Le 3 juin 2005
L’auteur du passionnant Michel tente de cerner, après coup, les contours de son disque.
L’auteur du passionnant Michel tente de cerner, après coup, les contours de son disque.
On l’imaginait timide et secret, on le découvre disert et volubile, impatient de partager. L’auteur du sidérant et intime Michel fait preuve d’un enthousiasme débordant à l’idée d’évoquer son dernier né, dont il avoue ne pas encore avoir cerné les contours. En tout cas, il en est visiblement fier. Comme il le dira à plusieurs reprises durant l’entretien, "j’ai mille trucs à dire à propos de ce disque". En voici déjà quelques-uns.
aVoir-aLire : Avant de parler de Michel, revenons sur ton apparition au récent Printemps de Bourges aux côtés de Vincent Delerm et Albin de La Simone (lire ici). D’où est venue l’idée de ce concert unique en trio, et pourquoi avoir accepté ?
Mathieu Boogaerts : En fait, à la base, je suis plutôt du genre à jouer de la musique dans mon coin. Le côté We are the world, on chante à plusieurs, tout ça : très peu pour moi. Mais il se trouve que Vincent (qui est un mec que j’adore, vraiment, je le trouve génial), c’est son truc. Il m’a donc facilement convaincu, mais je l’ai fait parce que c’était lui et Albin, qui est un ami aussi. Après, chacun a mis son grain de sel. Moi, je voulais surtout que ça soit "bien" avant d’être "marrant". Donc on a fait trois répétitions et on est arrivé, pour moi, au minimum présentable. J’aurais bien aimé une répét’ de plus, mais bon. A l’arrivée, j’en suis très content. Je suis même fier d’avoir montré cela aux gens.
Sur l’album de duos Tôt ou tard, tu interprètes avec Vincent Delerm un titre, Na na na, où vous égratignez gentiment les journalistes, reprenant les questions qui reviennent souvent lors de vos interviews. Vincent te demande à un moment « êtes-vous minimaliste ? » Alors, l’es-tu ?
(Rires) Je sais pas si je suis minimaliste, mais c’est vrai, comme je le dis dans la chanson, que j’aime bien l’idée de faire beaucoup avec peu. Si tu peux faire un truc en deux accords, pourquoi en ajouter un troisième ? Pour le coup, oui, c’est une démarche. Mais "minimaliste", je sais pas ce que c’est. Effectivement, j’aime bien l’air, j’aime bien l’espace, donc oui, à force d’enlever des choses, il ne reste plus que le plus précieux de la chanson. Il faut qu’elle soit riche, mais avec peu de choses. Si "minimaliste" c’est pauvre, alors non.
Est-ce que "Michel aide Mathieu à se dévoiler", comme le dit le dossier de presse ?
Déjà, j’ai toujours écrit mes chansons à la guitare, mais j’ai attendu quatre disques avant de les chanter à la guitare. Je sais pas pourquoi, ça paraît totalement absurde, mais bon. Depuis le début, j’aurais dû commencer par enregistrer guitare-voix, et puis après y ajouter des choses. Mais peut-être influencé par les années 80 (boîtes à rythmes et compagnie), je commençais souvent par la rythmique. Sur Michel, toutes les guitares et les voix ont été enregistrées en même temps avec un minimum de rythmique, avant tout le reste. Ce qui fait que le duo guitare-voix constitue le cœur de Michel. Et cela donne peut-être un côté plus intime, plus sensuel.
Est-ce que tu réécoutes tes disques, tu arrives à avoir du recul sur ce que tu as enregistré ?
J’ai un rapport très très particulier avec ce disque-là en tout cas. Pour Michel, tout les choix que j’ai pu faire, tout ce que j’ai validé ou non (tel mot, tel accord, tel arrangement), je l’ai fait sur la base de l’effet que cela me produisait, laissant la réflexion froide et raisonnable de côté. Je pouvais laisser tomber un couplet mieux ficelé par exemple au profit d’un couplet moins bien écrit mais que je jugeais plus fort. Pareil pour la voix : je pouvais garder une prise où je chantais moins juste si l’émotion me semblait supérieure. Tout ça pour dire que c’est un disque où il y a plus de moi, car ce sont mes choix "émotionnel" qui m’ont guidé. Et paradoxalement, je ne l’ai pas réécouté depuis l’étape du mastering. Ce jour-là, j’ai trouvé ça tellement parfait, que depuis j’ai peur de le réécouter et d’être déçu. Quelque part, je préfère rester sur cette impression. Je le réécouterai sans doute dans quelques temps, mais si je suis déçu, je risque vraiment de déprimer. Je préfère donc rester sur mon petit nuage actuel.
Propos recueillis par Frankie Clanché le 28 avril 2005 à Lyon
Merci à Anne-Marie Dordor de chez Tôt Ou Tard
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