Le 18 février 2020
Adapté du récit Tragédie à l’Everest, qui relate la conquête désastreuse du célèbre sommet, ayant entraîné la mort de huit alpinistes, en 1996, le long-métrage de Baltasar Kormákur est un nouvel avatar du film catastrophe, qui sacrifie la psychologie des personnages sur l’autel du spectacle.
- Réalisateur : Baltasar Kormakur
- Acteurs : Emily Watson, Robin Wright (Robin Wright Penn), Jake Gyllenhaal, Keira Knightley, John Hawkes, Josh Brolin, Michael Kelly, Jason Clarke
- Genre : Drame, Aventures, 3D
- Nationalité : Américain, Islandais
- Distributeur : Universal Pictures France
- Durée : 2h02mn
- Date télé : 6 octobre 2024 20:55
- Chaîne : RTL9
- Date de sortie : 23 septembre 2015
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Résumé : Inspiré d’une désastreuse tentative d’ascension de la plus haute montagne du monde, Everest suit deux expéditions distinctes confrontées aux plus violentes tempêtes de neige que l’homme ait connues. Luttant contre l’extrême sévérité des éléments, le courage des grimpeurs est mis à l’épreuve par des obstacles toujours plus difficiles à surmonter alors que leur rêve de toute une vie se transforme en un combat acharné pour leur salut.
Critique : Inspiré d’une tragique double expédition à l’assaut du mythique Everest, qui advint au mitan des années 90, ce film catastrophe réussit l’exploit d’indifférencier tous les protagonistes, là où la triste réalité leur donnait évidemment une identité et une psychologie. Il faut supporter des situations convenues, conformes à un cahier des charges qui suppose l’exaltation de l’héroïsme, ainsi qu’une bonne dose de scènes pathétiques : citons, pêle-mêle, une séparation à l’aéroport, émaillée de champs-contrechamps insistants, des échanges téléphoniques avec une femme anxieuse, demeurée une mère modèle à son foyer et dont les répliques sont attendues, ou les confessions d’un grimpeur sur la nécessité de l’aventure que valident des sourires entendus, lors d’un repas vespéral. Il faut, durant une première heure bien longue, supporter le jeu monolithique des comédiens, à qui les dialogues imposent quelques phrases prémonitoires : non pas "la montagne, ça vous gagne", plutôt "à la fin, c’est toujours elle qui gagne", comme le dit un aîné qu’on écoute (parce qu’on écoute toujours les aînés).
De bivouac en bivouac, tandis que des informations textuelles valident la progression, la mise en scène juxtapose les situations prévisibles où des hommes, soumis à leurs guides, écoutent la mâchoire serrée les dernières recommandations, avant des épreuves qu’ils savent inéluctables. La réussite de l’ultime ascension prodigue une adrénaline euphorisante, couronnée par des effusions et des paroles de circonstance - "je suis fier de toi " -, tandis que la caméra tournoie et signe la performance par une vision en plongée vertigineuse.
Plus dure sera la descente, car bientôt les ennuis s’accumulent : l’épuisement physique, le manque d’oxygène et une terrible tempête qui se lève. L’expédition tourne à la catastrophe et le film trouve enfin une signature artistique, organisant de manière très réaliste un spectacle saisissant : réduits à des ombres, bientôt piégés par le froid, les aventuriers tombent un à un, comme si une punition immanente des éléments venait s’abattre sur ces expéditions imprudentes, organisées par des agences, et qui se sont multipliées à partir des années 90 pour satisfaire des grimpeurs en quête de sensations fortes. Le film rappelle opportunément que la conquête de l’Everest n’a rien d’une promenade de santé touristique. Mais hélas, il sacrifie véritablement ses protagonistes sur l’autel d’une mise en scène calibrée : ce n’est vraiment pas le meilleur hommage qu’on pouvait rendre aux disparu(e)s.
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