Etienne Chatiliez : des idées qui ne font plus recettes au box-office

Le réalisateur de la vie est un long fleuve tranquille et Tatie Danielle aligne désormais les flops...

Après des années 80 pubs, Etienne Chatiliez se lance dans la réalisation de longs métrages. Son ton frais et cynique font immédiatement mouche auprès du très grand public. La vie est un long fleuve tranquille, dont le titre est un film à lui tout seul, est un phénomène en France à une époque (1988) où le cinéma hexagonal est foudroyé par la crise. Plus de 4 millions d’entrées, dont un beau million deux sur Paris. A part Luc Besson ou Jean-Jacques Annaud, personne ne fait plus pareil résultat sur notre territoire !
Vieille et méchante, l’excellente Tatie Danielle (1990) n’est pas en reste. Cette nouvelle comédie sociale du réalisateur fait rire à gorge déployée plus de 2.1M de Français malveillants, et 562.000 apôtre de l’humour "fluide glacial" en France ! Pas mal du tout vu le sujet !
Avec son troisième film, celui qui prend désormais son temps pour proposer ses opus (on est en 1995 !) et choisit judicieusement ses titres et ses affiches, connaît le plus gros succès de sa carrière : Le bonheur est dans le pré est un carton qui flirte de près avec les 5 millions d’entrées France et connaît un succès parisien d’1.1M, ce qui est énorme pour cette fable humoristique portée sur la France profonde. Azéma, Serrault, Eddie Mitchell... tout le monde connaît des pics de succès dans ce triomphe qui s’exporte bien à l’international.
Avec Tanguy qui met en scène les tribulations d’un couple désespéré (incarné par Dussolier et Sabine Azéma) devant l’enracinement de leur adulte de môme qui ne veut pas quitter le cocon familial, c’est encore un vrai phénomène qui attend le cinéaste. Chatiliez lance un débat de société et touche encore le pactole : 4.3M d’entrées France dont 895.000 à Paris. Le cinéaste est alors, en 2001, l’un des champions absolus de la comédie française, comme ont pu l’être en leur temps des Claude Zidi, Jean Girault... la qualité et l’étiquette auteur en plus !
Malheureusement le reste de la décennie ne lui réussira pas du tout. Commence alors une trilogie, celle du flop avec La confiance règne (496.000 France, 130.000 Paris en 2004), la comédie musicale Agathe Cléry sur le racisme (1.2M France, 278.000 Paris, en 2008) et aujourd’hui L’oncle Charles au démarrage français catastrophique qui le situerait en fin de carrière en deçà du total de La confiance règne. Que se passe-t-il pour Chatiliez ? Des idées et un style qui appartiennent à une autre époque ? Effectivement, cela fait daté, il n’y a qu’à regarder le sourire outré des personnages sur l’affiche d’Oncle Charles. Mais surtout un manque d’inspiration qui situe chacun de ces trois métrages largement en-dessous des jalons de l’auteur qui, autrefois, nous faisait vraiment rire ! Agathe Cléry était convenu dans sa progression narrative et manquait finalement de gags et dialogues politiquement incorrects et L’Oncle Charles pâtit de cette même fadeur. Celui qui tourne désormais tous les 4 ans a donc quelques années devant lui pour réfléchir à une contre-offensive. On restera curieux...