Farce
Le 31 mars 2012
Un premier film bas du front révolutionnaire.
- Réalisateur : Juan Felipe Orozco
- Acteurs : Édgar Ramírez, Ricardo Vélez, Carolina Gomez, Salvador Del Solar
- Nationalité : Américain, Mexicain, Colombien
- Editeur vidéo : Wild Side Video
- Durée : 1h35mn
- Titre original : Saluda al diablo de mi parte
- Festival : L’Etrange Festival 2011
L'a vu
Veut le voir
– Date de sortie DVD/Blu-ray : 4 avril 2012
Un premier film bas du front révolutionnaire.
L’argument : Angel a commis des crimes impardonnables. Pour protéger son peuple, le gouvernement colombien lui a offert un nouveau départ : Angel a rendu les armes et a été amnistié. C’est alors qu’une de ses anciennes victimes kidnappe sa fille et lui donne 72 heures pour éliminer les membres de son ancienne unité. Piégé, celui qu’on surnomme "le Diable" va tout mettre en œuvre pour sauver sa fille…
Notre avis : S’il n’aide pas le spectateur européen à mieux situer l’intrigue, le titre original du film de Juan Felipe Orozco (Saluda al diablo de mi parte, soit "Salue le diable de ma part") a quand même plus de gueule que celui dont nous avons écopé. Reste le pitch, toujours aussi prometteur, qui nous propose de s’attaquer aux conséquences, en Colombie, de la promulgation de la très discutable loi « justice et paix » (2005) visant donc à amnistier les paramilitaires repentis tout en favorisant leur réinsertion. Un système bancal dont le personnage de Leder (ex-otage commanditaire des assassinats) pose d’emblée la contradiction fondamentale : « Ici, plus le crime est atroce, mieux vous vous en sortez ».
Du reste, le personnage d’Edgar Ramirez ne s’en sort pas si bien que ça. Bras armé du talion, instrument d’une vengeance cathartique, le Carlos d’Olivier Assayas se coltine la lourde charge d’interpréter un colosse mutique dont les changements d’expression sont aussi imperceptibles que les cas de conscience. Alors bien sûr, Ramirez joue très bien la violence sourde, et on comprend la volonté du scénariste de faire de son antéchrist fratricide un puits sans fond, mais peut-être eut-il fallu construire autour du « diable » un film capable de justifier sa performance d’insondable dolmen. La plupart des problèmes de F.A.R.C résident en fait dans son incapacité à exploiter les avantages qu’il cumulait dans les starting-blocks, à savoir un très bon premier rôle, un contexte original et une vraie double-thématique sur la justice et la culpabilité à creuser.
En expédiant ces questionnements en voix-off (notamment en mettant en scène un entretien de Leder avec une journaliste espagnole sur la séquestration physique et mentale, l’inanité de la vengeance et l’impunité terroriste) et sans les approfondir, ni par le script, ni par la réalisation dans le reste du film, Orozco fait de sa toile de fond un papier peint douteux, dont on se désintéresse à regret. Mais quitte à faire le deuil de la pensée, on trépigne à l’idée de recevoir quelques uppercuts dans les tripes avec une vraie série B sur la purification et la rédemption par les flammes. Or, pour réussir un film de vendetta en milieu terroriste, encore faut-il maîtriser sa mise en scène et tout particulièrement ses gunfights. Illisibles, montées à la truelle et ponctuées de ralentis vomitifs, les fusillades et autres bastons orchestrées par ce fan proclamé de Tarantino ne font rien pour sauver les meubles. Sans les séquences d’interrogatoire et d’exécutions à l’acide sulfurique menées par un commissaire cinglé (Salvador Del Solar, bonne surprise), de loin les plus tétanisantes, nous aurions sans doute envisagé l’auto-injection d’épinéphrine pour supporter l’intrégalité de F.A.R.C, qui plus est alourdi par une symbolique amenée directement au semi-remorque (gros plans sur le sang couvrant les mains du diable, son profil sur fond de brasier…).
Irréfléchi et poseur, le film se clôt sur une séquence nihiliste qui se voudrait inspirée par les frères Coen tout en peinant à tutoyer les heures les plus sombres des Cordier juge et flic. En passant notre chemin, on remercie tout de même Orozco de nous avoir prouvé que notre coffret Kill Bill et l’intégrale VHS de Pierre Mondy n’étaient pas incompatibles.
Blu-ray correct, ni plus ni moins.
Les suppléments :
Un journal de bord efficace mais concis, et des "coulisses" vidéo pas plus intéressantes que le film. Quant au reste, c’est le tout-venant (bandes-annonces, photos)
Image :
HD irréprochable au service d’une direction artistique démissionnaire.
Son :
Un DTS 5.1 uniquement fonctionnel pour une bande-son anonyme.
Galerie Photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.