecture moderne de l’histoire de la femme au Moyen-Age. S’appuyant sur un long travail de recherche de la part du réalisateur, soutenu par l’avis favorable d’un médiéviste, le film fait tomber les idées reçues sur la condition féminine au Moyen-Age. A travers un voyage dans le temps, il arbore un visage féministe et souligne l’insoupçonnée puissance des femmes à cette époque. Alors que tout part d’un conflit de genre - trois garçons qui jouent à un jeu vidéo médiéval sont confrontés à trois filles qui veulent "jouer" le Moyen-Age en grandeur nature -, un vieil homme qui souhaite satisfaire les demoiselles, prend l’initiative de leur faire le récit des filles au Moyen-Age. C’est alors que les six enfants deviennent les protagonistes de cette histoire - tour à tour dans la peau du Christ, d’Euphrosine, de Jeanne d’Arc ou encore d’amants courtois - bercés par la voix du vieil homme qui s’improvise conteur. Intergénérationnel (le film réunit Michael Lonsdale, incarnant un vieil érudit et des enfants qui représentent la candeur et la modernité), didactique et ludique, ce long-métrage peine à se laisser enfermer dans les cases, tant il est nourri de multiples influences, qui font de lui une oeuvre absolument atypique.
(C) Potemkine
Les Filles au Moyen-Age, c’est une sorte de comédie bon enfant, dans laquelle les enfants incarnent des personnages historiques avec tout le naturel qui les caractérise, en y ajoutant leur touche personnelle et les marqueurs de leur génération, notamment des expressions verbales très dans l’air du temps. Ils racontent l’Histoire à leur façon et deviennent des acteurs à double titre. Dans ce retour vers le passé, rien n’est réaliste, les décors sont pauvres, les enfants jouent plusieurs rôles successivement, les scènes de violence sont dérisoires et très enfantines et le ton souvent récitatif. Tout est très scolaire, on se retrouve face à une sorte de long spectacle de fin d’année, destiné à délivrer une leçon. Si le concept est inédit et surprend au début, le spectateur mauvais élève se lassera vite de cette traversée historique qui manque de rythme et ne se renouvelle pas suffisamment. Tourné avec peu de moyens, le film offre néanmoins une très belle qualité d’image, avec un magnifique noir et blanc lors des séquences historiques, qui contraste avec une image en couleur lorsque les scènes se déroulent dans le présent. Les costumes sont éblouissants et la bande son - produite en partie par le réalisateur lui-même - contribue pleinement à créer l’atmosphère singulière du film. Quant aux acteurs, ils excellent par leur spontanéité et leur fraîcheur, ils sont le souffle de vitalité qui suscite l’adhésion. Les Filles au Moyen-Age, c’est un appel à un retour en enfance, grâce à un concept novateur doublé d’une grande simplicité.

(C) Potemkine Distribution