Festival International de la BD d’Angoulême : la débâcle.

On a d’abord eu droit cette année à la polémique sur le sexisme concernant la sélection, problème soulevé et porté par le collectif BD Égalité (avec rétropédalage de rigueur du FIBD puis annulation de la liste des auteurs avec vote libre) ; le retrait des auteurs participant au vote (Riad Sattouf et Joan Sfar en tête) ; des auteurs nominés pour le Grand Prix, Moore, Hermann et Wendling, qui se fichent de la récompense ; puis finalement un élu, Hermann, complètement en désaccord avec ce qu’il avait annoncé, qui vient chercher son trophée…. Un festival tout en cohérence.

Mais samedi soir on a atteint le sommet du ridicule, le climax du Festival lors de la remise des Fauves !
En particulier lors de la pseudo révélation des « faux Fauves ». Quelle mascarade ! Toute l’assistance est restée de marbre… et déjà sur les réseaux sociaux les résultats circulaient. La faute à la "dictature du tweet" comme dirait M.Bondoux... Nous aussi comme de nombreux médias et spectateurs on pensait assister à une « vraie » cérémonie. On imagine aisément le malaise et la réaction des auteurs et éditeurs qui ont dû se sentir trahis et humiliés. « Ah ouais j’ai gagné !!!!! Mais en fait non, c’est ton voisin ».*
D’ailleurs Terreur Graphique vient de publier un très bon résumé dessiné de la soirée.
On vous épargnera la nécrologie/hommage aux auteurs disparus en 2015 de très mauvais goût.

Cette idée de canular aurait pu éventuellement être amusante si le Gentil Organisateur, Richard Gaitet, de la soirée avait par exemple remplacé le nom des lauréats par de faux patronymes ou en renommant le Fauve en Veau. (le Veau d’or ça aurait pu être drôle).**
On peut donc aussi dire que le Festival est un canular dans son intégralité....

Heureusement on a pu enfin assister suite à cette introduction ratée et toujours dans une atmosphère lourde et poussive, à la « vraie » remise des Fauves. Voici donc le "vrai" palmarès (très masculin) dont on se réjouit :

• FAUVE D’OR - PRIX DU MEILLEUR ALBUM

Ici de Richard McGuire / Gallimard

• FAUVE D’ANGOULÊME – PRIX SPECIAL DU JURY

Carnet de santé foireuse de Pozla / Delcourt

• FAUVE D’ANGOULÊME – PRIX DE LA SÉRIE

Ms. Marvel , Tome 1 de Gwendolyn Willow Wilson et Adrian Alphona / Panini

• FAUVE D’ANGOULÊME – PRIX RÉVÉLATION, parrainé par Europe 1

Une étoile tranquille - Portrait sentimental de Primo Levi de Pietro Scarnera / Rackham

• FAUVE D’ANGOULÊME – PRIX DU PATRIMOINE, parrainé par la Caisse d’Epargne

Vater und sohn - Père et fils de Erich Ohser / Warum

• FAUVE D’ANGOULÊME – PRIX DU PUBLIC CULTURA

Cher pays de notre enfance - Enquête sur les années de plomb de la Ve République de Etienne Davodeau et Benoît Collombat / Futuropolis

• FAUVE POLAR SNCF

Tungstène de Marcello Quintanilha / Çà et là

• FAUVE D’ANGOULÊME – PRIX JEUNESSE

Le grand méchant renard de Benjamin Renner / Delcourt

• FAUVE D’ANGOULÊME – PRIX DE LA BANDE DESSINÉE ALTERNATIVE

Laurence 666 Édité par Mauvaise Foi Éditions (Lyon, France)

Malgré ces événements pénibles et parce qu’on ne voudrait pas rester sur un constat négatif il y avait tout de même de belles choses cette année à Angoulême : la présence d’Ōtomo, les expositions Morris, Menu, Pratt, Pauline Aubry, Lastman, les conférences, les EGBD (saluons leur formidable travail d’étude et d’analyse consacré aux auteurs BD, cf. les résultats de l’enquête), les rencontres, le Off of Off, les concerts dessinés et surtout : la disponibilité des auteurs.

Alors, 2017 l’année du changement ?

* Hier après-midi le Festival s’est fendu d’un communiqué annonçant, en s’excusant à peine, que les « Faux » Fauves étaient une blague (oui les petits miquets c’est forcément drôle), qu’il fallait en rire et que franchement on devrait avoir un peu plus d’humour (BD=humour). Depuis quand on doit expliquer une blague ? Si on l’explique ce n’est pas une blague, donc ce n’est pas drôle !

** Ultime rebondissement, hier soir très tard, le Monsieur Loyal de la soirée à écrit une longue tribune dans Le Monde annonçant son mea culpa qui semble sincère…. à l’inverse du comportement du FIBD.