Festival de Cannes 2015 : nos prédictions sur la sélection officielle

Comme chaque année, à quelques jours de l’annonce officielle des films en compétition sur la Croisette, les rumeurs cannoises vont bon train. C’est le moment où chaque cinéphile y va de son pronostic, s’en remet aux étoiles, jauge la moindre virgule sur le Twitter de Thierry Frémaux. Or, il se pourrait bien cette fois que le Festival de Cannes remplisse quelques promesses.

Mais avant de s’élancer à bride abattue dans l’incontournable jeu des rumeurs cannoises, commençons par le début. De quoi est-on réellement sûr pour l’instant ? D’abord, le jury de cette 68ème édition du Festival de Cannes, qui aura lieu du 13 au 24 mai prochain, sera présidé par Joel et Ethan Coen. D’autre part, le réalisateur de Timbuktu, Abderrahmane Sissako sera président du jury des courts métrages et de la Cinéfondation. Tandis que la comédienne et réalisatrice israélienne Ronit Elkabetz présidera le jury de la 54ème édition de la Semaine de la Critique, et Isabella Rossellini le jury Un Certain Regard. Pour le reste, l’incertitude règne. Et les déclarations du délégué général du festival Thierry Frémaux, qui prévenait il y a peu qu’un tiers de la sélection seulement était pour l’instant arrêté, ne sont pas là pour nous aider davantage – 1 800 films ont été envoyés au festival. Alors qu’importe : pour patienter d’ici la levée du rideau, ressortons la boule de cristal.

Le dernier Pixar en ouverture ?

Il y a quelques mois, nous évoquions la possibilité de voir débarquer À la poursuite de demain (de Brad Bird) pour inaugurer la 68ème édition du Festival de Cannes. Ou encore Belles familles, de Jean-Paul Rappeneau, dont le casting s’avère taillé pour l’occasion. Si le premier reste en lice, le second a finalement vu sa sortie repoussée au 14 octobre. Mais un autre film, un peu trop évident peut-être, pourrait bien trouver sa place : il s’agit de Vice Versa, le dernier bébé de Pixar signé Pete Docter, dont le Là-haut avait fait déjà fait l’ouverture du festival en 2009. Sa sortie est prévue le 17 juin en France. Quant à Mad Max : Fury Road, il a été officiellement annoncé en sélection officielle, hors compétition.

Le cinéma européen en force

Côté britannique, High Rise, de Bean Wheatley (adapté de J.G. Ballard) et Sunset Song, de Terence Davies semblent de solides candidats. Même chose pour Icon de Stephen Frears, biopic sur le coureur Lance Armstrong. Mais une seule chose dont on soit sûre pour l’heure : Amy, le documentaire signé Asif Kapadia sur Amy Winehouse figurera bien en sélection officielle.
Par ailleurs, deux films font beaucoup parler d’eux depuis le début de l’année : Louder than Bombs, de Joachim Trier, avec Gabriel Byrne et Isabelle Huppert, et The Lobster, de Yorghos Lanthimos, avec Rachel Weisz et Colin Farrell. Plutôt bien barrée, l’histoire de ce dernier suit des célibataires qui, parce qu’ils n’ont pas su trouver l’âme sœur à temps, se retrouvent transformés en l’animal de leur choix avant d’être livrés à eux-mêmes. L’on pourrait citer aussi Andrzej Zulawski et son Cosmos, avec Sabine Azéma, On the Milky Road d’Emir Kusturica ou encore 11 minutes, de Jerzy Skolimowski.

Mais les plus prolifiques sont sans doute cette année les italiens, attendus en grande pompe à Cannes. Ainsi, Nanni Moretti pourrait arriver avec son Mia Madre, Matteo Garrone avec Le conte des contes, Marco Bellochio avec L’Ultimo Vampiro, Paolo Sorrentino avec La Giovinezza, Stefano Sollima avec Suburra ou encore Luca Guadagnino avec A Bigger Splash, nouveau remake de La Piscine. Mais comme tout ce beau monde ne tiendra pas à Cannes, nul doute que les laissés pour compte se rattraperont avec le Festival de Venise en septembre.

Mais aussi…

Men & chicken, d’Anders-Thomas Jensen
Les Chevaliers blancs, de Joachim Lafosse
Le Tout Nouveau Testament, de Jaco van Dormael
Les mille et une nuit, de Miguel Gomes
Regression, d’Alejandro Amenabar
My Treasure, de Corneliu Porumboiu
Lily Lane, de Bence Fliegauf
Box, de Florian Serban
L’Étage du dessous, de Radu Muntean
A War, de Tobias Lindholm
Francophonia, le Louvre sous l’Occupation, d’Alexander Sokourov

Quid du cinéma américain à Cannes ?

Non, plus la peine de rêver : Silence de Martin Scorsese et The Hateful Eight de Quentin Tarantino ne seront ni l’un ni l’autre terminés à temps pour la Croisette. Mais de nombreux réalisateurs attendus au tournant n’ont pas encore dit leur dernier mot. Il est ainsi toujours probable de voir Gus Van Sant faire partie de la sélection avec The Sea of Trees, porté par Matthew McConaughey et Naomi Watts. Il se murmure en effet que son film était quasiment prêt pour le festival de Berlin.
Parmi les autres évidences, en vrac : Carol, de Todd Haynes - avec Cate Blanchett -, The Last Face, de Sean Penn, Beasts Of No Nation, de Cary Fukunaga, ou encore i, de Woody Allen, avec Emma Stone et Joaquin Phoenix - à noter que Woody n’est pas revenu à Cannes depuis Midnight in Paris (2011). Pas impossible aussi de voir Natalie Portman venir présenter son premier film, A Tale of Love and Darkness. Outre Vice Versa, côté animation, Les Minions pourrait également se tailler la part du Lion, ne serait-ce que pour les couples Canet-Cotillard et Sandra Bullock-Jon Hamm se chargeant des voix. Enfin, gageons que le canadien Denis Villeneuve, avec Sicario, choisisse de poser ses valises plutôt à Cannes qu’à Toronto. Car il s’agit là aussi d’un candidat à la mesure de l’évènement.

Mais aussi…

Midnight Special, de Jeff Nichols
Une vie entre deux océans, de Derek Cianfrance
Our band is Crisis, de David Gordon Green
Green room, de Jeremy Saulnier
The Witch, de Robert Eggers

Quoi de neuf, du côté du cinéma du monde entier ?

Du côté de la Chine, Jia Zhang-ke sera bien présent à Cannes pour se voir décerner le Carosse d’or de la Quinzaine des réalisateurs. Mais il faudra en revanche patienter jusqu’en 2016 pour avoir des nouvelles de son dernier film. En guise de consolation, le Festival pourrait néanmoins faire une place à The Crossing hors compétition, le dernier John Woo, ou à la comédie musicale Hua Li Shang Ban Zou, de Johnnie To. De même, une séance de minuit pourrait être réservée à Love in Khon Kaen, du thaïlandais Apichatpong Weerasethakul. Alors que beaucoup attendent toujours fébrilement The Assassin de Hou Hsiao-hsien.

Au Japon, les abonnés de la Croisette Hirokazu Kore-Eda et Naomi Kawase ont respectivement terminé Our Little Sister et An. Tandis que tout est encore possible pour Kiyoshi Kurosawa (Journey to the Shore), Sono Sion (Love & Peace) et Takeshi Kitano (Ryuzo to 7 Nin Ni Kobun Tachi).

En Amérique latine, quelques films sont également à surveiller de près, comme El Clan, de Pablo Trapero, Love de Gaspar Noé – eh oui, il est argentin - et La Patota, de Santiago Mitre. En Afrique, Ma Révolution, du Tunisien Ramzi Ben Sliman, Lamb, de l’éthiopien Yared Zeleke et Madame courage, de l’Algérien Merzak Allouache pourraient tirer leur épingle du jeu en compétition.

Mais aussi…

Crimson Peak, de Guillermo del Toro
Macbeth, de Justin Kurzel
Last Cab to Darwin, de Jeremy Sims
Chronic de Michel Franco
Rest Home, de Suzanne Clément
Gokseong, de Na Hong-jin
My Friendly Villains, d’Im Sang-soo
Bombay Velvet, d’Anurag Kashyap

Desplechin et Audiard au coude-à-coude ?

Les rumeurs avancent que le dernier Jacques Audiard sur la communauté tamoule, Erran, n’est pas encore fini. Reste maintenant à savoir si le réalisateur tentera tout de même l’aventure. Mais les derniers échos mentionnent aussi La Tête haute, d’Emmanuel Bercot, sans oublier Mon roi, de Maïwenn et Valley of Love, de Guillaume Nicloux. Enfin, celui sur lequel il faut peut-être compter n’est autre que Trois souvenirs de ma jeunesse, préquelle de Comment je me suis disputé… (ma vie sexuelle), d’Arnaud Desplechin.

Mais aussi…

La Belle saison, de Catherine Corsini
Microbe & Gasoline, de Michel Gondry
L’ombre des femmes, de Philippe Garrel
Lolo, de Julie Delpy
Evolution, de Lucile Hadzihalilovic
Taj Mahal, de Nicolas Saada
21 nuits avec Pattie, d’Arnaud et Jean-Marie Larrieu
Amnesia, de barbet Schroeder
Une Histoire de fou, de Robert Guédignian
Marguerite, de Xavier Giannoli

Nos prédictions

Ouverture

Vice Versa, de Pete Docter

Séances de minuit

Love, de Gaspar Noé
Crimson Peak, de Guillermo del Toro
The Witch, de Robert Eggers

Hors compétition

Mad Max : Fury Road, de George Miller
Gokseong, de Na Hong-Jin
Regression, d’Alejandro Amenabar
L’Ultimo Vampiro, de Marco Bellochio

Séances spéciales

Francophonia, le Louvre sous l’occupation, d’Alexandre Sokourov
La Belle saison, de Catherine Corsini
A Tale of Love and Darkness, de Natalie Portman
21 nuits avec Pattie, d’Arnaud et Jean-Marie Larrieu
Amy, d’Asif Kapadia

Film de clôture

The Crossing, de John Woo

Un certain regard

La tête haute, d’Emmanuelle Bercot
The Clan, de Pablo Trapero
Taklub, de Brillante Mendoza
Les Mille et une nuit, de Miguel Gomes
My Treasure, de Corneliu Porumboiu
La Patota, de Santiago Mitre
Les Chevaliers blancs, de Joachim Lafosse
Lamb, de Yared Zeleke
Bombay Velvet, d’Anurag Kashyap
Marguerite, de Xavier Giannoli
Evolution, de Lucile Hadzihalilovic
Le conte des contes, de Matteo Garrone
Le Tout Nouveau Testament, de Jaco van Dormael
The Last Face, de Sean Penn
Madame courage, de Merzak Allouache
Ma Révolution, de Ramzi Ben Sliman
A War, de Tobias Lindholm
L’ombre des femmes, de Philippe Garrel
Amnesia, de Barbet Schroeder
Our band is Crisis, de David Gordon Green

Compétition officielle

The Sea of Trees, de Gus Van Sant
Our Little Sister, d’Hirokazu Kore-Eda
Midnight Special, de Jeff Nichols
Trois souvenirs de ma jeunesse, d’Arnaud Desplechin
Carol , de Todd Haynes
Louder than Bombs, de Joachim Trier
Mia Madre, de Nanni Moretti
Beasts Of No Nation, de Cary Fukunaga
Love in Khon Kaen, d’Apichatpong Weerasethakul
Erran, de Jacques Audiard
High Rise, de Ben Wheatley
Lobster, de Yorgos Lanthimos
Mon roi, de Maîwenn
My Friendly Villains, d’Im Sang-soo
La Giovinezza, de Paolo Sorrentino
L’Homme irrationnel, de Woody Allen
Macbeth, de Justin Kurzel
Cosmos, d’Andrzej Zulawski
Sunset song, de Terence Davies
The Valley of Love, de Guillaume Nicloux