La mort nous appartient
Le 24 septembre 2013
Pour son premier film, Valeria Golino ose un sujet difficile mais sombre malheureusement dans un sensationnalisme trop appuyé.
- Réalisateur : Valeria Golino
- Acteurs : Jasmine Trinca, Carlo Cecchi, Libero De Rienzo, Vinicio Marchioni, Iaia Forte
- Genre : Drame
- Nationalité : Italien
- Distributeur : Jour2fête
- Durée : 1h36mn
- Date de sortie : 25 septembre 2013
- Festival : Festival de Cannes 2013
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Résumé : Irène vit seule dans une maison au bord de la mer non loin de Rome. Son père et son amant la croient étudiante. En réalité, sous le nom de code MIELE, elle aide clandestinement des personnes en phase terminale à mourir dignement en leur administrant un barbiturique puissant. Un jour elle procure une de ces doses mortelles à un nouveau "client", Monsieur Grimaldi. Elle découvre cependant quʼil est en parfaite santé mais veut mettre fin à ses jours, ayant perdu goût à la vie. Bien décidée à ne pas être responsable de ce suicide, elle va tout faire pour l’en empêcher.
Critique : Quelques produits pharmaceutiques, de l’eau, un verre, des explications. Tels sont les services offerts par Miele, une jeune femme qui propose à ses clients, atteints de maladie incurable, le ticket pour la mort qu’ils recherchent. Cet artisane de la mort n’a qu’un objectif en tête : fournir aux autres ce que sa mère, décédée il y a dix ans, n’a sûrement pas pu avoir : une fin de vie intime, choisie, et digne.
Miele est un film polymorphe, qui n’hésite pas à changer de direction quand on ne s’y attend pas. Avec pragmatisme et émotion, les premiers instants décrivent la préparation et la réalisation d’une mort tarifée : sur fond d’une musique de son choix, la personne est allongée sur son lit, avale les produits fournis par Miele, et attend, deux à trois minutes, pas plus. Miele, qui reste en retrait, essaie en vain de s’effacer : sa présence souligne une forme de procédure qui transforme cette mort en une mécanique terrible où l’intimité n’existe pas. Mais la jeune femme, imperturbable, enchaîne les clients puis les sorties en boîte de nuit, comme si de rien n’était.
Les quarante premières minutes se contentent d’exposer cet état de fait, celui d’une charmante femme qui pratique l’interdit en secret – son petit ami n’est pas au courant. Mais tout bascule lorsqu’elle se rend chez Signor, un homme d’environ soixante-dix ans, qui souhaite aussi profiter de ses services. Sa maladie, à lui, c’est la vie ; et ça, Miele ne le supporte pas : elle refuse d’accepter sa demande et, se prenant de sympathie pour cet homme cocasse, va tout tenter pour lui redonner goût à la vie. Le film change de cap et devient celui de la naissance d’une amitié intergénérationnelle, née dans la douleur.
Pour sa première réalisation, Valeria Golino ose un sujet courageux puisque l’euthanasie est un terrain brûlant, surtout en Italie où la religion occupe toujours une place très importante. Avec intelligence, la réalisatrice ne tranche pas, expose les pour et les contre de cette pratique controversée, laissant le spectateur juger de lui-même – l’euthanasie ne représentant finalement qu’un prétexte pour établir cette rencontre entre deux êtres que tout sépare. Las, Golino tombe néanmoins dans le piège du film tire-larmes en étirant au maximum la capacité dramatique des situations qu’elle filme avec une malveillance trop assumée – la séquence de l’enfant malade est terrible et providentielle. Son attrait pour le drame rend malheureusement Miele nettement trop sensationnel et désamorce complètement les émotions qu’il déverse sans retenue.
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