Le 14 mars 2012
- Réalisateur : Tomas Lunak
- Plus d'informations : Le site officiel d’Alois Nebel
En attendant la fin de l’hiver et la sortie d’Alois Nebel, rencontre avec Tomas Lunak, le jeune réalisateur de ce film ambitieux, qui nous parle pêle-mêle de son histoire, du cinéma d’animation et de la bande-dessinée dont il s’inspire.
En attendant la fin de l’hiver et la sortie d’Alois Nebel, rencontre avec Tomas Lunak, le jeune réalisateur de ce film ambitieux, qui nous parle pêle-mêle de son histoire, du cinéma d’animation et de la bande-dessinée dont il s’inspire.
aVoir - aLire : Quel a été votre parcours avant Alois Nebel ?
Tomas Lunak : J’ai étudié le cinéma d’animation à Zlin, ma ville natale, avant d’entrer à la FAMU où j’ai passé huit années. Normalement les études s’y effectuent en 5 ans mais je suis parti entre-temps vivre à Barcelone, où j’ai fondé un studio d’animation avec quelques amis. L’école m’a permis de réaliser mes premiers courts-métrages, l’un d’entre eux ayant même été sélectionné au festival d’Annecy.
aVoir - aLire : Pourquoi le choix d’un film d’animation ? Vous êtes-vous inspiré d’expériences récentes telles que Persépolis ou Valse avec Bachir ?
Tomas Lunak : Le choix de l’animation vient surtout du producteur, mais j’ai effectivement vu ces deux films. Comme notre projet s’est fait en cinq ans, je ne peux pas dire qu’ils m’aient inspiré directement. J’ai connu le dessinateur de l’oeuvre originale, Jaromir 99, quand il était chanteur pour un groupe de rock dont j’ai réalisé le premier clip vidéo. C’est donc son travail qui m’a inspiré avant tout, dès sa genèse, avant même sa publication.
aVoir - aLire : Comment s’est effectué le travail d’adaptation à partir de la bande-dessinée ?
Tomas Lunak : La BD s’étend sur trois volumes : il a donc fallu condenser, élaguer certains passages, car je dois avouer que c’est une oeuvre très longue, que je n’ai pas lu entièrement et qui manque parfois de cohérence. Il a fallu trouver un fil conducteur, quitte à créer de nouveaux personnages. Mais le plus important, pour moi, c’était de conserver la gravité, la lourdeur, l’intensité du dessin.
aVoir - aLire : D’où le choix d’utiliser la technique de la rotoscopie, un procédé qui permet de restituer au plus près la vérité des acteurs ?
Tomas Lunak : Oui, le travail avec de vrais acteurs m’est apparu indispensable et la rotoscopie entraîne quelques imperfections dans l’image que j’aime beaucoup, parce que j’y trouve quelque chose de plus authentique, de plus vivant que dans la perfection.
aVoir - aLire : Pourquoi le choix d’aborder un sujet historique d’une telle ampleur, qui va de l’annexion des Sudètes à la Révolution de Velours ?
Tomas Lunak : En ce qui me concerne, j’aime l’idée de pouvoir faire un film grave sur une longue période, tout comme je défends le droit pour de vieux auteurs de tourner de petites comédies légères, ludiques, sur des sujets contemporains.
Ensuite, il me semble que la période mise en scène par le film a encore des répercussions importantes sur la République Tchèque. Elle fait d’ailleurs écho au passé des deux auteurs de la BD, originaires des régions frontalières. Plus généralement, le film montre que les transitions politiques sont toujours plus délicates qu’elles n’en ont l’air, comme on le voit lorsque la "révolution" a lieu et que les personnages demeurent tristes et taciturnes, ou bien lors de l’inondation finale, où le passé refait surface de manière quasiment "climatique" et s’incarne dans le paysage.
aVoir - aLire : Alois Nebel a été écarté de la course aux Oscars. Quel est votre favori dans la catégorie "Meilleur film étranger" ?
Tomas Lunak : Les Oscars n’ont pas une très grande importance pour moi, mais j’aime beaucoup le film d’Asghar Farhadi, Une Séparation, qui me semble avoir été une oeuvre majeure cette année.
Remerciements : Matilde Incerti, Jérémie Charrier.
Voir également le site officiel du film (ICI) et le blog de Jaromir 99 (ICI).
Galerie photos
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